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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> ET SON CONTEXTE<br />

bablement au matin, le BP donne la consigne sans appel suivante : « <strong>Le</strong> groupe<br />

<strong>communiste</strong> votera chacun des articles ainsi que l’ensemble du proj<strong>et</strong> de loi du<br />

gouvernement » 54 . Comment c<strong>et</strong>te décision est-elle transmise aux députés ? <strong>Le</strong>s<br />

témoignages divergent. Pierre Lareppe, député des Ardennes, plus tard entré en<br />

dissidence, affirmera alors qu’ordre avait été donné au groupe parlementaire<br />

vingt minutes avant la séance 55 . Dans le souvenir de Jean Cordillot 56 , alors jeune<br />

député de l’Yonne, le groupe, auquel se seraient adjoints les membres du CC<br />

non députés, aurait été réuni, l’après-midi très probablement, salle Colbert, au<br />

Palais-Bourbon. Dans la mémoire de Roland <strong>Le</strong>roy, la réunion aurait été « animée<br />

» 57 . Seuls Pierre Courtade <strong>et</strong> Robert Ballanger se seraient opposés fermement<br />

à la confiance. Jean Cordillot aurait également émis des réserves, mais<br />

plus timidement. En recoupant diverses autres sources, on peut ajouter à ces<br />

noms ceux d’autres députés <strong>communiste</strong>s hostiles ou pour le moins réticents<br />

face au vote : Pierre Lareppe, déjà cité, Jean Pronteau, Bernard Jourd’hui, Roger<br />

Boisseau.<br />

Après le vote en faveur des pouvoirs spéciaux, tout au long de l’année<br />

<strong>1956</strong>, <strong>et</strong> bien au-delà, le trouble a continué à exister chez les <strong>communiste</strong>s.<br />

L’Humanité, qui ouvre en mai une tribune de discussion pour la préparation du<br />

14 e congrès du PCF 58 , est mu<strong>et</strong>te sur la question. A-t-elle reçu des l<strong>et</strong>tres que<br />

l’équipe d’Etienne Fajon a censurées ? Un autre bon baromètre pourrait être la<br />

préparation de ce congrès dans les organisations de base, cellules, sections <strong>et</strong><br />

fédérations. Que s’y est-il dit, sur l’Algérie ? Sauf découverte d’archives de ces<br />

organisations - ou ignorance de l’auteur - il paraît difficile aujourd’hui de répondre<br />

à c<strong>et</strong>te question. Tout au plus peut-on citer le document préparatoire de la<br />

fédération de Paris, fin juin : l’Algérie en est pratiquement absente 59 .<br />

On sait par contre que, dans les milieux intellectuels, certains militants critiques,<br />

parmi lesquels Claude Roy, Robert Bonnaud, Jean-Pierre Vernant <strong>et</strong> une<br />

partie de la célèbre cellule Sorbonne-<strong>Le</strong>ttres, ont entamé à c<strong>et</strong>te occasion le processus<br />

de rupture avec le PCF. Plus spectaculaire, car plus emblématique, apparaît<br />

la rupture faite à l’automne par Aimé Césaire, auteur en 1950 du Discours<br />

sur le colonialisme 60 . Fin octobre, Césaire rend publique sa rupture par une<br />

r<strong>et</strong>entissante <strong>Le</strong>ttre à Maurice Thorez 61 . La critique porte autant sur les manque-<br />

54 AD 93, archives du PCF, direction, 261 J 4/13.<br />

55 Dans une revue oppositionnelle, <strong>Le</strong> Débat <strong>communiste</strong> (15 avril 1963) ; cité par René Dazy, La<br />

partie <strong>et</strong> le tout. <strong>Le</strong> PCF <strong>et</strong> la guerre franco-algérienne, Paris, Syllepse, 1990.<br />

56 Témoignage apporté lors des Journées d’étude, Bobigny, 5 décembre 2006.<br />

57 L’Humanité, 8 juin 2001.<br />

58 L’Humanité du 16 mai publie les thèses du CC.<br />

59 e er PCF, 3 Conférence fédérale de Paris, 29, 30 juin <strong>et</strong> 1 juill<strong>et</strong> <strong>1956</strong>, 33 rue de la Grange aux Belles,<br />

Paris, schéma du rapport (dépliant 6 pages), archives A. Ruscio.<br />

60 La plupart des références à ce Discours citent la seconde édition, celle des Editions Présence africaine<br />

(<strong>1956</strong>). C’est une erreur. Il n’est pas sans signification que Césaire, <strong>communiste</strong> en 1950,<br />

ait publié ce texte d’abord chez un éditeur lié au PCF (Ed. Réclame).<br />

61 Paris, Ed. Présence Africaine, <strong>1956</strong>. L’original figure aux AD 93, archives du PCF, commission<br />

centrale de contrôle politique, 261 J 6/9.<br />

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