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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

Jean-Louis ROBERT<br />

Je souhaiterais revenir sur les notions d’antériorité <strong>et</strong> de continuité autour<br />

de l’année <strong>1956</strong>. Cela a été évoqué, des choses se préparaient avant <strong>1956</strong> d’autres<br />

ont continué après. <strong>Le</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> a continué de fonctionner, mais en<br />

connaissant des changements, avec des militants qui s’interrogeaient, <strong>et</strong>c. Je<br />

crois que cela prouve que, si un certain nombre de <strong>communiste</strong>s s’interrogent<br />

profondément <strong>et</strong> quittent le PCF, parfois dans des conditions particulières… on<br />

connaît l’exemple de Lyon-Caen, qui, finalement, serait prêt à revenir si on<br />

acceptait de lui conserver ses activités en lien avec les syndicats, dans le<br />

domaine du droit du travail... il y a fondamentalement, en <strong>1956</strong>, quelque chose<br />

de l’ordre de la mentalité <strong>communiste</strong> des années 1936-1937, pendant laquelle<br />

- cela a été rappelé - les procès de Moscou paraissaient quelque chose d’à peine<br />

discutable <strong>et</strong> n’étaient de fait pas discutés.<br />

Un autre choc, peut-être comparable au r<strong>et</strong>entissement du rapport<br />

Khrouchtchev <strong>et</strong> de l’évocation des crimes staliniens, a été l’annonce du pacte<br />

germano-soviétique. Là aussi, un gros choc a entraîné quelques départs, y compris<br />

d’intellectuels ou de députés. Mais, finalement, il va finir par être surmonté,<br />

car arrivent ensuite l’avènement de la Résistance, les conditions du combat, <strong>et</strong>c.<br />

C’est ce qu’on peut constater, dans une certaine mesure, en <strong>1956</strong>. <strong>Le</strong> choc est<br />

aussi en partie surmonté <strong>et</strong> puis, au fond, le parti est encore là, puissant, continuant<br />

- là, je vais contredire ce que j’avançais tout à l’heure en traçant la chronologie<br />

de <strong>1956</strong> - à représenter une force aux capacités significatives d’agir en<br />

politique ou dans le social. Une force importante <strong>et</strong> j’ajoute, y compris un attrait.<br />

La génération des intellectuels qui quitte le PCF dans les années 1980 est souvent<br />

celle qui l’a rejoint dans les années 1960. Puisque nous avons tous évoqués<br />

des épisodes personnels : j’étais moi-même, dans les années 1960, élève au<br />

lycée Louis <strong>Le</strong> Grand. Et bien, autour de 1964 - huit ans seulement après <strong>1956</strong><br />

- le cercle des Jeunesses <strong>communiste</strong>s de ce prestigieux lycée parisien comptait<br />

plus de cent adhérents. <strong>Le</strong> rayonnement du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> trouvait encore un<br />

écho chez des jeunes bourgeois, généralement destinés à des carrières intellectuelles,<br />

de cadres ou ingénieurs. <strong>Le</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> constituait encore, malgré<br />

tout, comme une force multiple <strong>et</strong> attractive. Ce qui signifie que, même si j’ai<br />

dit tout à l’heure que <strong>1956</strong> pouvait fonctionner comme borne chronologique<br />

signifiant le déclin du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>, les choses ne sont ni aussi simples, ni<br />

aussi linéaires. J’en veux pour preuve l’existence d’épisodes qui démontrent<br />

que, quoi que le PCF soit devenu de <strong>1956</strong> à nos jours, il manifeste encore des<br />

capacités d’initiatives politiques. Et cela, même si cela ne marche pas, pour<br />

mille raisons qui peuvent être étudiées. Par exemple, la signature du Programme<br />

commun en 1972 relève bien d’une initiative du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>. C’est lui, <strong>et</strong><br />

non les autres forces du champ politique, qui le voulait <strong>et</strong> c’est lui qui l’a<br />

imposé. Qu’après, la stratégie des socialistes <strong>et</strong> de François Mitterrand jouent,<br />

bien sûr. Mais en 1972, c<strong>et</strong>te initiative qui me semble encore marquer une force<br />

politique du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>. J’aurais d’ailleurs tendance à me demander, s’il<br />

fallait prendre une autre borne, s’il ne serait pas opportun de la situer dans ces<br />

années 1970, <strong>et</strong> si, finalement, elle serait pas au moins aussi signifiante en terme

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