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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

publiés. Je vous signale que le président de la République, Giorgio Napol<strong>et</strong>ano,<br />

un ex-membre du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien, est allé à Budapest pour rendre<br />

hommage à la tombe de toutes les victimes de Budapest <strong>et</strong> qu’il a reconnu ses<br />

propres erreurs <strong>et</strong> celles du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien. Je rappelle aussi que, dès<br />

1989, Piero Fassino, ex-dirigeant du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien, s’est rendu à la<br />

commémoration organisée au cim<strong>et</strong>ière du Père Lachaise devant la tombe symbolique<br />

d’Imre Nagy. Cela n’a pas été exactement la politique du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

<strong>français</strong>. En tout cas, je suis frappé par la virulence, aujourd’hui, de la<br />

polémique qui entoure les commémorations en Italie <strong>et</strong> du relatif silence de la<br />

gauche <strong>français</strong>e.<br />

Bernard PUDAL<br />

D’abord, une intervention précédente m’amène à préciser qu’en ce qui<br />

me concerne, lorsque je parle du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong>, je parle du noyau<br />

fondamental de ce parti, c'est-à-dire quelques dizaines de milliers de militants,<br />

pas plus, <strong>et</strong> les dirigeants. Car je pense que, plus nous nous éloignons de ce<br />

noyau fondamental, plus tout ce qui a été dit aujourd’hui pose problème. Beaucoup<br />

de militants, je ne parle même pas des électeurs…, étaient dans le trouble,<br />

étaient beaucoup plus contradictoires, beaucoup plus attachés à l’idéologie,<br />

beaucoup plus dévoués, beaucoup plus éloignés de l’Union soviétique…<br />

qu’on ne le dit. Il y a là une question d’une très grande complexité, qui est loin<br />

d’être réglée. Un point de détail, les années 1950-1960 sont les années où, en<br />

France, on lit énormément de romans d’espionnage. Et ces romans d’espionnage<br />

sont truffés d’anticommunisme <strong>et</strong> d’antisoviétisme. Or, ils sont lus par<br />

beaucoup d’ouvriers. Il est vraisemblable - quand je dis ça à mes étudiants,<br />

c’est un peu par provocation - que beaucoup d’ouvriers, y compris les anti<strong>communiste</strong>s,<br />

étaient beaucoup plus lucides que beaucoup de <strong>communiste</strong>s sur ce<br />

qui se passait en Union soviétique grâce aux romans d’espionnage écrits par<br />

des écrivains anti<strong>communiste</strong>s.<br />

Ensuite, au suj<strong>et</strong> des intellectuels, je ne parle pas d’ouverture. Si j’ai<br />

employé le mot, tout à l’heure, c’est parce que je n’avais pas le temps de préciser<br />

davantage. Je suis convaincu qu’à partir de <strong>1956</strong>, la direction du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

n’a pas le choix ; elle n’a pas d’autre possibilité que d’essayer d’utiliser<br />

les intellectuels de profession au sein du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>. Parce que, dans<br />

notre société, que nous le voulions ou non, ce sont les intellectuels qui détiennent<br />

la légitimité intellectuelle <strong>et</strong> théorique. Or, à partir du moment où il n’était<br />

plus possible de se référer à un génie théorique, parce que c’était ça, Staline :<br />

une autorité qui validait les énoncés théoriques en matière d’histoire, d’interprétation<br />

du marxisme, de sciences… à partir du moment où ce point de validation<br />

n’existe plus, le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> a dû se déplacer, dans l’équilibre nécessaire<br />

de ce qu’on appelle la légitimation, du côté de ceux qui ont pour profession<br />

d’élaborer les considérants théoriques de la légitimité. C’est la raison pour

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