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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

ces <strong>et</strong> d’autres rationalités. Il sait également qu’il est des silences qui peuvent<br />

paraître des oublis.<br />

C’est dans c<strong>et</strong> esprit qu’il a examiné trois dates que la secrétaire - je veux<br />

dire la p<strong>et</strong>ite main qui prépare le travail que je suis - lui a présentées avec les<br />

anniversaires 2006 : le 20 e congrès du PCUS (février <strong>1956</strong>) qui reconnaît les<br />

fautes de Staline (mort en 1953), la publication dans la presse internationale (été<br />

<strong>1956</strong>) du rapport « secr<strong>et</strong> » reconnaissant ses crimes, enfin le soulèvement de<br />

Budapest (fin octobre <strong>1956</strong>) <strong>et</strong> la répression soviétique qui s’ensuivit. Tous les<br />

membres du Haut comité des Célébrations nationales ont été unanimes pour<br />

dire qu’à défaut d’être fêtés, ces événements devaient être rappelés <strong>et</strong> Monsieur<br />

Maurice Agulhon a souhaité rédiger l'article les rappelant. Il m’avait dit alors, je<br />

m’en souviens très bien : « vous aurez un texte bien balancé qui expliquera tout<br />

- dont notre choix ». En fait c’était - mais je ne pouvais pas le savoir - la dernière<br />

fois qu’il assistait à une réunion du Haut comité des Célébrations nationales.<br />

Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un texte, manuscrit <strong>et</strong> très difficilement<br />

lisible - alors que son écriture m’est familière depuis de longues années.<br />

La fin m’a surprise par sa brièv<strong>et</strong>é. J’avais l’impression qu’il manquait au moins<br />

un paragraphe sur les événements de Hongrie. Je lui ai immédiatement téléphoné<br />

<strong>et</strong> j’ai appris qu’il avait été victime d’un accident vasculaire. Tant bien<br />

que mal j’ai arrangé la dernière page de son texte <strong>et</strong> le cabin<strong>et</strong> du ministre a souhaité<br />

que pour étoffer ce texte - évidemment un peu court - on fasse appel à un<br />

témoin oculaire s’agissant de la Révolution hongroise. Avant de venir parmi<br />

vous aujourd’hui, j’ai relu mes notes <strong>et</strong> le texte de Monsieur Maurice Agulhon.<br />

Je me suis rendue compte ainsi qu’en écrivant il avait sans doute dialogué avec<br />

un interlocuteur imaginaire qui lui aurait posé la question que vous vous posez<br />

aujourd’hui. Monsieur Agulhon y répondait point par point. Voici ses arguments,<br />

qui sont - je le souligne - aussi ceux du Haut comité des Célébrations<br />

nationales :<br />

« <strong>1956</strong> est une année importante dans l’histoire intérieure de la France,<br />

notamment parce qu’elle ébranle la puissance du “parti de Maurice Thorez”.<br />

Depuis qu’au printemps de 1934 Staline avait découvert que l’ennemi le plus<br />

dangereux pour le communisme de l’URSS n’était pas la pauvre France de<br />

Poincaré <strong>et</strong> d’Herriot mais l’Allemagne d’Hitler, le PCF avait reçu pour rôle<br />

d’appuyer le patriotisme <strong>français</strong>, allié potentiel de la Russie, <strong>et</strong> pour cela de<br />

réintégrer la Nation. C<strong>et</strong>te politique eut un immense succès populaire, qui valut<br />

au PCF une croissance en effectif, en électorat, des influences de toutes sortes<br />

<strong>et</strong> fit de lui un acteur de tout premier ordre au temps du Front populaire, de l’Occupation<br />

<strong>et</strong> de la Résistance, de la Libération <strong>et</strong> encore (défensivement c<strong>et</strong>te<br />

fois) au temps des débuts de la “guerre froide”. Puissance énorme (peut-être<br />

500 000 adhérents, 25 % des voix aux élections, contrôle total de la CGT, <strong>et</strong>c.),<br />

consolidée par une discipline de fer <strong>et</strong> une cohésion morale redoutable, consistant<br />

en fait en une véritable dévotion aux dirigeants, Staline le premier d’entre<br />

eux, <strong>et</strong> Thorez pour la France. C’est ce système qui est contesté de diverses<br />

façons, en <strong>1956</strong>, du dehors <strong>et</strong> du dedans, ce qui justifie que l’on fixe à c<strong>et</strong>te date<br />

son entrée dans une phase durable de lent affaiblissement.

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