Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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<strong>1956</strong> : QUE COMMÉMORE-T-ON ? PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX HISTORIOGRAPHIQUES<br />
Troisième facteur, Thorez est à c<strong>et</strong>te époque d’une certaine façon un<br />
homme brisé. J’évoquais à l’instant sa créativité extraordinaire, notamment<br />
entre 1934 <strong>et</strong> 1937. Mais il a été profondément affecté en deux occasions par<br />
l’obligation de se plier à des réalignements stratégiques, contraires à ses convictions<br />
mais imposés par l’Internationale <strong>communiste</strong>. En 1939, le passage d’une<br />
ligne de Front populaire à celle fondée sur la notion de guerre impérialiste ; en<br />
1947, le tournant du passage à la ligne de guerre froide, à la ligne des deux<br />
camps. En <strong>1956</strong>, Staline n’étant plus là, pour la première fois, il avait la possibilité<br />
de dire non, ou plus exactement, dans c<strong>et</strong>te nouvelle situation de dire oui,<br />
oui aux orientations krouchtchéviennes. Mais vraisemblablement, pour c<strong>et</strong><br />
homme fatigué, usé par la maladie, la dimension psychologique a pesé de façon<br />
non négligeable dans le choix. Voilà comment, de mon point de vue, s’est noué<br />
à l’intérieur du groupe dirigeant <strong>français</strong> ce ratage historique, le ratage de l’opportunité<br />
ouverte par le rapport secr<strong>et</strong>.<br />
Denis PESCHANSKI<br />
Merci pour ce développement sur le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong>. L’articulation<br />
dont il procède entre analyse des facteurs identitaires <strong>et</strong> mise en perspective<br />
comparative constitue un premier apport à notre discussion. Avant de passer<br />
la parole à Marc Lazar, dont j’imagine qu’il souhaitera revenir, entre autres,<br />
sur la comparaison entre le parti <strong>français</strong> <strong>et</strong> le parti italien, je voudrais la donner<br />
à Danielle Neirinck, Déléguée aux Célébrations nationales, pour nous dire pourquoi<br />
l’année <strong>1956</strong> a été r<strong>et</strong>enue <strong>et</strong> inscrite au programme des Célébrations nationales<br />
du ministère de la Culture pour 2006.<br />
Danièle NEIRINCK<br />
Il peut sembler effectivement étonnant que le Haut comité des Célébrations<br />
nationales ait fait ce choix, comme cela, de prime abord, si l’on considère<br />
que son Président, Monsieur Jean <strong>Le</strong>clant est un éminent égyptologue <strong>et</strong> qu’il<br />
est secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions <strong>et</strong> belles-l<strong>et</strong>tres. C’est<br />
ignorer que les douze personnalités choisies par le ministre de la Culture <strong>et</strong> de<br />
la communication pour une durée de trois ans sont représentatives des grands<br />
domaines historique, littéraire, artistique, scientifique <strong>et</strong> technique. <strong>Le</strong> Haut<br />
comité des Célébrations nationales est conscient de ses missions : éduquer à la<br />
citoyenn<strong>et</strong>é par la mémoire ; être attentif à la diversité des repères d’une histoire,<br />
nationale <strong>et</strong> européenne. Il essaie de ne pas laisser de côté les repères politiques.<br />
Il est des faits qu’il est nécessaire de rappeler parce qu’ils structurent la<br />
conscience que l’on a de son temps. <strong>Le</strong> Haut comité des Célébrations nationales<br />
sait qu’il travaille sur une histoire courte, celle de la constitution de la nation<br />
<strong>français</strong>e, dans un espace européen, à partir duquel se découvrent d’autres espa-<br />
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