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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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<strong>1956</strong> : QUE COMMÉMORE-T-ON ? PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX HISTORIOGRAPHIQUES<br />

ser ses arguments. Je tiens à dire en passant tout l’intérêt de l’écoute de ces enregistrements.<br />

Bien différents de la r<strong>et</strong>ranscription écrite, ils restituent des éléments<br />

tout à fait importants comme, par exemple ici, le bruit du poing de Maurice<br />

Thorez qui s’abat sur la table, ou les interventions qui coupent la parole<br />

d’un orateur.<br />

Deuxième réflexion : la fidélité absolue manifestée par le PCF à l’égard<br />

de l’Union soviétique - avec le choix, face au dilemme, de soutenir non pas<br />

Khrouchtchev mais les forces les plus conservatrices en URSS - constitue également<br />

un élément clé. Je reviendrai sur son interprétation, mais c’est un élément<br />

fondamental <strong>et</strong> qui va porter loin. Je veux évoquer ici un fait qui n’a pas<br />

été évoqué jusqu’ici en France, mais qui a été découvert par un chercheur italien,<br />

Federico Angel Fieri, il y a maintenant plus de quinze ans. La fidélité à<br />

l’URSS érigée en concept, conduisant à la défense inconditionnelle de l’URSS<br />

<strong>et</strong> à l’approbation de l’intervention soviétique en Hongrie, va marquer jusqu’à<br />

la discussion qui réunit les représentants des partis <strong>communiste</strong>s du monde<br />

entier à Moscou, en novembre 1957, pour décider de la manière dont on allait<br />

traiter Nagy. <strong>Le</strong>s <strong>communiste</strong>s hongrois, les archives hongroises en attestent,<br />

ont avancé l’idée qu’il convenait de juger Nagy pour traîtrise, ce qui signifiait<br />

la condamnation à la peine de mort. C<strong>et</strong>te proposition a été soumise à tous les<br />

dirigeants des partis au pouvoir, mais également à Palmiro Togliatti <strong>et</strong> à Maurice<br />

Thorez. Nous savons que Palmiro Togliatti a approuvé c<strong>et</strong>te mesure. Quant<br />

à Maurice Thorez, si les archives n’ont pour l’instant fourni aucun élément à ce<br />

suj<strong>et</strong>, je doute qu’il l’ait désapprouvée, parce que le seul qui ait refusé la<br />

condamnation pour traîtrise de Nagy est Gomulka. Ce document de novembre<br />

1957, qui a été publié en italien à partir des sources hongroises, a évidemment<br />

provoqué un certain nombre de controverses. Mais depuis plus de quinze ans<br />

qu’il a été rendu public, il reste à établir jusqu’où est allée ici, en France, la fidélité<br />

thorézienne à l’URSS, notamment dans l’affaire de Imre Nagy.<br />

Troisième réflexion : la consultation des archives, <strong>et</strong> notamment des enregistrements<br />

sonores des réunions du comité central, s’avère extrêmement utile.<br />

Sur ce point notamment, l’ouverture de ses archives par le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

<strong>français</strong> a rendu un énorme service. L’écoute des enregistrements perm<strong>et</strong> en<br />

eff<strong>et</strong> de se rendre compte de la manière dont « un débat est organisé » - si on<br />

peut appeler cela un débat - dans les conditions de l’époque. C'est-à-dire d’observer<br />

la manière dont chacun va intervenir, essayer éventuellement d’apporter<br />

un certain nombre de nuances. Elle perm<strong>et</strong> de mesurer la présence, je dirais<br />

l’omniprésence, d’un Maurice Thorez qui, bien qu’affaibli - il s’excuse d’ailleurs<br />

à plusieurs reprises de rester assis - intervient régulièrement dans ces<br />

débats. Et ce qui est frappant, c’est la violence des échanges. C’était déjà le cas<br />

lors de la réunion du mois de mai, c’est également vrai pour la réunion de juin<br />

<strong>1956</strong>, mais c’est encore plus vrai au moment des événements hongrois, lors des<br />

réunions du comité central de novembre <strong>et</strong> de décembre. La violence des affrontements<br />

<strong>et</strong> - j’utilise ici le terme, quitte à être repris - la manipulation des termes.<br />

Car, selon les emplois qu’on fait d’un mot, on induit un certain nombre de<br />

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