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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> ET SON CONTEXTE<br />

<strong>Le</strong> fait que les militants subirent très peu les r<strong>et</strong>ombées des protestations<br />

intellectuelles constitua un succès pour la direction. Celle-ci réussit à discréditer<br />

les déclarations en dénonçant leur parution dans les journaux « de<br />

droite », c’est-à-dire non-<strong>communiste</strong>s, <strong>et</strong> en réveillant le ressentiment des<br />

ouvriers envers la classe des « mains blanches ». <strong>Le</strong>s cellules du parti accueillirent<br />

dès la mi-novembre les membres du comité central qui y exposaient la position<br />

officielle sur la Hongrie. 97 C<strong>et</strong>te campagne resta cependant peu efficace, à<br />

en croire les grands quotidiens contemporains. <strong>Le</strong> journal <strong>Le</strong> Monde confirmait<br />

en eff<strong>et</strong> que les réunions des cellules furent boycottées par les militants pendant<br />

des semaines entières. Néanmoins, les explications de la presse, bardées de références<br />

à la réaction impérialiste <strong>et</strong> bourgeoise, au national-socialisme allemand<br />

<strong>et</strong> au fascisme du régent hongrois Horthy, répondaient incontestablement à la<br />

sensibilité des <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> alimentaient leur imagination.<br />

Ceci d’autant plus qu’ils avaient été tenus depuis trois ans dans une complète<br />

ignorance à propos des changements politiques advenus dans les pays de<br />

l’Est. Tout en suivant les remaniements du pouvoir effectués en Hongrie, que<br />

l’Humanité rapportait sur sa dernière page <strong>et</strong> sans le moindre commentaire, ils<br />

étaient loin d’en soupçonner les conséquences. L’ambassadeur hongrois en<br />

poste à Paris rapporta à son ministère, en juill<strong>et</strong> <strong>1956</strong>, que les militants des cellules<br />

<strong>communiste</strong>s accueillaient la nouvelle du limogeage de Rákosi avec<br />

enthousiasme, voire qu’ils m<strong>et</strong>taient leur espoir dans la déstalinisation de leur<br />

direction. 98 <strong>Le</strong>ur nombre ne fit l’obj<strong>et</strong> d’aucune estimation de la part de l’ambassade.<br />

Trois mois plus tard, soit une semaine après l’éclatement de l’insurrection<br />

en Hongrie, le comité central convoqua une réunion des militants parisiens<br />

pour « soum<strong>et</strong>tre » à leur approbation le rapport qualifiant l’insurrection<br />

d’« émeute contre-révolutionnaire ». Bien que c<strong>et</strong>te résolution n’eut pas été<br />

approuvée à l’unanimité, contrairement à l’indication figurant dans la brochure<br />

publiée le lendemain, une quarantaine de militants seulement - sur cinq mille<br />

présents - votèrent contre elle. 99 A peine quelques jours plus tard, même ce<br />

groupe de mécontents dut reculer devant la haine anti-<strong>communiste</strong> qui déferlait<br />

sur lui. Car les événements s’accélèrent : deux militants <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> un syndiqué<br />

FO perdirent la vie lors de l’attaque du siège de l’Humanité le 7 novembre.<br />

Ce même jour, la motion concernant la dissolution du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>,<br />

proposée par Tixier-Vignancourt <strong>et</strong> soutenue par le délégué du MRP, Robert<br />

Bich<strong>et</strong>, fut inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. 100 Dans ce<br />

contexte de crise ouverte, le moindre doute quant au bien-fondé de la position<br />

de la direction concernant la Hongrie apparut comme une trahison à l’égard du<br />

parti.<br />

97 APC, Enregistrement sonore de la réunion du CC du 20 <strong>et</strong> du 21 novembre <strong>1956</strong>. 1AV90/4708.<br />

98 ANH, <strong>Le</strong>ttre de la légation à Paris au ministère hongrois des Affaires étrangères du 31 août <strong>1956</strong>.<br />

Fonds du ministère des Affaires étrangères, France 1945-1964, XIX-J-1-k (Admin).<br />

99 François Fejtó : The French Communist Party and the Crisis of International Communism. Paris,<br />

1967.<br />

100 Gusztáv Kecskés: « A magyar kérdés a francia Nemz<strong>et</strong>gülésben » [La question hongroise à l’Assemblée<br />

nationale <strong>français</strong>e]. A<strong>et</strong>as. Történ<strong>et</strong>tudományi folyóirat, n° 1, 2006. pp. 10-11.<br />

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