Compte rendu de la visite (PDF - 137 ko) - CAUE 78

La rénovation énergétique en projet : la résidence du Parc à Meudon-la-Forêt (92)
CAUE
78
Conseil
d’architecture,
d’urbanisme
et
de
l’environnement
des
Yvelines
56,
avenue
de
Saint‐Cloud
78000
Versailles
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03/2012
Le 31 janvier 2012, le Mardi du CAUE organisé avec le CAUE des Hauts-de-Seine et le concours de
Gilles Fiant, architecte à Meudon, était consacré à la résidence du Parc à Meudon-la-Forêt. Construite
entre 1960 et 1962 par l’architecte Fernand Pouillon, cette œuvre labellisée patrimoine du XXème
siècle depuis 2009, aborde actuellement un nouveau tournant de son histoire, celui de sa rénovation
énergétique, dont l’étude a été confiée au cabinet d’architecture Alluin & Mauduit. Si la visite
permettait à un public d’une cinquantaine de personnes d’apprécier la grande qualité architecturale et
urbaine de cette réalisation âgée d’un demi-siècle, le temps d’échanges en salle allait lui donner
l’occasion de découvrir un défi : celui d’inscrire l’ensemble des travaux à venir dans le prolongement
de cette qualité initiale grâce à l’investissement dans un diagnostic approfondi de la résidence et de
ses 2635 appartements.
Le temps de la visite
Sur le parvis de la médiathèque aménagée par Pierre-Louis Faloci en 2002, dans le cadre
d’une restructuration du centre-ville de Meudon-la-Forêt 1 , Gilles Fiant et Jean-Paul Mauduit retracent
les grandes lignes du projet de Fernand Pouillon. La composition, d’essence classique, de cet
ensemble urbain selon le plan directeur de l’architecte-urbaniste Robert Auzelle, fondée sur le
croisement d’un cardo et d’un décumanus, croisement où sera ultérieurement implantée une église
prévue par Fernand Pouillon. L’opération immobilière a trouvé sa force dans « la mise en place d’un
processus de production d’une efficacité remarquable » par l’architecte, dont la motivation première
était de fournir un logement de qualité à un prix le plus serré possible. 2 Les deux guides reviendront
brièvement sur l’histoire du Comptoir National du Logement qui conduira Fernand Pouillon à
abandonner le chantier pour être incarcéré, puis réhabilité une dizaine d’années plus tard.
La déambulation en pied de bâtiments, permet ensuite de saisir l’organisation des logements
en barres de 11 ou 5 niveaux, organisation ponctuée par l’introduction d’équipements commerciaux
en hameaux glissés sous des toitures à pans, sorte de « faux déjà-là » fournissant une toile de fond à la
modernité des immeubles. En longeant les 300 mètres de la barre la plus longue, Jean-Paul Mauduit
fait profiter l’assistance de sa connaissance détaillée de l’opération, relèvant par exemple l’invisibilité
des joints de dilatation –des joints en baïonnette en réalité- qui concourt à une impression de maîtrise
absolue. Dépourvu de symétrie, le quartier se caractérise aussi par une recherche de diversité des
ambiances. L’organisation, « versaillaise » écrira Pouillon, des espaces extérieurs se traduit pas un
grand mail parcouru par un canal désormais planté, et par un bassin dont la superficie dépasse
volontairement celle du bassin des Tuileries. D’inspiration classique elle aussi, l’architecture des
barres de logements dont les façades sont rythmées par de hautes piles de pierre superpose un
soubassement qui n’est pas destiné à l’habitation, un corps de bâtiment et un étage d’attique.
La découverte de l’intérieur d’un logement, met en avant la rationalité de l’architecture,
même si des innovations techniques comme le chauffage par les planchers sont évoquées. La
rationalité de la typologie dans un premier lieu, basée sur des 3 pièces dont les trois pièces d’eau se
partagent une seule gaine technique. Celle de la trame porteuse de 2,70m entre poteaux, en second
1 Suite à l’établissement d’une étude paysagère commandée par la Ville de Meudon au CAUE des Hauts-de-
Seine, ainsi qu’à un schéma directeur pour l’aménagement de cette centralité : création d’un parvis pour l’église,
principes de réaménagement du stationnement de surface, création d’un stationnement souterrain, orientations
pour les flux piétons, et principes de plantation.
2
 Ce processus donne le titre du premier chapitre du livre de Pierre Gillon, « Fernand Pouillon à Meudon-la-Forêt
(éditions du linteau, 2011) auquel on se réfèrera pour une vision détaillée de l’histoire du projet.

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lieu. Celle du principe constructif enfin, qui délaisse la préfabrication lourde en vogue à l’époque
pour des éléments principalement coulés sur place. Seuls les escaliers et nez-de-planchers sont
préfabriqués. Les piles de pierre porteuses font l’objet d’un développé valorisant la qualité du
matériau, sa maîtrise –déjà prouvée par Pouillon dans de nombreuses réalisations- de la technique
d’extraction à la mise en œuvre au ciment métallique, et les ouvertures généreuses et en double
orientation qu’il autorise sans nécessiter de peinture ou de ravalement.
Un coup d’œil jeté de l’autre côté de l’avenue Charles de Gaulle montre la facture différente
des logements réalisées par les successeurs de Pouillon. Le retour vers la médiathèque est alors
l’occasion d’aborder des questions d’actualité : celle du stationnement désormais insuffisant - la
création de la N118 a entraîné la perte d’un grand nombre d’emplacements -, le poids trop lourd pour
la copropriété de la gestion des espaces extérieurs privés mais d’usage totalement public, et le
désenclavement du quartier, qui reste à l’écart de la ville de Meudon, en attente de l’ouverture de la
ligne de tramway T6 (Chatillon-Viroflay), dont le chantier jouxte la résidence du Parc, annoncée pour
2014.
Le temps des échanges
L’historique du projet de rénovation
André Berland, Président du conseil syndical, évoque l’émergence de la question énergétique au sein
de la copropriété, suivie par celle de la durabilité des travaux de réfection des toitures-terrasse votés en
2005. L’ALE devient partenaire pour la partie énergétique et le CAUE 92, de son côté, propose
l’élargissement des questions strictement techniques à un diagnostic architectural global de l’état et
des qualités de la résidence, qui est alors adopté. Il fait l’objet d’un cahier des charges, pour une
consultation remportée par le cabinet Alluin & Mauduit.
Le diagnostic approfondi au service du projet
La réponse, comme l’explique Philippe Alluin, va aller encore plus loin, juxtaposant à un examen
détaillé de l’état du bâti, une investigation minutieuse sur la façon dont il a été construit (entreprises,
financement de l’opération, etc.), appui sur l’histoire revendiqué dans la production de cette agence
d’architecture. De l’observation du fonctionnement urbain du quartier, aujourd’hui inféodé à la
voiture, les architectes déduisent qu’il serait intéressant de retrouver la place privilégiée donnée au
piéton à l’origine. Et de favoriser au sein de la copropriété la diffusion d’une nouvelle dynamique
urbaine impulsée par le tramway, en sollicitant l’aide de la ville pour accompagner ce projet de
transformation d’ampleur. Philippe Alluin, détaille ensuite l’aspect proprement énergétique de l’étude,
pour lesquels les habitants ont été sollicités par le biais de questionnaires. Pour lui, l’objectif du
conseil syndical de limiter la consommation actuelle de 249 kwh/m2/an (dû pour 64% au chauffage) à
104 kwh/m2/an relève du défi.
Les choix techniques
Philippe Alluin évoque les différentes actions envisagées au niveau des menuiseries, des occultations,
des toitures-terrasses, et des planchers hauts des rez-de-chaussée, et le traitement des ponts thermiques
par des coques en aérogel. Après examen fenêtre par fenêtre, plus de la moitié des menuiseries bois
sont en état d'être conservées, sous réserve du changement de vitrage, d’un renforcement de
l'étanchéité et d’une remise en jeu des quincailleries. Vincent Lelièvre du CAUE 92, pointe pour sa
part l’importance des « détails ». Evoquant la lecture des verticales des façades, essentielle dans cette
architecture, il pointe l’introduction de garde-corps avec des barreaudages plus imposants que ceux
d’origine, initiatives individuelles qui perturbent sensiblement la perception des façades. Philippe
Alluin poursuit en évoquant la nécessité d’étudier précisément l’état des menuiseries en place,
certaines d’entre elles pouvant contribuer à une performance thermique satisfaisante par un simple
changement de vitrage. De la même façon des solutions différenciées sont envisagées pour les toitures,
en fonction des dispositifs techniques qu’elles accueillent et de leur visibilité, favorable dans certain

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cas à la réalisation de toitures végétalisées. Pour l’architecte, critique sur le réel apport d’un label
BBC, l’objectif à viser est le passage des logements en classe C - les kwh suivants étant beaucoup plus
difficiles à économiser -, avec un engagement de la part des maîtres d’œuvre sur des données
mesurables (thermiques, acoustique..) et non sur la consommation, trop dépendante du comportement
des usagers.
En réponse aux questions de la salle, Philippe Alluin précise pourquoi la géothermie et le
photovoltaïque n’ont pas été retenus pour le moment. Et fournit ses éléments de réflexion concernant
l’isolation des pignons. Sont abordés ensuite la question du phasage des travaux qui pourraient être
menés en 6 chantiers évoluant en parallèle, et celle des avancées de la législation visant à favoriser le
remplacement des fenêtres 3 , sur laquelle les architectes veulent miser. Ceux-ci souhaitent que leurs
choix techniques n’obèrent pas les potentiels du bâti qui doit pourvoir s’adapter à de nouveaux
changements par la suite, comme l’installation d’une pompe à chaleur par exemple.
La constitution d’une mémoire
Michel Néry, Directeur du PACT 78 soulève le fait qu’avec un temps de retour de 12 ans - inférieur à
la durée de beaucoup d’emprunts de particuliers - cette valorisation du patrimoine bénéficiera d’une
étude utilisable pour les campagnes de travaux qui suivront. Le diagnostic global et le recollement de
tous les plans numérisés représentent un « capital que s’est acheté la copropriété et une mémoire
qu’elle s’est constitué».
Le partage du projet
La mobilisation des copropriétaires et la progression de ce projet ambitieux seront au cœur des
derniers échanges. Au niveau décisionnel, si le diagnostic global a été validé en 2010, le plan de
rénovation présenté en 2011 n’a pas pu être adopté en assemblée générale, faute de quorum. André
Berland revient sur la difficulté de motiver la totalité des 2300 copropriétaires de ce grand ensemble,
dont beaucoup se sentent forcés d’adhérer au projet. Le travail de communication et de mobilisation,
auquel il est toujours difficile d’accorder un budget en raison de sa méconnaissance, se révèle pourtant
essentiel pour faire progresser un projet qui pose dans ses priorités de ne laisser personne de côté.
L’aspect financier
Complexes et en pleine évolution 4 , les aides financières d’amélioration énergétique font elles aussi
l’objet de question. A la résidence du Parc, le PACT92, missionné par la copropriété pour permettre
aux copropriétaires d’estimer les aides dont ils pourraient bénéficier, a reçu plus de 400 personnes en
entretien individuel. Dans les Yvelines, certaines communautés d’agglomération réfléchissent à des
aides ciblées sur les copropriétés, et ne devraient pas manquer, comme le précise Elisabeth Rojat-
Lefebvre, d’être suivies par d’autres.
En conclusion
Elisabeth Rojat-lefebvre rappelle le travail effectué par plusieurs CAUE d’Ile-de-France pour tisser les
aspects tant architecturaux, techniques et économiques que sociaux du défi énergétique posé aux
copropriétés, des actions souvent menées en partenariat avec les Agences locales de l’Energie.
3 Annoncé pour 2012, un décret de la loi Grenelle 2, couramment baptisé « décret fenêtres », doit permettre
d’imposer à chaque copropriétaires le remplacement des menuiseries, parties privatives des logements, en raison
de l’intérêt général qu’elles représentent au plan de la consommation énergétique d’un immeuble.
4
 Voir notamment le rapport « Prévenir et guérir les difficultés des copropriétés » présenté par Dominique
Braye, Président de l’Agence nationale de l’habitat en janvier 2012 sur le site de l’Anah : www.anah.fr