Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
vrir une archive pour que la vérité historique se dégage de ce document. Mais, à<br />
l’inverse, il est rare de parvenir à faire de la bonne histoire sans recours aux archives.<br />
Et on a pu vérifier qu’il se fait beaucoup de mauvaise histoire du fait de l’absence<br />
d’archives, mais aussi faute de les avoir cherchées. Alors, à présent que de<br />
nouvelles sources relatives au communisme sont disponibles, il est à souhaiter<br />
qu’elles contribueront à réaliser de la très bonne histoire. Je suis convaincu que<br />
les choses sont bien engagées en ce sens, y compris pour des périodes complexes.<br />
A la condition toutefois de revenir en permanence à quelques-uns des fondements<br />
mêmes de la démarche historienne. Poser ses questions au document <strong>et</strong> décrypter<br />
les sources, revenir à son questionnement d’origine pour éventuellement le<br />
modifier complètement ou simplement l’amender, r<strong>et</strong>ourner ensuite aux sources<br />
: c’est de c<strong>et</strong> aller-r<strong>et</strong>our entre le questionnement de l’historien <strong>et</strong> la source que<br />
va résulter le résultat - provisoirement final - de la démarche historienne. Et ce<br />
résultat que l’historien tire de l’exploitation des archives est directement lié aux<br />
questions qu’il leur a posées. Ceci nous amène à quelques questions épistémologiques<br />
essentielles dans notre métier ; par exemple, qu’il n’y a pas « la » vérité<br />
en histoire. A c<strong>et</strong> égard, le Président Bramy a pointé à juste titre, dans son discours,<br />
la question effectivement sensible de l’utilisation de l’histoire ; en particulier<br />
de l’utilisation de l’histoire dans la sphère législative, généralement en fonction<br />
de critères politiques. Pas plus qu’il n’y a « la » vérité, il n’y a plusieurs<br />
vérités en histoire. Mais il peut exister plusieurs lectures vraies des documents qui<br />
constituent des traces laissées par l’histoire. Et ces différentes lectures sont dépendantes<br />
des questionnements qui ont été mis en œuvre par chaque historien.<br />
Ce préambule achevé, notre table ronde va évoquer l’année <strong>1956</strong> avec la<br />
participation d’intervenants qui comptent parmi les meilleurs spécialistes du<br />
suj<strong>et</strong>. Je suggère donc trois échelles d’approche :<br />
• La première au niveau de ce que nous appelons dans notre jargon « les<br />
processus décisionnels », c’est-à-dire, au fond, en observant comment se<br />
prend la décision. Cela renvoie au positionnement du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />
<strong>français</strong> dans le mouvement <strong>communiste</strong> international, face aux événements<br />
de l’année <strong>1956</strong>. Cela amènera à s’interroger sur les circuits décisionnels<br />
entre le centre <strong>et</strong> la périphérie, ici Moscou <strong>et</strong> Paris, <strong>et</strong>, dans le<br />
même temps, sur le degré d’autonomie du PCF <strong>et</strong> de sa direction.<br />
• La seconde au plan national <strong>français</strong>, c’est-à-dire en analysant le comportement<br />
du PCF, les réactions de son organisation <strong>et</strong> de ses adhérents face<br />
à ces chocs successifs.<br />
• La troisième au niveau du rapport d’ensemble du PCF à la société <strong>français</strong>e,<br />
c’est-à-dire en jaugeant l’impact de ces événements sur son<br />
influence même <strong>et</strong> sur son implantation organisationnelle <strong>et</strong> électorale.<br />
Mes collègues traiteront ces questions en tant que spécialistes qu’ils sont,<br />
je leur demande simplement de veiller à expliciter dans quelle mesure l’historiographie<br />
a évolué en ces domaines <strong>et</strong> ce que nous apportent les archives.<br />
Comme il s’agit d’un obj<strong>et</strong> qui sera traité tout au long de nos deux Journées, on<br />
se bornera ici à un panorama général. Je propose à Roger Martelli d’entamer la<br />
discussion sur la question du processus décisionnel.