Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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<strong>1956</strong> : QUE COMMÉMORE-T-ON ? PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX HISTORIOGRAPHIQUES<br />
Denis PECHANSKI<br />
Avant d’engager notre discussion, je veux dire mon plaisir de présider<br />
c<strong>et</strong>te table ronde en compagnie d’anciens complices - entendez complices<br />
depuis longtemps dans l’étude du mouvement <strong>communiste</strong> <strong>et</strong> dans le travail sur<br />
les archives. J’inscrirai également quelques remarques, périphériques à notre<br />
suj<strong>et</strong>, dans la continuité des allocutions prononcées en ouverture de ces Journées<br />
d’étude.<br />
La première débutera par l’évocation d’un souvenir personnel. Il y a presque<br />
vingt-cinq ans, j’ai été sollicité par la fille de Marcel Cachin, dont la famille<br />
détenait les carn<strong>et</strong>s manuscrits tenus par son père. Je précise d’emblée que ces<br />
carn<strong>et</strong>s se sont avérés être d’un intérêt fondamental, puisqu’ils couvraient toute<br />
la période 1905-<strong>1956</strong> <strong>et</strong> que nous avons finalement pu, après douze ou treize<br />
ans de travail, les publier dans leur quasi intégralité. Ma discussion avec Marcelle<br />
Hertzog-Cachin a porté sur le sort qu’il convenait de réserver à ces documents.<br />
J’ai dit mon sentiment qu’ils relevaient du patrimoine national <strong>et</strong>, qu’à<br />
ce titre, ils avaient vocation à être confiés à une institution spécifiquement<br />
conçue pour accueillir le patrimoine national. C’est donc tout à fait logiquement<br />
que nous nous sommes r<strong>et</strong>ournés vers les Archives nationales, où ces carn<strong>et</strong>s<br />
sont aujourd’hui conservés.<br />
Pierre Thorez, a fait sienne c<strong>et</strong>te logique, il y a quelques années, quand<br />
s’est posée la question du devenir des archives de Maurice Thorez <strong>et</strong> de Jeann<strong>et</strong>te<br />
Vermeersch. La rumeur d’un éventuel transfert de ces archives vers d’autres<br />
horizons européens… plus orientaux avait couru un temps, avant que ces<br />
derniers connaissent les bouleversements que l’on sait… Mais Pierre Thorez<br />
avait la conviction profonde, sans doute renforcée par sa culture d’universitaire,<br />
que la nature de ces archives <strong>et</strong> l’intérêt historique qu’elles présentaient les destinaient<br />
légitimement aux Archives Nationales.<br />
C’est toujours à c<strong>et</strong>te même logique de préservation du patrimoine national<br />
que je relie la décision du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> de déposer son fonds<br />
d’archives historiques aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Il<br />
est d’ailleurs intéressant de souligner que, finalement, c’est le parti qui apparaissait<br />
comme le parti le plus secr<strong>et</strong>, celui dont le secr<strong>et</strong> était même consubstantiel<br />
de son action - nous y reviendrons en procédant à l’investigation historique de<br />
l’année <strong>1956</strong> - qui va se trouver en situation d’avant-garde en procédant au<br />
dépôt <strong>et</strong> à l’ouverture de ses archives, situation qui prévaut depuis plusieurs<br />
années. Je le souligne comme chercheur, bien sûr, mais également comme<br />
membre de la direction du département des sciences humaines <strong>et</strong> sociales du<br />
CNRS. C’est à ce titre que je veux saluer à la fois la démarche initiée par le <strong>Parti</strong><br />
<strong>communiste</strong> <strong>et</strong> le travail réalisé depuis par l’équipe des Archives départementales<br />
pour m<strong>et</strong>tre à la disposition des chercheurs ces sources essentielles pour la<br />
compréhension du vingtième siècle.<br />
Ma seconde remarque portera sur l’usage des archives. Bien sûr, les archives<br />
ne parlent pas d’elles-mêmes. Il est illusoire d’imaginer qu’il suffit de décou-<br />
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