REB -_1976_num_34_1_2056.pdf - Bibliotheca Pretiosa
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328 NICOLE THIERRY<br />
phorion, moins étroit déjà, prend cet aspect de V rigide et rectiligne avec<br />
pan terminal médian se détachant de la pointe du V13 (fig. 7 b). Cependant,<br />
cette forme primitive fut reprise de façon adultérée ultérieurement ; ainsi dès<br />
la fin du Xe siècle, lorsqu'on prit l'habitude de représenter des séries d'évê-<br />
ques le long du registre inférieur des sanctuaires, on essaya de varier quelque<br />
peu les omophorions, dans leur ornementation surtout, mais également dans<br />
leur disposition, et l'on reprit cet enroulement transversal, le pan terminal<br />
étant rejeté à gauche. Ces pastiches ne peuvent être confondus avec les<br />
prototypes, car les étoles sont larges et disposées horizontalement sur les<br />
épaules, très près du cou qu'elles enserrent comme les rabats d'un capuchon<br />
(fig. 3). Notre exemple est un des plus anciens, peint dans l'abside du grand<br />
pigeonnier de Çavusin, en Cappadoce (964-965), église que nous appelons<br />
aujourd'hui Eglise de Nicéphore Phocas en raison de la représentation de<br />
l'empereur et de sa famille dans Pabsidiole nord14.<br />
En Cappadoce, nous avons pu identifier quatre représentations d'évêques<br />
portant l'omophorion primitif tel que nous l'avons décrit plus haut. En<br />
premier lieu, dans le presbyterium de la basilique Saint- Jean-Baptiste de<br />
Çavusjn15, on reconnaît deux silhouettes à demi détruites à droite de la<br />
porte sud : le buste d'un diacre vêtu de la tunique blanche sur laquelle<br />
pend l'orarion et le buste de l'évêque Hypate (schéma A). L'évêque, que<br />
nous avons découvert en 1970, était mieux conservé qu'aujourd'hui, ses<br />
traits de type protobyzantin ayant été en partie effacés depuis (fig. 4). On<br />
distingue cependant fort bien la chasuble ocre rouge traversée à hauteur<br />
des épaules par la courbe large de l'omophorion dont le pan terminal tombe<br />
sur le côté ; on note que Pétole est étroite, blanche et sans ornement.<br />
Dans un vallon voisin dit Güllü dere (vallon rose), deux églises mal dé<br />
crites par le Père de Jerphanion recèlent des images du même ordre16.<br />
13. Voir note 1. Ces caractères survivent dans les Psautiers du ixe siècle, quelque peu<br />
différents d'une miniature à l'autre et se rapprochant plutôt de la représentation de<br />
l'église iconoclaste Hagios Basilios (notre fig. Ία) ; cf. Suzy Dufrenne, U illustration des<br />
Psautiers grecs du Moyen Age, I, Paris 1966, Pantocrator 61, pi. 2 (ces formes archaïsantes<br />
se distinguent aisément des pastiches, fréquents à partir de la seconde moitié du xe siècle :<br />
notre figure 3, et précocement utilisés à Sainte-Marie- Antiqua en 757-767 pour des évêques<br />
orientaux : op. cit., n. 8, pi. 43, 45).<br />
14. G. de Jerphanion, Les Eglises Rupestres de Cappadoce, Paris 1925-1942, I,<br />
p. 520-550. Compléments à paraître dans Nicole Thierry, Haut-Moyen-Age en<br />
Cappadoce. Les Eglises de la région de Çavusin.<br />
15. G. de Jerphanion, op. cit., I, p. 511-519 ; description totalement reprise dans le<br />
chapitre IV de Haut-Moyen-Age en Cappadoce, op. cit. (résumé dans Nicole Thierry,<br />
La basilique Saint -Jean-Baptiste de Çavusin, Bulletin de la Société Nationale des Anti<br />
quaires de France, 1972, p. 198-213).<br />
16. G. de Jerphanion, op. cit., I, p. 590-595. Les cinq églises de ce vallon seront<br />
présentées dans les chapitres V à IX de Haut-Moyen-Age en Cappadoce.