Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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<strong>1956</strong> : QUE COMMÉMORE-T-ON ? PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX HISTORIOGRAPHIQUES<br />
mais Lénine n’avait pas prévu les guerres coloniales », ce qui m’avait évidemment<br />
fait mal voir, parce que les événements d’Algérie n’étaient pas encore tout<br />
à fait considérés comme une guerre coloniale. En eff<strong>et</strong>, si la bataille du PCF a été<br />
très claire, pendant toute la guerre du Vi<strong>et</strong>nam, par contre, au début de la guerre<br />
d’Algérie, il y a eu hésitation. Je rappelle que l’Algérie était composée de trois<br />
départements <strong>français</strong> <strong>et</strong> n’était pas considérée comme un pays étranger. Ce qui<br />
s’y déroulait était présenté comme de simples opérations de « maintien de l’ordre<br />
». Je ne développe pas, mais cela illustre toutes les difficultés de l’époque.<br />
Quant au succès électoral du début <strong>1956</strong>, on ne peut pas le comparer au<br />
succès de 1936. D’abord, c’était vingt ans plus tard <strong>et</strong>, même s’il est vrai qu’on<br />
souhaitait une sorte de nouveau Front populaire, il était inconcevable de le<br />
rééditer à l’identique en <strong>1956</strong>. D’autre part, il faut souligner que la gauche avait<br />
gagné les élections, Guy Moll<strong>et</strong> en particulier, sur la promesse de régler la question<br />
algérienne <strong>et</strong> de faire la paix en Algérie. Après, est intervenu le vote des<br />
pouvoirs spéciaux. A l’époque, j’ai connu beaucoup de <strong>communiste</strong>s qui y<br />
étaient opposés, bien que la direction du parti les ait votés. Personnellement, j’ai<br />
pensé tout de suite : « c’est une connerie ». J’étais contre, comme beaucoup<br />
d’autres <strong>communiste</strong>s qu’on a fait taire à l’époque. Mais c’est la dernière fois<br />
que les <strong>communiste</strong>s ont voté avec les socialistes, puisque le coup d’après, ils<br />
votaient contre l’envoi du contingent.<br />
Comme j’ai vécu les événements, on m’a souvent posé la question :<br />
« qu’avez-vous pensé du rapport Khrouchtchev ?». A l’époque, j’étais en Algérie<br />
<strong>et</strong> nous avions très peu de nouvelles, donc j’avoue qu’il m’est un peu passé<br />
par dessus la tête. Quand j’ai pu voir ce fameux rapport secr<strong>et</strong>, j’ai été très sceptique.<br />
Je me suis dit : « Très bien. Khrouchtchev m<strong>et</strong> tout sur le dos de Staline,<br />
mais lui-même est secrétaire du parti depuis je ne sais combien de temps. Alors<br />
Staline serait intégralement à condamner <strong>et</strong> tous les autres seraient blancs<br />
comme neige, en particulier Khrouchtchev ? ». J’ai éprouvé de la méfiance visà-vis<br />
du rapport secr<strong>et</strong>, d’abord parce nous ne savions pas trop ce qu’il y avait<br />
dedans <strong>et</strong>, ensuite, parce que c’est dans ce que nous appelions la « presse<br />
adverse » que j’ai pu en avoir connaissance. Vis-à-vis des événements de Hongrie,<br />
j’avoue que j’ai été très troublé, surtout par la manière dont l’Armée rouge<br />
a procédé. Tirer au canon dans des maisons <strong>et</strong> puis mener une répression terrible,<br />
m’a semblé disproportionné par rapport à ce qu’exigeait la situation. Ceci<br />
dit, je ne savais pas s’il fallait condamner ou pas, parce que, dans le parti, on<br />
nous assurait : « ce sont des contre-révolutionnaires, <strong>et</strong>c.». Cela se déroulait<br />
loin, on ne pouvait rien faire, mais j’ai eu des hésitations.<br />
Jean-Paul SCOT<br />
Je voudrais tout simplement poser une question <strong>et</strong> ém<strong>et</strong>tre une hypothèse<br />
pour nuancer l’interprétation de Bernard Pudal concernant la puissance<br />
continue du modèle stalinien. Nous n’avons peut-être pas assez réfléchi au fait<br />
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