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lanriec.<strong>com</strong><br />

Février<br />

Le journal de la rive gauche de Concarneau<br />

D’hier à aujourd’hui, Histoire, souvenirs, images…<br />

édito<br />

o<br />

<strong>Numéro</strong>2 février 2011<br />

C’est avec un réel plaisir que nous éditons <strong>le</strong> 2 ème numéro du nouveau journal de la rive gauche. Le 1 er numéro, paru en octobre 2010<br />

à l’occasion du salon « Art et passions de <strong>Lanriec</strong> », a rencontré un réel succès.<br />

Le nombre d’abonnés a dépassé nos prévisions et nous en profitons pour remercier ici tous <strong>le</strong>s Lanriécois, Concarnois et même des<br />

Parisiens et autres Savoyards qui nous soutiennent.<br />

Encore des nouveautés cette année, toujours organisées par <strong>le</strong> <strong>com</strong>ité des fêtes de <strong>Lanriec</strong> :<br />

Le 12 juin : un rallye automobi<strong>le</strong> vous fera découvrir, de manière ludique, <strong>le</strong>s richesses de notre patrimoine.<br />

En juil<strong>le</strong>t : <strong>le</strong>s promenades pédestres lanriécoises. Le long de sentiers, sur des sites choisis, vous pourrez rêver en écoutant quelques<br />

contes ou la mélodie d’un violon, d’une harpe ...<br />

Dès aujourd’hui retenez éga<strong>le</strong>ment votre dimanche 11 septembre (date traditionnel<strong>le</strong> du pardon de <strong>Lanriec</strong>) pour la seconde édition<br />

du salon « Art et passions de <strong>Lanriec</strong> » qui se dérou<strong>le</strong>ra sur <strong>le</strong> site de la ferme du Treff. Le thème portera sur « La terre et l’eau » en<br />

partenariat avec l’Espace des Sciences de Rennes. De nombreuses expositions seront proposées.<br />

Ce nouveau numéro donne une large place à la ferme du Moros, avec <strong>le</strong>s battages et fêtes du cidre à travers <strong>le</strong> sièc<strong>le</strong> dernier. Vous<br />

pourrez éga<strong>le</strong>ment y découvrir l’histoire de la maison hantée de Beg A Lano, du port de Kersaux et de la petite plage de Porz Gwir.<br />

Enfin, pour terminer sur un air printanier, un joli clin d’œil coloré qui devrait ravir <strong>le</strong>s ornithologues et tous <strong>le</strong>s amoureux de la nature.<br />

Les rédacteurs sont actuel<strong>le</strong>ment à la recherche de documents, photos, histoires ou anecdotes, notamment à propos des moulins,<br />

autre sujet passionnant concernant la rive gauche.<br />

Nous vous souhaitons une bonne <strong>le</strong>cture !<br />

Michel Talandier – <strong>com</strong>ité des fêtes de <strong>Lanriec</strong><br />

LE PETIT MOROS : UN MANOIR DEVENU LIEU DE CULTURE<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2011 - page 1


Le manoir nob<strong>le</strong> du « Petit Moros »<br />

UN VIEUX DOMAINE AU BORD DU MOROS<br />

En 1651, <strong>le</strong> Lieutenant Général de la marine de Louis<br />

XIV, Abraham Du Quesne, achète la seigneurie du Grand<br />

Moros à son ami Augustin de Beaulieu, lui aussi officier<br />

dans la marine du roi. Outre <strong>le</strong> manoir, <strong>le</strong> vaste domaine<br />

<strong>com</strong>prend alors deux métairies et de nombreuses parcel<strong>le</strong>s<br />

cultivées et boisées dans la presqu’î<strong>le</strong> s’avançant entre la<br />

rivière du Fromveur (<strong>le</strong> Moros) et la profonde anse de<br />

Roudouic. Pourtant, un autre manoir nob<strong>le</strong>, implanté plus au<br />

sud, y possède aussi de riches terres. Pour <strong>le</strong> distinguer du<br />

précédent, notaires et col<strong>le</strong>cteurs d’impôts <strong>le</strong> dénomment,<br />

dans <strong>le</strong>urs actes, <strong>le</strong> manoir du Petit Moros.<br />

C’est alors la propriété de Pierre Bourges, un riche<br />

notab<strong>le</strong> concarnois. Plus modeste que <strong>le</strong> Grand Moros, ce<br />

domaine <strong>com</strong>prend cependant deux solides longères à deux<br />

étages d’une dizaine de mètres de long, sur six de large,<br />

couvertes d’ardoises, avec appentis à toit de chaume servant<br />

d’écurie et four dans la cour, auxquels il faut ajouter deux<br />

petits penn-tiez proches de la maison principa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> jardin,<br />

<strong>le</strong>s vergers, champs et bois descendant jusqu’à la rivière ; En<br />

1668, nob<strong>le</strong> homme François Bourges, sieur de Keryonay en<br />

hérite et en confie l’exploitation à Guillaume Le Mezec et<br />

Jean Seil.<br />

Dix ans plus tard, Du Quesne, qui convoitait ces terres<br />

voisines, entre en pourpar<strong>le</strong>rs avec Bourges. Deux experts<br />

se rendent sur place pour en estimer la va<strong>le</strong>ur. Cette visite<br />

révè<strong>le</strong> un entretien bien défectueux : <strong>le</strong>s fenêtres joignent<br />

mal, planchers, cloisons, escaliers et poutres « ne va<strong>le</strong>nt<br />

qu’à faire feu », nombre d’ardoises manquent et <strong>le</strong> chaume<br />

de l’écurie est à refaire. Pour 4500 livres, <strong>le</strong> marquis-marin<br />

conclut l’affaire. Il possède ainsi la presqu’î<strong>le</strong> entière.<br />

LA RÉVOLUTION PASSE PAR LÀ<br />

Au décès du Grand Du Quesne, toutes ses propriétés<br />

lanriécoises seront gérées par ses quatre fils, jusqu’en 1 728.<br />

Le nouvel acquéreur est aussi un officier de marine, Antoine<br />

Périer de Salvert qui terminera sa carrière <strong>com</strong>me chef<br />

d’escadre. Il en fera l’une de ses résidences. Le Petit Moros<br />

garde sa disposition généra<strong>le</strong>, même si <strong>le</strong>s toitures d’ardoises<br />

ont été remplacées par du chaume.<br />

En 1770, la maison nob<strong>le</strong> du Petit Moros est vendue par<br />

Périer de Salvert à Jean-Baptiste Frollo, capitaine des gardecôtes<br />

et presseur-négociant de Concarneau. Moyennant<br />

paiement par <strong>le</strong> fermier de la rente foncière… et d’un millier<br />

de noix chaque année, ce dernier est autorisé à créer de<br />

nouvel<strong>le</strong>s fenêtres et appentis pour améliorer la propriété.<br />

La Révolution va bou<strong>le</strong>verser l’ordre établi : bien que<br />

né et marié à Concarneau, <strong>le</strong> fils Périer, marin lui aussi, ne<br />

fréquente guère son manoir du Moros. Cela n’empêchera<br />

pas <strong>le</strong>s Citoyens de <strong>le</strong> signa<strong>le</strong>r <strong>com</strong>me « un homme riche, sa<br />

seu<strong>le</strong> terre de Moros valant 4 000 à 5 000 livres de rente »,<br />

sans <strong>com</strong>pter ses bénéfices sur <strong>le</strong>s blés, seig<strong>le</strong>s, bois et fruits<br />

que lui rapportent ses fiefs. Comb<strong>le</strong> de malchance, au mois<br />

de ventôse an II, un vio<strong>le</strong>nt incendie, visib<strong>le</strong> jusqu’à<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 2<br />

Combrit, ravage « tout <strong>le</strong> village du Petit Moros », malgré<br />

l’intervention de 24 militaires de Concarneau. L’événement<br />

a-t-il un rapport avec l’activité clandestine du fils Frollo que<br />

l’on soupçonne de faire partie des Chouans ? Les parages du<br />

Moros sont désormais étroitement surveillés.<br />

En l’an IV, <strong>le</strong> manoir et <strong>le</strong>s métairies du Grand Moros sont<br />

séquestrés et vendus <strong>com</strong>me Biens nationaux. Elie Lubin<br />

Frollo, lui, qui demeure au Petit Moros, n’est pas inquiété.<br />

Il continue à louer « à mi-fruit » ses terres à Corentin<br />

Picol<strong>le</strong>c. Ainsi, la moitié des récoltes lui reviennent. Lorsque<br />

<strong>le</strong> cidre est pressé, il choisit la moitié des barriques qu’on<br />

devra rou<strong>le</strong>r jusqu’à sa porte. De même, son locataire doit<br />

couper, chaque année, 800 fagots de bois de chauffage dont<br />

400 iront à Frollo. Celui-ci est soucieux de la qualité de ses<br />

terres aussi <strong>le</strong> fermier doit-il ajouter au fumier habituel 40<br />

charretées de goémon. L’amélioration des rendements est<br />

à l’ordre du jour.<br />

Le Petit Moros, en 1847 : on y distingue <strong>le</strong> grand corps de<br />

ferme et ses bâtiments d’exploitation ainsi que trois « pentiez<br />

« voisins qui appartenaient à de petits domaniers. (Atlas<br />

cadastral de <strong>Lanriec</strong>, arch. munic.)<br />

LA FERME MODÈLE DU PETIT MOROS<br />

Le XIXe sièc<strong>le</strong> va être, pour ce quartier de <strong>Lanriec</strong>, <strong>le</strong><br />

début d’une ère nouvel<strong>le</strong>. À partir de 1853, un pont enjambe<br />

<strong>le</strong> Moros à son embouchure. Bientôt, une sardinerie s’instal<strong>le</strong><br />

non loin de là, en bordure de la vasière. Une route nouvel<strong>le</strong><br />

est ouverte, reliant Concarneau à Banna<strong>le</strong>c. C’en est fini<br />

de l’iso<strong>le</strong>ment des Moros, désormais à deux pas de la vil<strong>le</strong>.<br />

Mais, du coup, la ferme du Roudouic se trouve séparée de la<br />

presqu’î<strong>le</strong>. L’anse el<strong>le</strong>-même est <strong>com</strong>blée, modifiant encore<br />

<strong>le</strong> paysage.<br />

En 1827, <strong>le</strong> Petit Moros a été racheté par <strong>le</strong> sousintendant<br />

militaire de Lorient, <strong>le</strong> baron de Penguilly-L’Haridon<br />

pour 26 000 F. Il restera dans la même famil<strong>le</strong> jusqu’aux<br />

années 1 860. Peu avant la guerre de 1870, <strong>le</strong> Grand et<br />

<strong>le</strong> Petit Moros deviennent la propriété des « seigneurs »<br />

de Kério<strong>le</strong>t, <strong>le</strong> <strong>com</strong>te et la <strong>com</strong>tesse de Chauveau. Ceux-<br />

ci confient aussitôt la rénovation des deux manoirs à<br />

l’architecte Bigot à qui ils doivent déjà l’excentrique château<br />

de Beuzec. Au Petit Moros, il va raser entièrement <strong>le</strong>s vieil<strong>le</strong>s<br />

bâtisses, ne conservant, pour <strong>le</strong>s réutiliser, que <strong>le</strong>s pierres de<br />

tail<strong>le</strong>. Ce ne sont plus des appentis exigus aux portes basses<br />

mais des granges, des étab<strong>le</strong>s, des hangars aux dimensions<br />

inhabituel<strong>le</strong>s, dotés de grandes ouvertures et de gerbières<br />

qu’il prévoit. Avec ses cinq mansardes alignées, ses chaînages<br />

et encadrements soignés, la maison principa<strong>le</strong> gardera<br />

l’élégance des maisons de maître. Détail significatif, Bigot<br />

a même réservé l’emplacement d’un blason au-dessus de<br />

l’entrée. Disposés en U autour d’une vaste cour, l’ensemb<strong>le</strong><br />

des bâtiments ressemb<strong>le</strong>ra davantage à une riche ferme<br />

normande qu’aux fermes traditionnel<strong>le</strong>s du pays mais Bigot<br />

l’a voulu pratique avant tout.<br />

Heureuse coïncidence, un jeune professeur d’irrigation<br />

de l’éco<strong>le</strong> d’agriculture du Lézardeau, près de Quimperlé,<br />

prend contact avec <strong>le</strong>s Chauveau. Il s’appel<strong>le</strong> Pierre Caill et<br />

rêve de mettre en pratique son expérience et ses idées sur<br />

la mise en va<strong>le</strong>ur des terres et notamment sur l’é<strong>le</strong>vage. Il<br />

n’a pas 30 ans mais son dynamisme et ses projets ont vite<br />

convaincu <strong>le</strong>s châtelains. En 1875, ils lui confient l’exploitation<br />

du Petit Moros ainsi que <strong>le</strong>s parcel<strong>le</strong>s du Grand Moros : près<br />

de 50 hectares qui vont devenir un véritab<strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de<br />

gestion rationnel<strong>le</strong>.<br />

UNE ÉNERGIE RÉCOMPENSÉE<br />

Sur ses conseils pratiques, des améliorations sont<br />

apportées au projet Bigot : une fosse à fumier, un bassin<br />

destiné à recueillir <strong>le</strong>s eaux pluvia<strong>le</strong>s des bâtiments sont<br />

créés dans la cour, des conduites d’irrigation sont mises en<br />

place. Un troupeau d’une cinquantaine de bêtes - du jamais<br />

vu dans la région - attire <strong>le</strong>s regards des autres fermiers. En<br />

plus de son cheptel de Pie-Noires et d’Armoricaines, Caill<br />

expérimente d’ail<strong>le</strong>urs des croisements avec d’autres races.<br />

Sans oublier ces élégants chevaux de sel<strong>le</strong> qu’il sé<strong>le</strong>ctionne<br />

et qui remportent de nombreux prix. Irriguées, engraissées,<br />

ses parcel<strong>le</strong>s de plantes fourragères sont une curiosité que<br />

l’on vient, en famil<strong>le</strong>, admirer <strong>le</strong> dimanche.<br />

Pour autant, <strong>le</strong> fermier modè<strong>le</strong> sait rester modeste.<br />

Coiffé de son chapeau à guides, il livre lui-même, chaque<br />

soir, lait et beurre à ses clients attitrés. Aidé de toute sa<br />

famil<strong>le</strong> et de 5 <strong>com</strong>mis, il est devenu la référence en matière<br />

de modernisme. Son travail acharné lui vaudra bien de<br />

ré<strong>com</strong>penses <strong>com</strong>me cette médail<strong>le</strong> d’or au concours<br />

régional de 1 893. Jusqu’à un âge avancé, Caill continuera<br />

à innover. Il décèdera en 1916 dans l’élégante demeure<br />

baptisée « Ker-Moros » qui servait autrefois de décor à la<br />

statue de Duquesne, au bas de l’actuel<strong>le</strong> rue de Kerose.<br />

Longtemps, l’expression « al<strong>le</strong>r à l’éco<strong>le</strong> chez Caill »<br />

restera <strong>com</strong>me un amusant hommage à cet agriculteur de<br />

génie. El<strong>le</strong> signifiait, en effet, faire l’éco<strong>le</strong> buissonnière ! A la<br />

question « Où étiez-vous ? » d’une personne trop curieuse,<br />

il était courant aussi de répondre, pour couper court : « A<br />

tail<strong>le</strong>r chez Caill, dans un champ de trèf<strong>le</strong> ! »<br />

En 1893, <strong>le</strong> domaine des Moros devient propriété du<br />

<strong>com</strong>mandant Hugot-Dervil<strong>le</strong>, châtelain du Passage. Au<br />

départ du fils Caill, en 1923, il fera venir au Petit Moros,<br />

devenu la Ferme du Moros, son locataire du manoir du Bois,<br />

Jean Rivier. C’est là que ce dernier étrennera son premier<br />

tracteur « Agro ». Son fils Jos, puis son gendre Elie Carnot<br />

seront <strong>le</strong>s derniers exploitants de ce lieu de mémoire.<br />

En 1975, Mademoisel<strong>le</strong> Dervil<strong>le</strong> vend <strong>le</strong>s bâtiments à la<br />

Chambre de Commerce… Une nouvel<strong>le</strong> page se tourne<br />

au Moros.<br />

Michel GUEGUEN<br />

Restauré au XX è sièc<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Grand Moros a perdu ses métairies et<br />

sa haute tour mais garde encore <strong>le</strong> cachet d’une bel<strong>le</strong> résidence au<br />

cœur de la campagne.<br />

Commandée par <strong>le</strong> Comte de Chauveau et mise en place en 1892,<br />

cette statue fut réalisée par <strong>le</strong> sculpteur Hernot. Hommage au grand<br />

Duquesne mais, surtout, élément de décor pour l’entrée du Domaine<br />

des Moros avec, en toi<strong>le</strong> de fond, une élégante maison de garde. La<br />

statue fut transférée au Passage en 1964, la maison démolie en<br />

1967<br />

La plus grande ferme de <strong>Lanriec</strong><br />

Selon Pierre Guengard, « La ferme du Petit Moros, la plus<br />

grande ferme de <strong>Lanriec</strong>, (environ 45 hectares) avec Kerancordenner,<br />

est la meil<strong>le</strong>ure avec une terre plate et riche tout<br />

près de la vil<strong>le</strong>. Elie Carnot était très diplomate : son blé, son<br />

beurre, ses pommes de terre ses œufs, étaient vendus directement<br />

tous <strong>le</strong>s jours. Il était locataire et a très bien vécu de<br />

sa ferme ». Elie Carnot a tenu la ferme pendant 40 ans,<br />

jusqu’aux années quatre-vingt-dix. Son beau-frère, Jos Rivier,<br />

était son premier <strong>com</strong>mis. À la mort d’Elie, il a vécu dans la<br />

maison fermière.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011 - page 3


L’urbanisation de la rive gauche a presque avalé <strong>le</strong>s bâtiments de la ferme<br />

Le battage d’Elie Carnot<br />

à la ferme du Moros<br />

en 1929<br />

En partant de la droite, Marie Tanguy, épouse<br />

Rivier, <strong>le</strong> cheval farceur, à la tête, Albert Rivier<br />

10 ans, derrière près du tracteur, Alphonse<br />

Le Mao, François Le Bris de Kerouel, Trégunc,<br />

coupeur de ficel<strong>le</strong>, Yvon Le Bris, à côté, Emi<strong>le</strong><br />

Tanguy, Kerouel, au sac de grain Jo Rivier<br />

13 ans, derrière la batteuse, tête d’Yvonne<br />

Rivier (Mme Carnot) 17 ans, en chapeau, <strong>le</strong><br />

patron de la ferme Corentin Rivier, décédé en<br />

44, Emi<strong>le</strong> Rivier, Yves Breton de <strong>Lanriec</strong>, à la<br />

Fourche, François Rivier « Fanch Roudouic »<br />

Francine Brunou de Tregunc Jean Morvezen<br />

de Toulmeng<strong>le</strong>uz dit Jean Chip (16 personnes)<br />

Face à la grange attribuée au <strong>com</strong>ité de la fête de la moisson, l’étab<strong>le</strong><br />

et l’écurie réalisées par l’architecte Bigot selon <strong>le</strong>s conceptions de<br />

Pierre Caill, vont devenir un haut lieu à caractère culturel.<br />

La pétanque concarnoise quitte à regret <strong>le</strong>s quatre terrains qu’el<strong>le</strong><br />

avait aménagés dans l’étab<strong>le</strong> depuis 1990. Un espace idéal diffici<strong>le</strong><br />

à retrouver.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 4<br />

A gauche, L’accès à la ferme du<br />

Moros à l’époque du vieux pont,<br />

vers <strong>le</strong>s années cinquante. Il est<br />

détruit et au mois de mars 1966<br />

afin d’agrandir <strong>le</strong> port et permettre<br />

la construction de nouveaux quais.<br />

À partir de cette date, <strong>le</strong> contournement<br />

du port par la rue de<br />

Penzance, <strong>le</strong> viaduc enjambant <strong>le</strong><br />

Moros et la nouvel<strong>le</strong> route de Trégunc-Concarneau<br />

s’impose. Une<br />

<strong>com</strong>modité disparaît pour <strong>le</strong>s gens<br />

du Passage.<br />

photo Ouest-France<br />

L’étab<strong>le</strong> rénovée<br />

Le temps n’a pas arrangé <strong>le</strong>s corps de bâtiments, ci-contre la façade de<br />

l’étab<strong>le</strong> et, à droite, l’écurie. El<strong>le</strong> conserve encore ses stal<strong>le</strong>s et sa mezzanine<br />

dévolue au <strong>com</strong>mis pour surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s juments poulinières. La vaste<br />

étab<strong>le</strong> (vue d’une moitié sur la photo) recevait un cheptel d’une cinquantaine<br />

de vaches. Les pétanqueurs y avaient aménagé quatre pistes, avec un<br />

bar attenant dans l’ancienne porcherie, c’était cocagne. Mais, cette fois, il a<br />

fallu déménager ail<strong>le</strong>urs car la restructuration du gros œuvre est en cours<br />

et devrait être achevée fin juin 2011.<br />

Le projet de rénovation de la municipalité d’André Fidelin, conduit par<br />

l’adjoint à la culture François Nydell est conçu par <strong>le</strong> cabinet Le Berre<br />

et exécuté par l’entreprise SEBACO Il s’agit dans un premier temps, de<br />

restaurer et réaliser un établissement à caractère culturel. Une étude<br />

de faisabilité pour y aménager l’éco<strong>le</strong> de musique est en cours. Les travaux<br />

consistent à assurer la mise hors d’eau, nouvel<strong>le</strong> charpente, mise<br />

à deux niveaux, escalier extérieur, ascenseur… Bref tout y est repensé<br />

pour mettre ce lieu au service de la culture bretonne bien sûr mais aussi<br />

pour d’autres loisirs « Concarneau ne dispose pas de sal<strong>le</strong> de danse, la<br />

grande sal<strong>le</strong> du rez-de-chaussée d’un seul tenant parquetée, devrait faire <strong>le</strong><br />

bonheur des danseurs de tout poil, à l’étage, des bureaux seront mis à disposition,<br />

explique François Nydell. La destination précise sera prise en <strong>com</strong>pte<br />

au budget de 2 012 ». « Une deuxième enveloppe de crédit (288 000 €<br />

TTC) est prévue au BP 2 011 pour l’aménagement intérieur ». Sillage info<br />

décembre 2010.<br />

Fédération TUD BRO CONQ au Moros<br />

(contacts)<br />

«Gueno<strong>le</strong> CALVO » < gueno<strong>le</strong>.calvo@wanadoo.fr> - SKOL DIWAN<br />

« Jos GOAPPER » - MOUEZH BRO KONK<br />

« Stéphane FEDIEU » - LE PHARE KONK KERNE<br />

« Stéphanie SEHEDIC » -CERCLE CEL-<br />

TIQUE AR ROUEDOU GLAS<br />

« Yann PELLIET » - BAGAD KONK KERNE<br />

La fête de la moisson : de Beuzec à <strong>Lanriec</strong><br />

Des dates<br />

1 975 Mademoisel<strong>le</strong> Hugot-Dervil<strong>le</strong> vend la ferme et ses bâtiments<br />

à la Chambre de Commerce du Finistère.<br />

Les terrains agrico<strong>le</strong>s sont déclassés. Joseph Rivier, célibataire,,<br />

beau-frère d’Elie Carnot, habite la maison tout en é<strong>le</strong>vant quelques<br />

pou<strong>le</strong>s. Grâce à cette présence, <strong>le</strong>s différents corps des bâtiments<br />

sont protégés. La CCI permet à quelques groupes de musiciens<br />

de répéter dans une partie de la grange.<br />

La fête de la moisson à Beuzec<br />

1 976 Louis Pierre Le Maître, bien entouré par des agriculteurs<br />

de Beuzec présente une exposition au CAC à l’occasion de la<br />

parution de son dernier ouvrage « Les sillons de Beuzec ».<br />

1 978 A son initiative, La batteuse Vendeuvre, acquise à Garrec<br />

de Kervez Pell en Melgven, est à l’origine de la première fête de<br />

la moisson à la ferme du Nézard en Beuzec.101 personnes répondent<br />

présent dès cette première année. Le succès inattendu<br />

est au rendez-vous, il surprend et encourage <strong>le</strong>s organisateurs.<br />

1 980 Naissance de l’Association pour promouvoir la<br />

création d’un musée de la machine et des traditions<br />

agrico<strong>le</strong>s. Rapidement quelque soixante-dix machines<br />

sont rassemblées, L’amorce d’une col<strong>le</strong>ction <strong>com</strong>prenant faucheuses<br />

diverses, jave<strong>le</strong>uses, botte<strong>le</strong>uses, etc. est mise en dépôt<br />

dans différents hangars des fermes de Stang Martin, La Boissière…<br />

Les présidences successives de « la fête de la moisson de<br />

Beuzec Conq » sont assurées par Christophe Le Naour puis<br />

Albert Le Dez : « Nous avons réuni jusqu’à 5 000 personnes ! »<br />

déclare fièrement Christophe Le Naour. En effet, en plus du fauchage<br />

et du battage du blé, d’autres activités se sont développées<br />

ainsi, <strong>le</strong> cerclage de roues, <strong>le</strong>s promenades en char à banc pour <strong>le</strong>s<br />

enfants…, On dit même que l’idée de la « fête des Vieil<strong>le</strong>s<br />

charrues » à Carhaix serait née dans la tête de Christian<br />

Troadec à l’époque où il était correspondant du Télégramme à<br />

Concarneau .<br />

La jave<strong>le</strong>use ci-dessus, ainsi qu’un rou<strong>le</strong>au en pierre et un canadien en bois<br />

(discraper), rapportée de Plouigneau par <strong>le</strong>s paysans de Beuzec animeront<br />

<strong>le</strong>s premières fêtes de la moisson. (Col<strong>le</strong>ction Christophe Le Naour)<br />

La ferme du Moros n’étant plus exploitée, ses bâtiments semb<strong>le</strong>nt<br />

correspondre à l’espace idéal pour un Musée agrico<strong>le</strong>, Il deviendrait<br />

<strong>le</strong> pendant du Musée de la pêche, tous deux témoins des<br />

principa<strong>le</strong>s activités de la <strong>com</strong>mune. Des premiers contacts sont<br />

pris auprès du maire Jo Argouac’h et du maire adjoint de Beuzec<br />

Yvon Queroué. Ce transfert éventuel au Moros reçoit un accueil<br />

favorab<strong>le</strong>.<br />

1 989 L’espoir s’envo<strong>le</strong> ; en effet, <strong>le</strong> groupe Lec<strong>le</strong>rc projette d’y<br />

instal<strong>le</strong>r une centra<strong>le</strong> d’achat de poisson, un hôtel y est même<br />

envisagé. La CCI projette de vendre la maison principa<strong>le</strong> et donc<br />

sa démolition pour en faire <strong>le</strong> club-house du golf de Clohars-<br />

Fouesnant.<br />

1 990 Classement des bâtiments du corps de ferme par la ZPPAU,<br />

zone de protection du patrimoine urbain et paysager. Sous l’égide<br />

de Gilbert Le Bris, <strong>le</strong> maire depuis 1983, la vil<strong>le</strong> devient propriétaire<br />

des différents corps des bâtiments établis sur un hectare de<br />

terre contre la promesse d’une aide financière de la vil<strong>le</strong> à la CCI<br />

pour <strong>le</strong> développement du port.<br />

dans cet espace exigu réduit à la grange et à l’écurie, Le musée<br />

de l’agriculture n’ayant plus d’avenir, financement et animation trop<br />

lourds, Louis Pierre Le Maître et tout <strong>le</strong> conseil d’administration de<br />

la fête de la moisson de Beuzec démissionne. L’’ensemb<strong>le</strong> de la col<strong>le</strong>ction<br />

est offerte à la vil<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> trouve place dans la grange,<br />

l’écurie, et la laiterie.<br />

La fête de la moisson au Moros<br />

1 992 Sous la présidence des <strong>Lanriec</strong>ois Louis Glémarec jusqu’en<br />

2005 puis de cel<strong>le</strong> de Pierre Guengard « La fête de la moisson<br />

de Concarneau » redémarre au Moros, certes, sans avoir<br />

l’envergure de cel<strong>le</strong> qui avait lieu précédemment à Beuzec, faute<br />

de place et de personnel. A cette fête s’ajoute la fête du cidre. Ces<br />

deux animations prennent <strong>le</strong> relais de la fête de Beuzec : moisson<br />

en août, fête du cidre en novembre. Convivia<strong>le</strong>s, rura<strong>le</strong>s et traditionnel<strong>le</strong>s,<br />

cinquante à soixante bénévo<strong>le</strong>s y participent.<br />

2 002 Dix ans plus tard, pour un investissement de 2,2 millions<br />

de francs, la maison d’habitation est tota<strong>le</strong>ment restructurée afin<br />

d’accueillir l’essentiel de la culture bretonne à Concarneau : <strong>le</strong><br />

cerc<strong>le</strong> celtique, <strong>le</strong> bagad, <strong>le</strong>s cours de breton. La pièce principa<strong>le</strong><br />

avec parquet été insonorisée, quatre bureaux sont disponib<strong>le</strong>s.<br />

2 011 La grange est rénovée. La Ferme du Moros aura mis 20 ans<br />

pour devenir un nouveau centre culturel à Concarneau.<br />

De gauche à droite, Louis Pierre Le Maître en 1990 à la ferme du Moros en<br />

<strong>com</strong>pagnie de Jean Le Brigand, Pierre Bourhis, René Pérès, Jos Rivier, Jean Derrien<br />

et Albert Le Dez. Reproduction formel<strong>le</strong>ment interdite - vil<strong>le</strong> de Concarneau<br />

archives municipa<strong>le</strong>s - fonds Louis Pierre Le Maître.<br />

Le musée de l’agriculture de Louis Pierre Le Maître<br />

On peut dire que <strong>le</strong> Musée de l’agriculture était devenu son affaire. IL fut<br />

la chevil<strong>le</strong> ouvrière des fêtes de la Moisson à Beuzec, avec pour ambition,<br />

<strong>com</strong>me <strong>le</strong> soulignent <strong>le</strong>s statuts de l’association « <strong>le</strong> <strong>com</strong>ité des fêtes<br />

de la moisson de Beuzec-Conq », de promouvoir la création d’un<br />

musée de la machine et des traditions agrico<strong>le</strong>s. Dès <strong>le</strong> départ, <strong>le</strong> 18 octobre<br />

1976, lors de la présentation des « Sillons de Beuzec », pas moins<br />

de cent famil<strong>le</strong>s de Beuzec avaient répondu à son appel pour l’exposition<br />

au CAC, par des prêts de costumes, de coiffes, de rouets et autres instruments<br />

de la vie paysanne à Beuzec. De 1978 à 1990, Louis Pierre, disparu<br />

prématurément à l’âge de 61 ans <strong>le</strong> 4 février 2009, n’aura pas ménagé sa<br />

peine. Ses archives, mises à disposition du public aux archives municipa<strong>le</strong>s,<br />

sont riches de documents, courriers divers, artic<strong>le</strong>s de presse, et nombreuses<br />

photographies. Hélas, son projet ne se réalisera pas, d’où sa démission en<br />

1990. Les fêtes d’aujourd’hui à la ferme du Moros restent cependant marquées<br />

de son sceau.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 5


Une journée de battage dans <strong>le</strong>s années cinquante<br />

Pierre Guengard, Louis Glémarec et Daniel Le Maout, tous trois membres actifs du <strong>com</strong>ité organisateur de la fête de la moisson, anciens<br />

paysans de <strong>Lanriec</strong>, se souviennent. Ils racontent avec un brin d’émotion <strong>le</strong>s grands moments d’une journée de battage lorsqu’e<strong>le</strong>s<br />

paysans se réunissaient à deux ou trois fermes pour l’événement sans doute <strong>le</strong> plus important de l’année.<br />

A <strong>Lanriec</strong> on parlait et par<strong>le</strong> encore breton. Les expressions de cette journée reviennent tout naturel<strong>le</strong>ment dans la conversation, j’ai<br />

souhaité <strong>le</strong>s retenir. Le Treff d’en Haut de la ferme de Victor Guengard et cel<strong>le</strong> de Goyat, du Treff d’en Bas, la ferme de Kergoulou<br />

de Louis Glémarec et cel<strong>le</strong> de Kerichard de Jos Corré, cel<strong>le</strong> de Jos Maout de Kerambrigant et de Louis Derout de Kerdevot, cel<strong>le</strong> d’’<br />

Elie Carnot de la ferme du Moros et de François Rivier du Roudouic, entre autres, s’unissaient pour se donner la main. Pas moins de<br />

13 personnes au minimum étaient indispensab<strong>le</strong>s pour tenir <strong>le</strong>s différents postes <strong>le</strong> jour du battage. A la ferme du Porzou de Louis<br />

Dervenn, jumelée ce jour-là avec la ferme du Manoir du Bois, outre son frère de Kerangoc en Melgven, des aides particulières venaient<br />

prêter main-forte. En effet, el<strong>le</strong>s avaient dû faire appel, contre une journée de travail au service de Louis, <strong>le</strong> fermier et de son cheval<br />

Marmousse, pour tirer <strong>le</strong> corbillard. Pas de problème de personnel, donc pour <strong>le</strong> grand jour, autour de la batteuse vendeuvre prêtée<br />

par Elie Carnot de la ferme du Moros. « Et même, ajoute Anne Derven, certains proposaient <strong>le</strong>ur service pour profiter du kouant Freilh,<br />

repas de fête marquant la fin du battage. On y faisait bombance à force de rasades de lambic et de verres de vin servis exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />

ce jour-là. quelques hommes achevaient <strong>le</strong>ur nuit dans <strong>le</strong> tas de pail<strong>le</strong> tout frais, « meo dal ». Mais, ajoute Anne Derven pour <strong>le</strong>s excuser,,<br />

c’était après la guerre, tout était prétexte à faire la fête. »<br />

Chacun à son poste<br />

Le jour du battage « deiz an dornadeg » la batteuse<br />

et <strong>le</strong> moteur à essence ou é<strong>le</strong>ctrique sont en place sur l’aire<br />

à battre. Il n’y a pas encore de tracteur, deux personnes<br />

sont allées avec la charrette et <strong>le</strong>s chevaux chercher <strong>le</strong>s<br />

gerbes sèches au champ « mont g<strong>le</strong>ska da gerc’h<br />

an ed da parkeier ». El<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s ont placées en quatre<br />

couches de gerbes, <strong>le</strong>s épis à l’intérieur « daou zen da<br />

laked ne ba c’har o fennou an diabarz ». Sur<br />

l’aire « war <strong>le</strong>ur » la batteuse ronf<strong>le</strong> entraînée par un<br />

moteur é<strong>le</strong>ctrique ou à essence. « Au Treff on avait du courant<br />

depuis 1934 et <strong>le</strong>s transformateurs de distributions dans<br />

<strong>le</strong>s différents quartiers fournissaient la va<strong>le</strong>ur de 22 chevaux,<br />

nos moteurs en nécessitaient 10. Nous devions obtenir un<br />

ordre de la mairie pour utiliser <strong>le</strong> courant tour à tour pendant<br />

la guerre » précise Pierre Guengard. Sur l’aire, pas moins de<br />

dix personnes sont à l’œuvre, pour porter <strong>le</strong>s gerbes sur<br />

la tab<strong>le</strong> de la batteuse « laked duilhou war an daol<br />

deus an dornerez », couper <strong>le</strong>s ficel<strong>le</strong>s de la lieuse<br />

« troc’her liammou », engrener <strong>le</strong>s gerbes défaites<br />

« ‘r voueter mekanik ». A l’autre bout, deux femmes<br />

préparent <strong>le</strong>s tas de pail<strong>le</strong> afin qu’ils soient portés sur la<br />

meu<strong>le</strong> « diou blac’h evit ober steudi plouz ».<br />

Deux hommes s’en chargent avec <strong>le</strong>urs longues fourches<br />

à deux doigts « daou zen da zoug plouz da bern<br />

gan eur forc’h daou viz »<br />

Pierre Guengard, Daniel Le Maout et Louis Glémarec évoquent <strong>le</strong>s<br />

battages d’antan<br />

Sur la meu<strong>le</strong>, un spécialiste range la pail<strong>le</strong> méthodiquement,<br />

« aose gou<strong>le</strong>g oa eur vicher », rô<strong>le</strong> important pour<br />

cet homme, il a pour tâche de bien arrondir <strong>le</strong> sommet<br />

afin que <strong>le</strong>s eaux de pluie ne pourrissent pas cette pail<strong>le</strong><br />

indispensab<strong>le</strong> en hiver. L’homme qui porte <strong>le</strong>s sacs de grains<br />

de 50 kg et plus au grenier « dougerien zir greun da<br />

solier » n’a pas la place la plus faci<strong>le</strong> !<br />

« Arrêt toutes <strong>le</strong>s deux charretées, on boit un coup de cidre<br />

et changement pour <strong>le</strong>s postes <strong>le</strong>s plus diffici<strong>le</strong>s » « eur<br />

pos vè graet pep daou garrad ‘vit kas banac’h<br />

c’histr d’an traon »<br />

Le battage s’effectue en 1 à 3 jours selon l’importance des<br />

col<strong>le</strong>ction privée<br />

La « Vendeuvre » acquise à Thel<strong>le</strong>c de Melgven est toujours en service.<br />

fermes. Les jours suivants, on éta<strong>le</strong> la bal<strong>le</strong> de blé sur <strong>le</strong>s<br />

prairies humides, tandis que la bal<strong>le</strong> d’avoine, mise à l’abri,<br />

repassée au tarare pour l’affiner, servira à faire <strong>le</strong>s couettes,<br />

en particulier pour <strong>le</strong>s berceaux d’enfants. À chaque sai-<br />

son de pêche Les marins-pêcheurs renouvel<strong>le</strong>nt<br />

<strong>le</strong>ur literie avec cette précieuse bal<strong>le</strong> d’avoine.<br />

An Ed. Différentes céréa<strong>le</strong>s « an ed », sont<br />

battues, au mois d’août: <strong>le</strong> blé, « gwiniz »,<br />

l’avoine,, « kerc’h », (un délice : <strong>le</strong> « youd<br />

kerc’h » dans un bol de lait ribot ou avec<br />

un bon morceau de beurre fondant en son cœur !), l’orge,<br />

« hei » (pendant la guerre il remplaçait de l’introuvab<strong>le</strong><br />

café), <strong>le</strong> seig<strong>le</strong>, « ségal », « bara segal gan tamm kig<br />

sal » (et un couteau pour manger avec !). Le blé noir ou sarrasin,<br />

« gwiniz du », se battait en septembre.<br />

Les différentes céréa<strong>le</strong>s, montées en sac au grenier, sont étalées<br />

pour <strong>le</strong> séchage afin d’éviter <strong>le</strong>s charençons. et autres<br />

parasites. Les souris y trouvent <strong>le</strong>ur <strong>com</strong>pte !<br />

Quelques sacs de ce blé panifiab<strong>le</strong> sont conservés pour <strong>le</strong>s<br />

besoins de la ferme, <strong>le</strong> reste étant vendu rue de la gare, chez<br />

René Kerlan, Jeannes ou à la coopérative de Landerneau,<br />

prêt à l’embarquement, vers <strong>le</strong>s meuneries.<br />

Koant Freilh<br />

La journée épuisante terminée : après l’effort <strong>le</strong> réconfort.<br />

Voici <strong>le</strong> moment où, tous réunis après s’être lavé <strong>le</strong>s mains<br />

dans l’auge, après avoir bu un coup de gno<strong>le</strong> « chasse poussière<br />

», l’assemblée se retrouve autour de la grande tab<strong>le</strong>. La<br />

fermière n’a pas perdu son temps et a mis <strong>le</strong>s petits plats<br />

dans <strong>le</strong>s grands pour ce moment de fraternité. « Confiance<br />

et entraide caractérisaient à cette époque <strong>le</strong> milieu paysan.<br />

Le repas était copieux la coche de la ferme fournissait l’essentiel<br />

de la charcuterie, pou<strong>le</strong>s et coqs pour la soupe et <strong>le</strong> plat<br />

d’honneur, vin à volonté… Une vraie fête. Cela pouvait durer<br />

très tard », rappel<strong>le</strong> Pierre Guengard.<br />

Mécanisation<br />

Et puis est apparue la mécanisation. La vie rura<strong>le</strong> en subit <strong>le</strong>s<br />

conséquences. Les tracteurs remplacent <strong>le</strong>s chevaux. Vers<br />

56-57 la première moissonneuse-batteuse, cel<strong>le</strong> Pierrot Brigant<br />

à Penhars, est encore traînée par <strong>le</strong> tracteur, d’autres<br />

suivront rapidement. Bientôt, <strong>le</strong>s KLASS automotrices de<br />

plus en plus larges font <strong>le</strong>ur apparition. Les botte<strong>le</strong>uses<br />

achèvent cette révolution. Rapidement, dans <strong>le</strong>s champs,<br />

Les gerbes sont remplacées par <strong>le</strong>s « round ball ». et autres<br />

« big bal<strong>le</strong>r ». Plus de travail pour <strong>le</strong>s ouvriers agrico<strong>le</strong>s.<br />

Heureusement <strong>le</strong>s conserveries concarnoises embauchent,<br />

<strong>le</strong>s salaires y sont nettement supérieurs. Une page est tour-<br />

née,. Les paysans agriculteurs, ont été vaincus<br />

par <strong>le</strong>s entrepreneurs. « Aujourd’hui un paysan<br />

qui prend un entrepreneur ne récupère que la<br />

pail<strong>le</strong> en rou<strong>le</strong>au à engranger dans son hangar.<br />

Il ne voit plus un grain de blé, tout part au silo<br />

à tel point, raconte Pierre Guengard, qu’il y a<br />

vingt ans, mon neveu allait jouer au tennis au Porzou pendant<br />

sa propre moisson ! ».<br />

« De notre temps, explique Lili G<strong>le</strong>marec, Lili Kergoulou pour<br />

<strong>le</strong>s intimes, après <strong>le</strong> labourage, la herse, <strong>le</strong> rou<strong>le</strong>au, <strong>le</strong> semoir,<br />

puis, encore, <strong>le</strong> rou<strong>le</strong>au, on réalisait un hectare en deux jours à<br />

condition qu’il ne p<strong>le</strong>uve pas, aujourd’hui c’est 10 hectares par<br />

jour, avec <strong>le</strong>s engins super-puissants et cela va encore évoluer.<br />

Les paysans de <strong>Lanriec</strong> d’après guerre, c’est terminé depuis<br />

longtemps ».<br />

Grâce à <strong>le</strong>ur engagement de paysans retraités bénévo<strong>le</strong>s, la<br />

tradition n’a pas dit son dernier mot à la ferme du Moros,<br />

d’autant que des jeunes rejoignent l’équipe.<br />

Précision : <strong>le</strong> koant freilh est <strong>le</strong> repas du fléau, méthode quasi<br />

inutilisée après la guerre 39-45.<br />

Que la moisson « mod koz » se perpétue à la ferme du<br />

Moros, <strong>le</strong> succès sera toujours au rendez-vous.<br />

Un koant freilh<br />

bien mérité<br />

Après une<br />

journée épuisante<br />

Reportage Yvon Le Floc’h<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2011- page 6 lanriec.<strong>com</strong> février 2011- page 7


La pomme et <strong>le</strong> cidre dans tous <strong>le</strong>urs états<br />

La fête du cidre au Moros a lieu en septembre. L’événement réunit amateurs, habitués et curieux. Lili Glémarec, expert es’cidre, se dépense sans<br />

<strong>com</strong>pter pour tout expliquer de A à Z : <strong>le</strong> sucre, l’acide malique, <strong>le</strong>s tanins, <strong>le</strong>s pectines, <strong>le</strong>s enzymes, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>vures et j’en passe. D’ail<strong>le</strong>urs il suffit de<br />

lire <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au. Avant d’en arriver là, en amont de la fête du cidre, il aura fallu ramasser, laver, presser… et <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s habitués sont toujours au<br />

rendez-vous, <strong>com</strong>me ici à Kerguerezit en Melgven. Après la fête il faudra attendre <strong>le</strong> bon jour, la lune montante, la température… pour transvaser<br />

<strong>le</strong>s barriques autrement gare à la piquette ! Le cidre fit <strong>le</strong>s beaux jours des paysans dans une région qui va de Plomelin à Quimperlé avant que <strong>le</strong> vin<br />

ne <strong>le</strong> détrône définitivement dans <strong>le</strong>s bistrots, cafés si nombreux au Passage et à <strong>Lanriec</strong>., « Le cidre coulait à flot, j’ai vu livrer jusqu’à deux barriques<br />

par jour dans certains cafés-restaurants » précise Pierre Guengard.<br />

Un savant mélange de variétés<br />

L’art de la fabrication du cidre s’est transmis entre <strong>le</strong>s générations.<br />

Si la méthode du pressoir est <strong>com</strong>mune, <strong>le</strong> bon cidre s’obtient par<br />

un mélange judicieux de pommes douces, amères, aigres « chaque<br />

cidrier à son petit secret, explique Lili, ajoutant aussitôt, c’est un<br />

petit peu au pif ! » ici, la « kermerrien » sera mélangée à la<br />

« be<strong>le</strong>ien », ramassée près de la gendarmerie.<br />

«1070, c’est du très bon, à 1 022 la bouteil<strong>le</strong> pète ! »<br />

De la pomme au moût pour arriver au cidre après fermentation, la<br />

pesée est essentiel<strong>le</strong>. Le densitométrie indique la teneur en sucre<br />

résiduel par litre, ce qui lui donne <strong>le</strong> degré d’alcool, 1 070 indiquent<br />

un cidre riche en alcool. « Mais attention : <strong>le</strong> temps c’est de l’argent,<br />

il faut que <strong>le</strong> cidre se repose et que <strong>le</strong> vent soit au nord ou<br />

à l’est au moment de la mise en bouteil<strong>le</strong> ». précise Lili Glémarec<br />

Lili Glémarec, l’expert, est intarissab<strong>le</strong>. Le cidre c’est son affaire.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 8<br />

On a bien fait <strong>le</strong>s choses : pour qui se donne la peine de <strong>le</strong>s<br />

lire, <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux apportent toutes <strong>le</strong>s informations.<br />

La fabrication du cidre<br />

1 LE RAMASSAGE : à la main<br />

2 LE LAVAGE : élimine <strong>le</strong>s salissures<br />

3 LE STOCKAGE : maturation dans un abri aéré<br />

4 LE BROYAGE : fruits bien mûrs, pulpe<br />

5 LE CUVAGE : stockage de la pulpe ; peu utilisé<br />

6 LE PRESSAGE : marc, lit de pail<strong>le</strong> 10 à 12 cm, moût, jus<br />

7 LA DÉFÉCATION : chapeau brun - lies, clarification<br />

8 LE SOUTIRAGE : 1er au bout de 8 à 15 jours<br />

9 LA FERMENTATION : transformation du sucre en alcool<br />

10 LE SOUTIRAGE : 2e , temps clair et sec<br />

11 LA MISE EN BOUTEILLE : temps clair<br />

12 LA CONSERVATION : bouteil<strong>le</strong>s champenoises debout,<br />

cave fraîche, ventilée.<br />

Variétés principa<strong>le</strong>s de pommes<br />

Douce Moen<br />

kermerrien<br />

Marie ménard<br />

Douce cœtligne<br />

guil<strong>le</strong>vic<br />

c’hrev ruz<br />

c’herv gwenn ar bred<br />

c’herv brav<br />

c’herv rous<br />

rouz koumoul<br />

dous chodeg<br />

dous bloc’hic<br />

sac’h biniou<br />

Prat yod<br />

bouden blad<br />

gwennis du<br />

Gommer koz<br />

Penn ognon<br />

Médail<strong>le</strong> d’or<br />

Doux eveque<br />

Marin onfroy<br />

stang dillat<br />

stang ruz<br />

treujenn hir<br />

avai n’ankou<br />

be<strong>le</strong>ien<br />

jaketig<br />

Aval bouteil<strong>le</strong><br />

kerc’h bien<br />

rostrador<br />

Douce rousse bienn<br />

Douce rousse bras<br />

douceglaz bienn<br />

frequin<br />

lost came<br />

kerc’h ru<br />

Douce bihan ka<strong>le</strong>t<br />

ti ponch<br />

aufrich soaz<br />

Douce louet<br />

Trois catégories<br />

Douces et surtout doucesamères<br />

constituent la base<br />

du mélange riche en sucre<br />

et assurent la bonne teneur<br />

en alcool et conservation.<br />

Amères : facilitent la formation<br />

du chapeau brun et<br />

donnent du corps au cidre<br />

Aigres : donne au cidre<br />

la fraîcheur améliorent la<br />

saveur, favorisent la clarification.<br />

Eux aussi, mais,<br />

quel<strong>le</strong> variété ?<br />

Dans <strong>le</strong> cardi press du Moros sont rassemblés<br />

<strong>le</strong> pressoir, <strong>le</strong>s barriques, la broyeuse<br />

entraînée par <strong>le</strong> moteur Céres.<br />

<strong>le</strong> « maout » et <strong>le</strong> « maout bin » du pressoir<br />

extraient <strong>le</strong> jus de la pulpe déposée entre<br />

<strong>le</strong>s couches de pail<strong>le</strong>.<br />

Crêpes et marrons grillés<br />

Au Moros, <strong>le</strong>s biligs reprennent du service ;<br />

crêpiers et crêpières, <strong>Lanriec</strong> et Beuzec<br />

réunis, ne chôment pas, chacun et chacune<br />

à son poste <strong>com</strong>me tous <strong>le</strong>s ans. Ac<strong>com</strong>pagné<br />

d’un bon verre de cidre, fabrication<br />

maison, <strong>le</strong>s visiteurs apprécient ce moment<br />

de petit bonheur. On ne quitte pas la ferme<br />

du Moros sans son pochon de châtaignes<br />

grillées ou de nèf<strong>le</strong>s bien mûres.<br />

La bel<strong>le</strong> du Moros<br />

Avec la destruction des pommiers pour<br />

faire place aux machines, <strong>le</strong> paysage bocager<br />

à tota<strong>le</strong>ment changé. Avant la destruction<br />

du dernier verger, derrière la ferme<br />

du Moros, Louis Glémarec a récupéré une<br />

greffe. El<strong>le</strong> donnera bientôt naissance à<br />

une nouvel<strong>le</strong> variété, une de plus. Lili Glémarec<br />

l’a baptisée, « la bel<strong>le</strong> du Moros ».<br />

Les peintres aussi<br />

Suivant <strong>le</strong>s époques et <strong>le</strong>s sty<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s<br />

peintres concarnois ont exprimé à <strong>le</strong>ur<br />

manière l’importance de la pomme dans<br />

la vie de tous <strong>le</strong>s jours. Ainsi, Théophi<strong>le</strong><br />

Deyrol<strong>le</strong> avec « la cueil<strong>le</strong>tte des<br />

pommes » en 1911 et « Amateurs de cidre<br />

breton » en 1917, on en éditait même des<br />

cartes posta<strong>le</strong>s. Milner-Kite, peintre<br />

anglais, présente « Au pays des<br />

pommes » en 1 897 au Salon National<br />

des Beaux-Arts<br />

Avec son écriture si particulière, Jean<br />

Le Merdy a sublimé <strong>le</strong>s coins <strong>le</strong>s plus<br />

anodins, ainsi : « Le pressoir au Voulgoat<br />

» de 1976, <strong>le</strong>ur conférant ainsi un<br />

statut d’œuvre d’art.<br />

conservatoire de la pomme<br />

L’usine d’incinération Valcor souhaitait<br />

valoriser une zone verte sur son terrain.<br />

Bonne idée, un verger conservatoire<br />

vient d’être planté sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du<br />

directeur. Les 87 plants porte-greffe sur<br />

hautes tiges plantées en 2010 sur un hectare<br />

seront greffés avec des variétés de<br />

pommes à couteau allant de Penmarc’h à<br />

Guilligomarch, <strong>le</strong>s six <strong>com</strong>munautés de<br />

<strong>com</strong>munes gérées par Valcor. L’association<br />

« ARBOROPOM » d’Arzano a déjà<br />

repéré quarante variétés de greffons. Le<br />

nouveau verger est promis à de futures<br />

cueil<strong>le</strong>ttes animées et non incinérées !<br />

Théophi<strong>le</strong> Deyrol<strong>le</strong>, éloge du cidre<br />

Jean Le Merdy, col<strong>le</strong>ction particulière<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 9


LA MAISON HANTÉE DE BEG A LANO<br />

UNE INQUIÉTANTE MAISON<br />

Avant que <strong>le</strong>s quais ne s’étendent jusqu’à la rivière du Moros,<br />

l’ancien pont marquait la frontière entre Concarneau et <strong>Lanriec</strong>.<br />

Frontière sans barrière que franchissaient chaque jour ouvrières<br />

d’usines et matelots. Ces derniers, une fois la chaloupe mouillée<br />

dans l’avant-port, <strong>le</strong> poisson livré à l’usine, bateau et fi<strong>le</strong>ts à nouveau<br />

prêts pour la pêche du <strong>le</strong>ndemain, se retrouvaient devant un<br />

dernier verre. Parfois la nuit tombait lorsque <strong>le</strong>s gars du Passage ou<br />

du Pontic s’en retournaient chez eux. Si <strong>le</strong> bac était en réparation<br />

ou avait fini son service, il <strong>le</strong>ur fallait faire <strong>le</strong> grand tour par <strong>le</strong> pont.<br />

Pas de quoi décourager un marin : au moins, cela <strong>le</strong>s changeait de<br />

l’espace trop réduit et instab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>quel ils travaillaient tout au<br />

long du jour.<br />

Avant <strong>le</strong> pont, faisant face au café de Char<strong>le</strong>s Diot, se dressait<br />

une haute maison bourgeoise qui aurait été mieux à sa place en<br />

vil<strong>le</strong> plutôt qu’à cette pointe de Beg-a-Lano, à l’embouchure de la<br />

rivière. Les murs de son jardin plongeaient dans <strong>le</strong> courant. Deux<br />

ou trois bateaux, désarmés depuis longtemps, s’y amarraient,<br />

ajoutant encore à son aspect morbide. Sans vouloir l’avouer,<br />

au moment de passer devant cette maison aux vo<strong>le</strong>ts toujours<br />

fermés, plus d’un mousse serrait <strong>le</strong>s poings dans ses poches et<br />

pressait <strong>le</strong> pas en faisant claquer ses sabots pour conjurer <strong>le</strong> sort,<br />

au cas où… Car personne n’était vraiment rassuré aux abords de<br />

la MAISON HANTÉE !<br />

L’AVENTURE DE JO LE MEUR<br />

L’histoire avait <strong>com</strong>mencé au début des années cinquante. Après<br />

une marée au thon, tenant d’une main sa mal<strong>le</strong>tte d’osier, de l’autre<br />

une bel<strong>le</strong> bonite en guise de godail<strong>le</strong>, Jo Le Meur faisait route<br />

vers son penty de Toulmeng<strong>le</strong>uz. De tournée en tournée, il n’avait<br />

quitté ceux de l’équipage que très tard. Un vio<strong>le</strong>nt vent de suroît<br />

s’était <strong>le</strong>vé. La p<strong>le</strong>ine lune, heureusement, éclairait suffisamment la<br />

chaussée et, à cette heure, il n’y avait pas à craindre <strong>le</strong>s voitures.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 10<br />

Quelques dizaines de mètres et il serait en territoire lanriécois. Il<br />

venait de longer la sombre silhouette de LA maison et s’engageait<br />

déjà sur <strong>le</strong> pont quand il s’arrêta brusquement : n’avait-il pas<br />

entendu <strong>com</strong>me des plaintes mêlées aux siff<strong>le</strong>ments du vent ?<br />

Quelqu’un serait-il tombé à l’eau ? Revenant sur ses pas, il avait à<br />

nouveau perçu un long gémissement. Ce n’était pas de l’eau mais<br />

d’un soupirail à la vitre brisée, au bas de la façade de LA maison,<br />

que venaient ces appels inquiétants. La lune se cachant derrière<br />

<strong>le</strong>s nuages, impossib<strong>le</strong> de distinguer quoi que ce soit à l’intérieur<br />

de cette cave. Que pouvait-il faire, seul dans cette obscurité ?<br />

Pris de panique, il se mit à courir, franchissant <strong>le</strong> pont en trombe<br />

malgré <strong>le</strong>s rafa<strong>le</strong>s. Ce n’est qu’une fois enfermé chez lui qu’il se<br />

sentit en sécurité. Et tant pis pour cette bel<strong>le</strong> bonite laissée sur<br />

place dans son affo<strong>le</strong>ment !<br />

LE GARDE-CHAMPÊTRE MÈNE L’ENQUÊTE<br />

Après une courte nuit peuplée de revenants et de scènes<br />

d’horreur, il avait décidé de se confier à Fanch Coz, son voisin,<br />

qui exerçait l’honorab<strong>le</strong> fonction de garde-champêtre de <strong>Lanriec</strong>.<br />

Fanch avait pris la chose très au sérieux. Une enquête autrement<br />

digne de lui que la chasse aux braconniers ! Et puis Jean n’était pas<br />

du genre à affabu<strong>le</strong>r.<br />

Sans en avoir l’air, <strong>le</strong> digne fonctionnaire avait aussitôt <strong>com</strong>mencé<br />

ses investigations, interrogeant friteuses, marins, charpentiers dont<br />

<strong>le</strong> trajet quotidien <strong>le</strong>s amenait à passer par <strong>le</strong> pont du Moros.<br />

Le port en 1950 ; au premier plan, l'ancien pont sur <strong>le</strong> Moros, à droite, la " Maison hantée" et <strong>le</strong> café Diot<br />

Aucun indice n’en était ressorti, si ce n’est deux témoignages<br />

concordants assurant que <strong>le</strong> matin, au <strong>le</strong>ver du jour, juste devant <strong>le</strong><br />

soupirail mystérieux, une bande de chiens errants se disputait, des<br />

lambeaux de chair sanguino<strong>le</strong>nte ! Un fil ténu mais qui présageait,<br />

hélas, une suite horrib<strong>le</strong> au récit de Jean. Le devoir <strong>le</strong> poussant, il<br />

irait lui-même sur <strong>le</strong>s lieux <strong>le</strong> soir même.<br />

On était en période de grande marée. Le vent avait forci.<br />

Une hou<strong>le</strong> inhabituel<strong>le</strong> s’ajoutait au courant s’engouffrant sous <strong>le</strong>s<br />

arches du pont. La p<strong>le</strong>ine lune courait après de lourds nuages,<br />

n’éclairant que par interval<strong>le</strong>s la route déserte. Fanch s’accroupit<br />

au pignon du café, face à la maison suspecte. À part <strong>le</strong>s modulations<br />

bien reconnaissab<strong>le</strong>s des rafa<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s fils téléphoniques, rien<br />

d’anormal. Rien, sinon cependant des coups sourds provenant de<br />

la direction du soupirail, <strong>com</strong>me si quelqu’un frappait, à l’aide d’une<br />

masse, <strong>le</strong>s fondations du bâtiment. Et, tout à coup, un mélange<br />

de grincements de porte, de tintements lointains de cloche,<br />

de chaînes raclant <strong>le</strong>s pierres puis de faib<strong>le</strong>s plaintes, <strong>com</strong>me<br />

des spasmes douloureux. Jean avait dit vrai ! Médusé, <strong>le</strong> gardechampêtre<br />

ne parvenait pas à trouver une explication rationnel<strong>le</strong><br />

à ce phénomène. Il lui fallait agir, mais <strong>com</strong>ment ? Appe<strong>le</strong>r à l’aide ?<br />

Aucune lumière ne filtrait des vo<strong>le</strong>ts clos. L’estaminet aussi était<br />

fermé. Il essayait d’oublier la sueur qui lui dégoulinait entre <strong>le</strong>s<br />

omoplates.<br />

D’un bond, il traversa la route, s’approcha en biais, par<br />

prudence, de l’ouverture sombre. Les bruits se faisaient plus nets,<br />

faisant vibrer <strong>le</strong> mur contre <strong>le</strong>quel il s’appuyait. Il se pencha, juste<br />

assez pour tenter de sonder l’intérieur. En p<strong>le</strong>in visage, il reçut<br />

une bouffée d’air pesti<strong>le</strong>ntiel. Ce qu’il entrevit en un éclair, <strong>le</strong> fit<br />

tressaillir. Il prit ses jambes à son cou : cette fois, il en était sûr, la<br />

maison était hantée !<br />

À CHACUN SON FANTÔME<br />

Il n’avait pas fallu longtemps pour que tout <strong>le</strong> village de<br />

Toulmeng<strong>le</strong>uz, <strong>le</strong>s cafés du Passage, de Douric et de Concarneau<br />

répandent l’incroyab<strong>le</strong> certitude : la maison du pont était hantée !<br />

Impossib<strong>le</strong> de douter car Le Coz lui-même un homme assermenté<br />

<strong>le</strong> répétait à qui voulait l’entendre. Ces bruits impressionnants, il<br />

ne <strong>le</strong>s avait pas inventés, ni surtout… ce spectac<strong>le</strong> hallucinant de<br />

dizaines de feux fol<strong>le</strong>ts s’agitant au-dessus du sol de la cave !<br />

Mélangeant faits avérés et hypothèses, chacun y allait de sa<br />

version. Construit au milieu du XIXe sièc<strong>le</strong> par l’ingénieur à qui<br />

l’on devait <strong>le</strong> pont, <strong>le</strong> bâtiment, inoccupé depuis longtemps, avait<br />

été affecté au service des Ponts-et-Chaussées. Un usage bien<br />

pacifique qui n’avait rien à voir avec l’Au-delà. C’est d’ail<strong>le</strong>urs<br />

ce qui expliquait que <strong>le</strong>s vo<strong>le</strong>ts en soient clos dès la fermeture<br />

des bureaux. Les lieux n’étaient pas,<br />

pour autant, vides car <strong>le</strong> premier étage<br />

était occupé par l’officier de port, <strong>le</strong>s<br />

mansardes par un cantonnier. Des gens<br />

discrets et qui ne devaient pas passer<br />

<strong>le</strong>urs soirées à faire tourner <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>s.<br />

Mais ne disait-on pas qu’au sièc<strong>le</strong><br />

passé, dans la villa du Petit Moros située,<br />

sur la rive de <strong>Lanriec</strong>, une famil<strong>le</strong> entière<br />

avait été empoisonnée ? N’était-ce pas <strong>le</strong><br />

coupab<strong>le</strong> qui revenait périodiquement<br />

près du lieu de son forfait ? D’autres se<br />

souvenaient que pendant la guerre de<br />

14-18, la maison du pont avait abrité<br />

un hôpital temporaire. N’aurait-on pas<br />

enterré alors, sous l’immeub<strong>le</strong>, quelque<br />

malade contagieux ? Les enfants, eux,<br />

observaient d’un air soupçonneux cet<br />

officier à casquette galonnée – sûrement<br />

un général de la Marine - qu’ils voyaient<br />

parfois entrer d’un pas pressé dans la<br />

maison. Et si c’était lui qui gardait des<br />

prisonniers enchaînés dans ce sous-sol<br />

dont il devait être <strong>le</strong> seul à détenir la c<strong>le</strong>f ?<br />

Pendant des mois, l’affaire tint en ha<strong>le</strong>ine<br />

bien des famil<strong>le</strong>s. Le passeur du bac, pour<br />

sa part, se réjouissait d’une conséquence<br />

inattendue : ses premiers clients du matin et <strong>le</strong>s derniers du soir<br />

étaient nettement plus nombreux. Ils évitaient désormais de<br />

prendre la route du pont ! Les mères de garnements avaient aussi<br />

découvert une arme dissuasive contre <strong>le</strong>s désobéissants : « Si tu<br />

ne m’écoutes pas, je te laisse devant la maison hantée ! » La menace<br />

était d’une efficacité redoutab<strong>le</strong>.<br />

LES REVENANTS S’EN VONT<br />

Et puis, une nuit, la vérité éclata… au grand jour : il n’y avait jamais<br />

eu ni esprit frappeur, ni feux fol<strong>le</strong>ts, ni âme en peine traînant ses<br />

chaînes en gémissant. L. officier de port, lui-même, était blanchi de<br />

tout soupçon de séquestration. Alors qu’ils passaient aux abords<br />

du pont, lors d’une ronde nocturne, deux douaniers avaient bien<br />

perçu, eux aussi, des bruits bizarres sortant de cette caverne<br />

aux revenants mais, en bons militaires, ils ne s’étaient pas laissé<br />

impressionner. Allumant <strong>le</strong>urs lampes-torches, ils avaient scruté<br />

<strong>le</strong>s profondeurs de l’antre. Ils n’avaient vu que de vieil<strong>le</strong>s chaînes<br />

accrochées à la paroi et que la marée montante, s’infiltrant sous la<br />

maison, agitait en <strong>le</strong>s faisant tinter. Les coups frappés provenaient<br />

d’une chaloupe que la hou<strong>le</strong> heurtait contre <strong>le</strong> mur. Quant aux<br />

gémissements, ce n’étaient que ceux des coques disjointes se<br />

frôlant à chaque vague un peu plus forte. Même <strong>le</strong>s feux fol<strong>le</strong>ts<br />

avaient une explication : par une petite fenêtre, la lueur de la lune<br />

pénétrait et se reflétait en centaines de points lumineux sur <strong>le</strong>s<br />

frisottis de l’eau qui inondait <strong>le</strong> sous-sol. Et ces chiens dévorant une<br />

chair encore rouge ? Les douaniers-enquêteurs avaient éga<strong>le</strong>ment<br />

dénoué l’énigme : devant <strong>le</strong> soupirail, quelques grosses arêtes et<br />

un fragment de peau <strong>le</strong>vaient <strong>le</strong> doute. Un thon tout frais avait été<br />

dépecé en cet endroit… Les amateurs de mystère se désolèrent<br />

longtemps du désenchantement.<br />

La Maison Hantée a aujourd’hui disparu mais <strong>le</strong>s anciens se<br />

souviennent que, des années après, passant devant <strong>le</strong> soupirail<br />

béant, <strong>le</strong>s gamins qu’ils étaient encore ne manquaient jamais de<br />

vérifier s’ils n’entendraient pas ces fameux gémissements, histoire<br />

de se faire peur… pour de rire.<br />

M i c h e l G U E G U E N<br />

Robert Yan, col<strong>le</strong>ction particulière<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 11


KERSAUX, PORT DE QUARANTAINE !<br />

Une anse paisib<strong>le</strong>, abritée des hou<strong>le</strong>s du large<br />

par la presqu’î<strong>le</strong> du Cabellou et bordée au nord par <strong>le</strong>s<br />

pins du Porzou. Aujourd’hui agréab<strong>le</strong> mouillage pour <strong>le</strong>s<br />

plaisanciers, ce fut pourtant longtemps un lieu qu’il valait<br />

mieux ne pas fréquenter…<br />

LES FLÉAUX DE L’HUMANITÉ<br />

Durant des sièc<strong>le</strong>s, outre <strong>le</strong>s guerres qui décimaient des<br />

populations entières et <strong>le</strong>s incendies qui embrasaient <strong>le</strong>s<br />

villages, <strong>le</strong>s plus grandes terreurs étaient liées aux épidémies<br />

de lèpre, peste, typhoïde ou choléra. Les populations<br />

littora<strong>le</strong>s étaient particulièrement touchées. La peste de<br />

Marseil<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>s de Londres ou de Paris ont fait l’objet de<br />

bien des études mais des ports <strong>com</strong>me Brest, Lorient ou<br />

Concarneau étaient tout autant en première ligne, face<br />

à ces fléaux qu’on ne savait jugu<strong>le</strong>r. C’étaient surtout <strong>le</strong>s<br />

navires venus d’Orient, d’Asie ou du Nord que l’on pensait<br />

porteurs de virus dangereux. Un caboteur avait-il échangé<br />

en mer quelque marchandise avec un de ces coureurs<br />

d’océans, qu’on craignait aussitôt qu’il fût contaminé.<br />

Pratiquement chaque année, un ou plusieurs cas<br />

suspects étaient signalés à Concarneau mais quelques<br />

épidémies marqueront particulièrement <strong>le</strong>s mémoires.<br />

En 1772, on accusa un trois-mâts venu de Dantzig d’avoir<br />

propagé la peste. Pendant plus d’un mois, <strong>le</strong> petit hôpital<br />

de la Vil<strong>le</strong>-close ne désemplit pas. On <strong>com</strong>ptait 6 à 7 morts<br />

par jour. Pour <strong>le</strong>s soins et la nourriture aux indigents, la<br />

Communauté dut emprunter 2 400 livres, soit plus que ses<br />

recettes d’une année ! Sept ans plus tard, <strong>le</strong> même scénario<br />

se renouvelait. En 1 832-33, <strong>le</strong> choléra emporte encore 58<br />

personnes. L’épidémie de 1 865-66 cause 92 décès entre<br />

Concarneau et Beuzec. Avant de se répandre dans tout<br />

<strong>le</strong> Finistère, cel<strong>le</strong> de 1 885 fera 107 victimes dans <strong>le</strong>s trois<br />

<strong>com</strong>munes aujourd’hui regroupées. Et cette fois on en<br />

connaîtra même l’origine : deux matelots rentrés de Chine<br />

où régnait la maladie. Les doutes se confirmaient : <strong>le</strong> mal<br />

venait bien par la mer !<br />

la grand-messe que « chacun des bateaux pêcheurs, à tour de<br />

rô<strong>le</strong>, sera tenu d’al<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s jours dans la rade pour observer<br />

s’il ne se présente quelque barque ou navire venant du Nord<br />

ou d’ail<strong>le</strong>urs, infecté par la maladie ». Il est aussi ordonné de<br />

« n’aborder en aucun temps <strong>le</strong>sdits navires suspects ».<br />

L’essentiel était donc d’empêcher tout contact entre<br />

marins susceptib<strong>le</strong>s d’être contagieux et la population loca<strong>le</strong>.<br />

Pourtant, la baie de Concarneau avait toujours constitué une<br />

relâche sûre pour <strong>le</strong> cabotage, <strong>le</strong>s grands navires marchands,<br />

voire l’escadre. Pouvait-on interdire à un voilier pris dans <strong>le</strong><br />

gros temps de venir chercher refuge au port ou, au moins,<br />

dans la rade ?<br />

L’EXIL, À DEUX ENCABLURES DE LA PLAGE<br />

est alors mis en quarantaine<br />

provisoire, pavillon jaune hissé en<br />

tête de mât pour éloigner toute<br />

embarcation jusqu’à décision de<br />

la <strong>com</strong>mission. Si cel<strong>le</strong>-ci émet<br />

des doutes, la quarantaine devient<br />

effective pour une durée de 10 à<br />

40 jours. Interdiction d’armer un<br />

canot pour descendre à terre. On<br />

imagine l’impatience des marins<br />

consignés si près de la côte ! Qui<br />

contamineraient-ils, en admettant<br />

qu’ils soient contagieux, sur ces<br />

landes et ces plages désertes<br />

du Cabellou, à seu<strong>le</strong>ment<br />

deux encablures ? Vivres et<br />

médicaments sont apportés de<br />

Concarneau par bateau, <strong>le</strong> temps<br />

d’être transbordés. Chaque nuit,<br />

la chaloupe des douanes ou une<br />

barque de pêche réquisitionnée reste surveil<strong>le</strong>r si aucune<br />

embarcation ne part ou ne se dirige vers <strong>le</strong> navire. Si des<br />

marchandises périssab<strong>le</strong>s doivent être débarquées, el<strong>le</strong>s<br />

sont stockées en lieu sûr pour subir une « purification ».<br />

L’anse de Kersaux sera ainsi, pendant plus de deux sièc<strong>le</strong>s,<br />

un inquiétant purgatoire. On ignore <strong>com</strong>bien de « victimes »<br />

durent y subir un séjour prolongé. Pour la période 1821-<br />

1849, en tout cas, sur <strong>le</strong>s 68 voiliers conduits à Kersaux pour<br />

y être contrôlés, seul un Norvégien « venant d’un port du<br />

Nord où <strong>le</strong> choléra a dû pénétrer » fut contraint d’y rester 4<br />

jours en observation. Un second sera dirigé sur <strong>le</strong> lazaret<br />

de l’î<strong>le</strong> Saint-Michel, en rade de Lorient, un matelot du bord<br />

souffrant d’un mal d’estomac suspect. (*)<br />

La presqu’î<strong>le</strong> du Cabellou et l’anse des Kersaux (document Ouest-France)<br />

Après <strong>le</strong>s grandes épidémies du XIXe sièc<strong>le</strong>, l’anse de<br />

Kersaux retrouvera sa sérénité. Aujourd’hui, nul soupçon de<br />

choléra ni de peste n’est signalé dans <strong>le</strong>s parages et, rassurezvous,<br />

aucun règ<strong>le</strong>ment n’interdit plus de <strong>com</strong>muniquer avec<br />

<strong>le</strong>s équipages débarqués des voiliers au mouillage dans cette<br />

baie accueillante !<br />

Michel GUEGUEN.<br />

(*)- En 1821, la Marine envisage de créer sur l’î<strong>le</strong> Penfret,<br />

un lazaret destiné à hospitaliser cholériques et pestiférés. Le<br />

projet fut, heureusement, abandonné.<br />

MESURES SANITAIRES<br />

Longtemps, <strong>le</strong>s épidémies avaient été considérées <strong>com</strong>me<br />

un signe de la colère divine. Les seuls recours étaient donc<br />

<strong>le</strong>s prières à saint Roch ou saint Sébastien, <strong>le</strong>s processions<br />

voire <strong>le</strong>s amu<strong>le</strong>ttes bénites, <strong>le</strong>s gousses d’ail ou <strong>le</strong>s pierres<br />

d’émeraude. Peu à peu, on en était pourtant venu à des<br />

pratiques plus efficaces : une plus grande hygiène, une<br />

attention plus sérieuse à la qualité de l’eau, un semblant<br />

de désinfection par des fumigations, l’usage de la chaux, du<br />

vinaigre ou des vapeurs de soufre pour tenter de purifier<br />

locaux et vêtements.<br />

C’est en 1 770 que l’on trouve trace d’une mesure visant<br />

à prévenir la propagation. A la demande de l’Intendant de<br />

Bretagne, la Communauté de Concarneau fait annoncer à<br />

En 1 727 est instituée uns Commission sanitaire municipa<strong>le</strong><br />

de 8 membres, avec président semainier, médecinvisiteur<br />

et secrétaire. El<strong>le</strong> va mettre en place <strong>le</strong>s mesures<br />

de surveillance des navires « venant du large ». Ceux-ci<br />

devront désormais mouil<strong>le</strong>r obligatoirement « au fond de<br />

l’anse de Keransauze » en attendant l’arrivée de l’officier<br />

des douanes. Rendu au vent du navire, celui-ci posera au<br />

capitaine une courte série de questions sur sa provenance<br />

et l’état de santé de son équipage. A son tour, <strong>le</strong> médecinvisiteur<br />

se présentera à portée de gaffe pour procéder à<br />

un interrogatoire plus approfondi sur la cargaison, <strong>le</strong> voyage,<br />

l’hygiène à bord, <strong>le</strong>s bateaux rencontrés, <strong>le</strong>s symptômes<br />

remarqués… au total, plus de 50 questions-types. Le navire<br />

L’anse de Kersaux protégée par <strong>le</strong> Cabellou, au premier plan, <strong>le</strong> quartier du Rouz dans <strong>le</strong>s années soixante-dix.<br />

lanriec.<strong>com</strong> page 12 février- 2 011 lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 13


ENFOUISSEMENT DE L’ÉMISSAIRE AU PORz GUIR LES MÉSANGES DE MON JARDIN à Penhars<br />

L’émissaire (photo n<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 14<br />

02) enterré, la petite plage, exposée<br />

p<strong>le</strong>in sud, fera <strong>le</strong> bonheur des famil<strong>le</strong>s du quartier du Rouz<br />

C’est un discret et agréab<strong>le</strong> petit sentier. Il débute au bout de la rue des Fougères<br />

pour déboucher au Porz Guir. Il n’en fut pas toujours ainsi. Vers 1950 Il a même<br />

failli disparaître. En bas de la vallée en pente s’écoulait <strong>le</strong> petit ruisseau du Ster<br />

Guir né dans <strong>le</strong>s prairies très humides des hauteurs du Rouz, couvert d’ajoncs. A<br />

mi chemin du sentier, une source alimentait un lavoir.<br />

<strong>le</strong> souhait du propriétaire de la ferme de Kerancalvez de <strong>com</strong>b<strong>le</strong>r une vallée<br />

inconstructib<strong>le</strong> en l’état par des remblaiements divers et quelques carcasses de<br />

voitures, aurait pu achever ce <strong>com</strong>b<strong>le</strong>ment. Les riverains proches ont heureusement<br />

réagi.<br />

Depuis l’assainissement, vers 1960, une canalisation souterraine capte aujourd’hui<br />

eaux usées et eaux de pluie, refoulées ensuite vers la station d’épuration. Lors<br />

des très fortes averses <strong>le</strong> trop-p<strong>le</strong>in se déversait dans la mer par un émissaire en<br />

mauvais état et peu esthétique barrant la petite plage de part en part.<br />

La SEMEN entre en action<br />

Durant deux mois, la destruction de l’émissaire et l’enfouissement de la nouvel<strong>le</strong><br />

canalisation par la SEMEN, une entreprise de travaux publics de Nantes, a offert<br />

un spectac<strong>le</strong> impressionnant aux promeneurs. Après avoir permis l’accès à la plage<br />

avec des tonnes de déblais, de puissants engins ont d’abord creusé une fouil<strong>le</strong> de<br />

près de 4 mètres au départ, allant du sommet de la petite plage sur une longueur<br />

de 80 m afin d’y cou<strong>le</strong>r un lit de béton. Les nouveaux « tuyaux », fabriqués tout<br />

spécia<strong>le</strong>ment par l’entreprise Quéguiner, ont été délicatement assemblés par <strong>le</strong>s<br />

maîtres conducteurs d’engins de la SEMEN. Montant des travaux : 145 000 € HT.<br />

Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre, ni vu, ni connu, plus de d’émissaire<br />

disgracieux, place à la plage. Merci la mer, apporte-nous du beau sab<strong>le</strong> blanc au<br />

Porz Guir.<br />

La fontaine disparue, la source, enfouie, n’a pas dit son dernier mot, l’eau s’écou<strong>le</strong><br />

tout en bas, discrètement, et alimente une touffe d’herbes blottie <strong>le</strong> long des<br />

rochers avant de s’évanouir définitivement dans <strong>le</strong>s sab<strong>le</strong>s du Porz Guir.<br />

La mésange charbonnière La mésange b<strong>le</strong>ue<br />

Qui, sur un rebord de fenêtre ou sur la<br />

mangeoire installée pour l’hiver, n’a pas<br />

été surpris par cette petite merveil<strong>le</strong><br />

s’ébattant là, à portée de regard. Toujours<br />

en mouvement, el<strong>le</strong> étonne par<br />

son énergie et surprend par ses cou<strong>le</strong>urs.<br />

De petite tail<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> passe inaperçue<br />

dans <strong>le</strong>s feuillages de l’été, mais, dès l’automne,<br />

el<strong>le</strong> se rapproche des maisons,<br />

et, si vous avez mis un peu de corps gras<br />

à sa portée, vous ne tarderez pas à la<br />

voir picorer activement cette friandise.<br />

En Grande Bretagne, quand <strong>le</strong> laitier dépose<br />

<strong>le</strong> lait du matin, il n’est pas rare de<br />

la voir percer la capsu<strong>le</strong> pour se réga<strong>le</strong>r<br />

de la crème.<br />

Avez-vous vu <strong>le</strong> mer<strong>le</strong> blanc du Rouz ?<br />

Perché sur la haie de Jean et d’Odette<br />

Le Bihan un mer<strong>le</strong> blanc et noir se réga<strong>le</strong> de<br />

baies rouges, il fuit au moindre mouvement<br />

La mésange à longue queue<br />

Textes et photos<br />

par Guy Donard<br />

La mésange noire<br />

Sous cet air guil<strong>le</strong>ret se cache<br />

une mauvaise coucheuse qui sait<br />

se faire craindre. El<strong>le</strong> n’hésite pas<br />

à affronter des adversaires plus<br />

imposants et cette minuscu<strong>le</strong> petite<br />

chose <strong>le</strong>s fait fuir en prenant<br />

des mines d’enfant terrib<strong>le</strong>.<br />

Cependant el<strong>le</strong> peut aussi partager<br />

avec ses consœurs à condition<br />

d’y trouver son <strong>com</strong>pte.<br />

Voire même faire acte de soumission<br />

quand l’adversaire est de<br />

tail<strong>le</strong> pour approcher <strong>le</strong>s graines<br />

de tournesol dont el<strong>le</strong> raffo<strong>le</strong>.<br />

Réalisé par des bénévo<strong>le</strong>s, sous l’égide du Comité des Fête de<br />

<strong>Lanriec</strong>, ce deuxième numéro de <strong>Lanriec</strong>.<strong>com</strong>, <strong>com</strong>me <strong>le</strong><br />

précédent, est distribué gratuitement aux points suivants :<br />

Bibliothèque municipa<strong>le</strong>,<br />

-<strong>Lanriec</strong> : Ty Forn, Le Domino, Mairie annexe<br />

-Douric : Boulangeries Mil<strong>le</strong>t, Le Suffren<br />

-Le Passage : Le p’tit bar, 8 à 8, Presse-tabac<br />

-Le Cabellou : Le Dundee<br />

-Kerancalvez : Le Tamaya, Salon de Coiffure.<br />

Nous réalisons 3 numéros par an.<br />

Si vous souhaitez nous soutenir et recevoir lanriec.<strong>com</strong> par<br />

la poste, adressez vos dons annuels par chèques libellés au nom<br />

de lanriec.<strong>com</strong> Chemin de Parc-Rouz 29 900 Concarneau<br />

Equipe de rédaction :<br />

Michel Guéguen et Yvon Le Floc’h<br />

D’autres apports pourront être pris en <strong>com</strong>pte ponctuel<strong>le</strong>ment.<br />

Conception, mise en page et suivi de fabrication :<br />

Yvon Le Floc’h<br />

Impression : Imprimerie de l’Atlantique<br />

En cas de copie ou citation d’un texte ou d’un extrait, prière<br />

d’indiquer l’origine de l’artic<strong>le</strong> et <strong>le</strong> nom de l’auteur.<br />

Remerciements : Madame Billochon, responsab<strong>le</strong> du<br />

service/Archives-patrimoine de la vil<strong>le</strong>, Arch. dep, Pierre<br />

Guengard, Louis Glémarec, Daniel Le Maout, Guy Donard,<br />

Christophe Le Naour, Jos Goapper, rédaction Ouest-France,<br />

Forum<br />

Ce numéro 2 de lanriec.<strong>com</strong> est téléchargeab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site du<br />

même nom. Le forum pour avis ou critiques (peu utilisé pour<br />

l’instant) y est à votre disposition.<br />

lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 15


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<strong>Lanriec</strong>.<strong>com</strong> paraît avec <strong>le</strong> soutien des<br />

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lanriec.<strong>com</strong> février 2 011- page 16<br />

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