Notre-Dame de l'Epine, le monument de 1543 ... - PATZINAKIA

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Corneliu Dragomirescu escaliers dans le chœur permettaient aux pèlerins de passer le long de la relique 39 . Même si à L’Épine on ne retrouve ni les dimensions ni la structure générale de ces chambres à reliques, on retient cependant l’idée d’un lieu de conservation et dévotion situé dans le bas-côté nord. Le même principe aurait pu mener à L’Épine à l’aménagement de ce lieu particulier pour l'ostension des reliques à l’intention du cortège des pèlerins. Mais cette hypothèse sera plus longuement débattue dans la partie suivante, dans le contexte des origines du monument. Fig. 4. Vue intérieure de la travée occidentale, par-dessus le mur rajouté ; © cliché de l’auteur. La fonction de tabernacle, affectée à la partie méridionale du monument, serait assez tardive – c’est ce qui a été généralement déduit de la visite épiscopale de 1692 40 . Elle semble être confirmée par les adaptations, plus ou moins adroites et encore visibles, qui ont modifié l’espace intérieur de l’édicule : un mur isole une partie de la travée méridionale du monument, créant ainsi un espace clos ; il correspond à l’ancienne ouverture vers le chœur, aujourd’hui masquée par la plaque grise visible 41 . Mais à l’intérieur 39 Ibid. 40 Renault, La basilique Notre-Dame de l’Épine, op. cit., p. 49. 41 Cet espace ainsi crée a en effet deux étages : une plaque sépare une partie haute (« tabernacle ») et une plus petite, délimitée en bas par la partie haute du grand coffre en pierre. Elle est accessible par le devant, c'est-à-dire par le mur ajouté, à travers une petite ouverture 154

Notre-Dame de l’Epine, le monument de 1543: Usages, transformations, enjeux de la partie tabernacle il n’y a pas de peinture, ni sur les murs ni sur les colonnettes, tandis qu’il y en a sur l’extérieur du mur, vers la fresque 42 . (fig. 4) On remarque aussi que le haut avait été fermé par une plaque horizontale et la pierre a été sectionnée plus récemment. D’autre part, dans la liste des dévastations faites à la Révolution on mentionne « le tabernacle du ci-devant grand autel brisé » 43 . Le conservateur appelé pour évaluer les dégâts, apprécie en revanche que les objets détruits étaient des pièces « du plus mauvais genre » et qu’on avait « rien touché à l’architecture des monuments » 44 ; il s’agissait donc d’une autre construction qui servait de tabernacle à l’époque : le tabernacle du maître-autel. Il faut donc réviser la chronologie acceptée jusqu’ici, et supposer que le tabernacle a été installé dans le monument plus tôt qu’on ne la cru, soit aux environs de 1543, date que l'on peut rapprocher de celle du maître-autel (1542), lequel n'était probablement pas pourvu de tabernacle 45 . Le caractère improvisé de la paroi qui le sépare du reste de l’édicule, ainsi que l’ouverture dans la plaque arrière, ne permettent pas de le situer là dès 1543, comme le laisse entendre Luc-Benoist, en invoquant comme argument le décor de ciboires qui orne cette partie de l’édicule 46 . Mais cette adaptation est survenue peu de temps après la finition du monument, et avant la réalisation de la peinture décorative qui couvre les murs à l’intérieur. Ainsi le tabernacle a bien pu fonctionner dans le monument jusqu’en 1692, date de l’injonction de l’évêque. Un « vrai » tabernacle l’a replacé après, sur l'autel, jusqu’à sa destruction à la Révolution. Après celle-ci, il se pourrait qu'on ait réutilisé le monument comme tabernacle si l'on en croit Povillon-Piérard. D'ailleurs, en ce qui concerne l’obturation de l’ouverture vers le chœur, il est intéressant de remarquer que Guilhermy, qui rédige ses notes vers 1856, décrit encore ici « une petite fenêtre carrée » 47 ; la restauration actuelle est donc postérieure à cette date. En prenant en compte les faits connus et analysés jusqu’ici, on peut dégager trois grandes étapes dans la vie du monument, en tenant compte des transformations successives : rectangulaire. Etait-ce un lieu pour les offrandes et dons, comme un coffre pour les aumônes ? Nous ne pouvons pas être surs ; aujourd’hui encore on trouve à l’intérieur des prières sur papier et des médailles apportées comme don à la Vierge – une possible survivance d’une pratique plus ancienne. 42 Germaine Maillet rapproche cette peinture de celle du XIVe siècle, et y voit un argument en faveur de son hypothèse soutenant un état ancien de l’édicule, provenant de l’ancienne église. Guilhermy au contraire apprécie la peinture des murs comme étant du XVIe siècle. Voir Maillet, « Les Mystères de Notre-Dame de l’Épine », op. cit., p. 20 ; Ravaux, « Visite à Notre-Dame de l’Épine en 1856… », op. cit., p. 15. 43 Henri Stein, « Notre-Dame de l’Épine à l’époque révolutionnaire », Nouvelle Revue de Champagne et de Brie 13, 1935, p. 213. 44 Ibid., p. 218. 45 Jean-Pierre Ravaux, « Recueil de textes... », dans le présent volume, n° 49. 46 Luc-Benoist, Notre-Dame de l'Épine, op. cit., p. 76. 47 Ravaux, « Visite à Notre-Dame de l’Épine en 1856… », op. cit., p. 16. 155

Corneliu Dragomirescu<br />

escaliers dans <strong>le</strong> chœur permettaient aux pè<strong>le</strong>rins <strong>de</strong> passer <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la<br />

relique 39 .<br />

Même si à L’Épine on ne retrouve ni <strong>le</strong>s dimensions ni la structure<br />

généra<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces chambres à reliques, on retient cependant l’idée d’un lieu <strong>de</strong><br />

conservation et dévotion situé dans <strong>le</strong> bas-côté nord. Le même principe<br />

aurait pu mener à L’Épine à l’aménagement <strong>de</strong> ce lieu particulier pour<br />

l'ostension <strong>de</strong>s reliques à l’intention du cortège <strong>de</strong>s pè<strong>le</strong>rins. Mais cette<br />

hypothèse sera plus longuement débattue dans la partie suivante, dans <strong>le</strong><br />

contexte <strong>de</strong>s origines du <strong>monument</strong>.<br />

Fig. 4. Vue intérieure <strong>de</strong> la travée occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong>, par-<strong>de</strong>ssus <strong>le</strong> mur rajouté ;<br />

© cliché <strong>de</strong> l’auteur.<br />

La fonction <strong>de</strong> tabernac<strong>le</strong>, affectée à la partie méridiona<strong>le</strong> du <strong>monument</strong>,<br />

serait assez tardive – c’est ce qui a été généra<strong>le</strong>ment déduit <strong>de</strong> la visite<br />

épiscopa<strong>le</strong> <strong>de</strong> 1692 40 . El<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> être confirmée par <strong>le</strong>s adaptations, plus ou<br />

moins adroites et encore visib<strong>le</strong>s, qui ont modifié l’espace intérieur <strong>de</strong><br />

l’édicu<strong>le</strong> : un mur iso<strong>le</strong> une partie <strong>de</strong> la travée méridiona<strong>le</strong> du <strong>monument</strong>,<br />

créant ainsi un espace clos ; il correspond à l’ancienne ouverture vers <strong>le</strong><br />

chœur, aujourd’hui masquée par la plaque grise visib<strong>le</strong> 41 . Mais à l’intérieur<br />

39 Ibid.<br />

40 Renault, La basilique <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> l’Épine, op. cit., p. 49.<br />

41 Cet espace ainsi crée a en effet <strong>de</strong>ux étages : une plaque sépare une partie haute<br />

(« tabernac<strong>le</strong> ») et une plus petite, délimitée en bas par la partie haute du grand coffre en pierre.<br />

El<strong>le</strong> est accessib<strong>le</strong> par <strong>le</strong> <strong>de</strong>vant, c'est-à-dire par <strong>le</strong> mur ajouté, à travers une petite ouverture<br />

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