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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

Tous ces éléments expliquent que l’intervention soviétique en Hongrie<br />

n’ait pas provoqué l’érosion des effectifs <strong>et</strong> de l’électorat <strong>communiste</strong>s en<br />

France, contrairement à l’Italie <strong>et</strong> aux pays d’Europe occidentale <strong>et</strong> du Nord. <strong>Le</strong><br />

parti britannique perdit, sous l’eff<strong>et</strong> de la résolution de son comité central du 4<br />

novembre, près de 20 % de ses adhérents, tandis que le parti suisse fut contraint<br />

à l’illégalité, en novembre <strong>1956</strong>, en Suisse alémanique. 101 En France, l’intervention<br />

soviétique ne provoqua de vagues de désengagements que dans les milieux<br />

intellectuels. Et même ces désaffections concernaient seulement une infime partie<br />

de ceux qui critiquaient la direction, voire faisaient de sa déstalinisation un<br />

préalable à l’unité <strong>et</strong> à la politique unitaire. Quelques-uns des membres de la<br />

rédaction de la revue Nouvelle médecine <strong>et</strong> de la cellule Sorbonne-<strong>Le</strong>ttres, qui<br />

s’étaient trouvés au premier rang des contestataires en novembre, rejoignirent le<br />

groupe d’opposition intérieure mis sur pied par les signataires de la « l<strong>et</strong>tre des<br />

dix ». Beaucoup s’enfermèrent cependant dans la passivité. <strong>Le</strong>s noms illustres<br />

des <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> des compagnons de route qui rendirent leur carte en <strong>1956</strong><br />

<strong>et</strong> au cours des années suivantes, ainsi que le prestige des organisations « abandonnées<br />

»- le Comité national des écrivains (CNE), le Mouvement de la paix <strong>et</strong><br />

l’association France-URSS - ont pu cependant créer la fausse illusion d’une rupture<br />

massive avec le communisme. D’autre part, l’exemple de Jean-Paul Sartre<br />

qui reprit contact avec la direction du parti moins d’un an plus tard illustre les<br />

cas où les ruptures se révélèrent réversibles, la conviction l’emportant, dans la<br />

bataille de conscience, sur l’émotion soulevée par l’intervention soviétique.<br />

La crise à la CGT après l’intervention soviétique<br />

Du fait de leur caractère virulent, les protestations des intellectuels<br />

éclipsèrent une autre conséquence de l’intervention soviétique en Hongrie. La<br />

crise couvait en eff<strong>et</strong> dans le mouvement syndical depuis plus longtemps, de<br />

même que dans les milieux intellectuels, mais elle apparut au grand jour sous<br />

l’eff<strong>et</strong> des événements de l’automne. Sur le plan syndical, on observe un décalage<br />

identique à celui qui était sensible entre les partis <strong>communiste</strong>s <strong>français</strong> <strong>et</strong><br />

italien : la CGIL, l’homologue italienne de la CGT qui s’était solidarisée avec<br />

les revendications des ouvriers de l’Est dès le mois de juill<strong>et</strong>, n’a pas connu une<br />

telle secousse en novembre. A la CGT, la crise se traduit dans l’inflexion des<br />

effectifs <strong>et</strong> même l’unité de la confédération fût en jeu. 102<br />

Pour prévenir tout éclatement, le bureau confédéral qui était pourtant solidement<br />

arrimé au PCF - un quart de ses membres siégeant au comité central -<br />

se vit obligé de prendre une position neutre sur la Hongrie. Dans sa déclaration<br />

du 13 novembre, il réaffirma la tradition fédéraliste de la CGT <strong>et</strong> le droit des<br />

101 André Rauber : Histoire du mouvement <strong>communiste</strong> suisse, de 1944 à 1991. Genève, Éd. Slatkine,<br />

2000. pp. 216-233; « <strong>1956</strong> és az angol kommunista párt válsága. Három dokumentum az<br />

SZKP KB egykori levéltárából » [<strong>1956</strong> <strong>et</strong> la crise du PC anglais. Trois documents provenant des<br />

anciennes archives du CC du PCUS]. Bev. és közread. Vjacseszlav Szereda. Tekint<strong>et</strong>. 9. évf. 1996.<br />

3-4. sz. 80-100. p.<br />

102 Dominique Andolfatto : « La CGT : audience <strong>et</strong> organisation dans les années 1950 ». Elyane<br />

Bressol, Michel Dreyfus, Joël Hedde <strong>et</strong> Michel Pigen<strong>et</strong> (sous la dir. de) : La CGT dans les années<br />

1950. Presses universitaires de Rennes, 2005.

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