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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> ET SON CONTEXTE<br />

gérie. « <strong>Le</strong> moyen d’arrêter la guerre d’Algérie », (c’est le titre), pour Feix, est<br />

de renouer le dialogue entre forces de gauche. Certes, les dirigeants <strong>communiste</strong>s<br />

n’idéalisent pas la politique socialiste. Mais, fidèles à une analyse ancienne<br />

du réformisme, ils jugent que ce phénomène est plus « enjeu » que « force agissante<br />

» : c’est la notion de « pression des masses » qui doit contrecarrer la<br />

« pression de la réaction », particulièrement vive avec l’entrée en force des poujadistes<br />

à l’Assemblée.<br />

A la lecture de l’Humanité du premier trimestre, on a vraiment l’impression<br />

que c<strong>et</strong>te « pression des masses » est en route, que la France de gauche est<br />

en effervescence. Chaque jour, le quotidien publie des l<strong>et</strong>tres de fédérations<br />

départementales ou de sections locales du PCF à leurs homologues de la SFIO<br />

<strong>et</strong> les quelques - à vrai dire rares - réponses de ces dernières. <strong>Le</strong>s prises de position<br />

d’organisations de base de FO, du SNI, sont également citées. Lors des<br />

débats à l’Assemblée - janvier pour l’investiture du nouveau cabin<strong>et</strong>, mars pour<br />

le grand débat sur l’Algérie - le journal publie de nombreuses photos de délégations,<br />

apparemment fournies, présentées comme unitaires, venant faire pression<br />

sur les députés.<br />

<strong>Le</strong> vote des « pouvoirs spéciaux »<br />

C’est ce climat général, c’est c<strong>et</strong>te logique interne du discours <strong>communiste</strong><br />

qu’il faut avoir en tête pour aborder la question du vote des pouvoirs spéciaux<br />

du 12 mars.<br />

Une première constatation est nécessaire à la simple lecture de la chronologie.<br />

Guy Moll<strong>et</strong> est investi le 31 janvier. Il veut frapper un grand coup <strong>et</strong> se<br />

rend dès le 6 février, à Alger. Là, il est reçu avec une violence qui le surprend<br />

(c’est le célèbre épisode des tomates) par une partie de la communauté européenne,<br />

décidément hostile à toute concession, <strong>et</strong> rentre piteusement à Paris.<br />

Une telle capitulation aurait dû inciter à la prudence. Accorder des pouvoirs spéciaux<br />

à un homme au caractère si peu trempé, aux convictions si vite chancelantes,<br />

était pour le moins une imprudence. Du reste, l’Humanité ne ménage pas<br />

ses reproches à Moll<strong>et</strong>. <strong>Le</strong> 7 février, le titre de Une dénonce sa capitulation<br />

« devant les ultras ». On peut même dire qu’il y a une perception claire des plans<br />

d’extension de la guerre. <strong>Le</strong> 29 février, le quotidien titre, toujours en Une :<br />

«Guy Moll<strong>et</strong> au maquis algérien : GUERRE A OUTRANCE si vous ne déposez<br />

pas les armes ». <strong>Le</strong> commentaire dénonce les proj<strong>et</strong>s du secrétaire d’Etat aux<br />

forces armées, Max <strong>Le</strong>jeune, d’incorporer 50 000 recrues tous les deux mois<br />

d’ici la fin de l’année. <strong>Le</strong> 6 mars, Moll<strong>et</strong> reçoit Duclos en tant que président de<br />

groupe. L’Humanité du 7 rend compte des réticences du leader <strong>communiste</strong> :<br />

« L’article 5 du proj<strong>et</strong> gouvernemental, qui tend à donner au gouvernement des<br />

pouvoirs plus étendus pour prendre toutes mesures exceptionnelles en vue du<br />

rétablissement de l’ordre, peut ouvrir la voie à de très graves événements qui,<br />

loin de favoriser le règlement du problème algérien, contribueraient au<br />

contraire à l’aggraver dangereusement ». Cependant, précise-t-il, la conduite<br />

du groupe <strong>communiste</strong> n’est pas encore fixée : elle dépendra des débats à venir<br />

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