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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

choses. Quand on parle, par exemple, de contre-révolution au suj<strong>et</strong> des événements<br />

hongrois, quand on dénonce - je cite - « les pogroms des <strong>communiste</strong>s »,<br />

cela induit évidemment un certain type de perception de la réalité. Et quiconque<br />

critique c<strong>et</strong>te position est supposé être du côté des capitalistes, de l’impérialisme,<br />

des traîtres, <strong>et</strong>c. Je crois donc que ces enregistrements doivent être écoutés<br />

par tous les historiens qui souhaitent étudier le processus qui aboutit à une<br />

décision, car la r<strong>et</strong>ranscription papier édulcore la virulence des affrontements, <strong>et</strong><br />

notamment celle des condamnations.<br />

Quatrième réflexion : au suj<strong>et</strong> de la comparaison entre le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

<strong>français</strong> <strong>et</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien, je suis d’accord avec Roger Martelli tout en<br />

souhaitant introduire un p<strong>et</strong>it point de divergence. Il me semble qu’il ne faut pas<br />

trop accentuer la différence entre les deux partis, <strong>et</strong> - pour dire les choses brutalement<br />

- qu’on a parfois eu trop tendance à opposer un « bon » <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

italien à un « mauvais » <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong>. Dans l’historiographie<br />

togliattienne du PCI, reprise par des opposants au sein du PCF, puis par toute<br />

l’historiographie internationale, on considère qu’il y a un « bon » <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

italien, qui aurait approuvé le rapport secr<strong>et</strong>. C’est totalement faux, Roger<br />

Martelli l’a démontré. L’attitude de Togliatti résulte effectivement d’une forte<br />

pression interne <strong>et</strong> externe, notamment liée à la présence du <strong>Parti</strong> socialiste italien.<br />

Or, cela n’a pas été mentionné, mais c’est fondamental, le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

italien est allié au <strong>Parti</strong> socialiste italien, c’est d’ailleurs le seul cas en Europe<br />

occidentale après la fracture de 1947. <strong>Le</strong> <strong>Parti</strong> socialiste italien est en train de<br />

s’autonomiser du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien. Il condamne de plus en plus fortement<br />

l’Union soviétique, Pi<strong>et</strong>ro Nenni y joue un rôle important, puis arrivent les<br />

événements hongrois. Palmiro Togliatti a en mémoire l’expérience du fascisme<br />

<strong>et</strong> de l’isolement du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien, il est très attentif à ne pas renouveler<br />

ce type de situation. Contraint <strong>et</strong> forcé, il donne donc son fameux entr<strong>et</strong>ien<br />

à la revue Nuovi Argomenti. Mais, hormis c<strong>et</strong>te concession de juin <strong>1956</strong>, il consacre<br />

ses efforts à reprendre en main la direction du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> italien. Pour<br />

cela, il se positionne au centre du débat interne de ce parti, entre d’un côté, les<br />

forces, qui ont parfois été présentes dans la résistance italienne, comme Pi<strong>et</strong>ro<br />

Seccia, <strong>et</strong> qui estiment qu’il ne faut surtout pas condamner Staline <strong>et</strong> qu’il faut<br />

revenir à une fidélité absolue à l’Union soviétique, <strong>et</strong> ceux, qu’il va qualifier de<br />

révisionnistes, qui pensent que le 20 e congrès du PCUS a soulevé un certain nombre<br />

de questions <strong>et</strong> qu’il convient de condamner l’intervention soviétique en<br />

Hongrie. Pour autant, il ne faut pas édulcorer les différences entre les deux partis<br />

qui vont se manifester n<strong>et</strong>tement à la fin de l’année <strong>1956</strong>. <strong>Le</strong> 8 e congrès du<br />

PCI tente de poursuivre dans une voie médiane, tandis que le PCF campe sur une<br />

position plus orthodoxe. La polémique va s’ouvrir. D’ailleurs, dans les archives<br />

du comité central du PCF, nous trouvons l’expression de la vive condamnation<br />

de deux partis en Europe : le parti polonais de Gomulka <strong>et</strong> le parti italien de<br />

Togliatti. Mais les choses sont beaucoup plus complexes qu’on ne l’a souvent dit.<br />

Cinquième <strong>et</strong> dernière réflexion : comment interpréter tout ça, <strong>et</strong> notamment<br />

c<strong>et</strong>te position du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> ? Il me semble que le recours

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