Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
point, je partage l’analyse de Roger Martelli, il y a une formidable intuition thorézienne.<br />
Maurice Thorez l’exprime d’ailleurs, en avril <strong>1956</strong>, quand il fait son<br />
fameux voyage en Italie à l’occasion duquel il rencontre Palmiro Togliatti à Florence.<br />
Nous connaissions le compte rendu qui en avait été fait par Cerutti <strong>et</strong> nous<br />
disposons maintenant des archives de l’Institut Gramsci. Lorsque Thorez dit à<br />
Togliatti « il faut arrêter de remuer toute c<strong>et</strong>te boue », il manifeste l’intuition<br />
que, si on commence à toucher à un élément du dispositif essentiel du système,<br />
en l’occurrence l’URSS, tout risque de s’effondrer. C<strong>et</strong>te inquiétude de Thorez<br />
porte sur ce que nous sommes plusieurs à avoir appelé la dimension téléologique<br />
du communisme. Denis Peschanski, qui préside c<strong>et</strong>te table ronde, a d’ailleurs<br />
été l’un des premiers, avec Stéphane Courtois, à faire la distinction entre<br />
dimension téléologique <strong>et</strong> dimension sociétale. C<strong>et</strong>te inquiétude va conduire<br />
chez Maurice Thorez à un processus de négation. Pour lui, il faut absolument<br />
refouler complètement tout cela. On va alors r<strong>et</strong>rouver des ressorts connus, la<br />
manipulation, l’invocation de la défense du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>, de la fidélité à la<br />
classe ouvrière. Si on se penche sur les eff<strong>et</strong>s que cela aura sur l’organisation<br />
<strong>communiste</strong>, dont l’opinion nous est connue à travers un certain nombre de sondages<br />
qui ont été réalisés, on mesure que Thorez n’avait pas tort sur le coup.<br />
Denis PESCHANSKI<br />
C<strong>et</strong>te intervention a permis de creuser la notion d’identité <strong>et</strong> de situer où<br />
se trouvait finalement, pour Thorez <strong>et</strong> le groupe dirigeant du PCF, l’enjeu identitaire.<br />
Je propose à Bernard Pudal de revenir sur la question du processus décisionnel,<br />
avant de passer la parole à Serge Wolikow.<br />
Bernard PUDAL<br />
D’abord, je n’ai pas préparé d’intervention écrite, puisque nous étions<br />
conviés à une table ronde de discussion. Ensuite, étant assez d’accord avec ce<br />
qui a été dit jusqu’à présent, je voudrais faire quelques remarques au suj<strong>et</strong> des<br />
processus décisionnels, tout en laissant si possible ouvertes un certain nombre<br />
de questions. Car, pour ce qui me concerne en tout cas, beaucoup de questions<br />
restent ouvertes, y compris quand on a eu accès aux archives, ce qui est mon<br />
cas. J’ai passé une partie de l’année dernière à essayer de prospecter quelques<br />
éléments dans les archives <strong>et</strong>, je crois pouvoir en témoigner, ce n’est pas si simple<br />
que ça. Je rejoins totalement Denis Peschanski, qui disait tout à l’heure que<br />
les archives ne parlent pas d’elles-mêmes.<br />
Contrairement à ce qui semble être dit ici, tout me semble mystérieux dans<br />
c<strong>et</strong>te affaire, en premier lieu, le rapport dit « secr<strong>et</strong> ». Pour ce que j’en sais, <strong>et</strong> je<br />
regr<strong>et</strong>te sur ce point l’absence de Jean-Paul Depr<strong>et</strong>to, il ne s’agit pas du tout d’un