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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> : UNE BORNE DE PÉRIODISATION OPÉRATIONNELLE POUR LA RECHERCHE ?<br />

M’étant attardé sur c<strong>et</strong>te première façon de voir, je ne néglige pas pour<br />

autant la deuxième, toute différente. Il y a certes un paradoxe, mais les historiens<br />

sont toujours comme ça. D’abord en <strong>1956</strong>, rien n’est joué. <strong>Le</strong> <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

est encore très fort avec 156 parlementaires obtenus après un succès<br />

électoral quand même satisfaisant. L’histoire n’est jamais aussi mécanique,<br />

aussi simple, aussi définitive. L’historien n’a pas le droit de commencer à interroger<br />

au suj<strong>et</strong> de l’année <strong>1956</strong> uniquement pour chercher c<strong>et</strong>te grande fresque<br />

d’explication du déclin. Car ce n’est pas ainsi que les choses se sont posées historiquement,<br />

mais dans le contexte de <strong>1956</strong>, marqué par les luttes sur la question<br />

de l’Algérie, pour la paix, pour la création d’avancées sociales plausibles<br />

compte tenu du rapport de force que la gauche avait obtenu, <strong>et</strong>c. Vous constatez<br />

qu’en procédant ainsi, je ne commence pas par apprécier <strong>1956</strong> en fonction<br />

d’une évolution ultérieure, qui certes s’est produite, mais que je peux considérer<br />

n’étant pas liée à <strong>1956</strong>, comme une coïncidence historique. Je vais plutôt<br />

l’aborder dans une autre démarche historiographique consistant à s’interroger<br />

sur l’action du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> dans les conditions de l’époque, dans le cadre<br />

de la société <strong>et</strong> des questions qui lui étaient posées, sans savoir si cela aura un<br />

eff<strong>et</strong> à long terme ou non. C’est un renversement de perspective, je n’apprécie<br />

pas ce qui se passe en <strong>1956</strong> à l’aune d’une évolution de cinquante ans.<br />

Vous l’aurez constaté, la question qui nous est posée m’inspire essentiellement<br />

des réflexions sur la temporalité <strong>et</strong> la chronologie. D’autant que je ne<br />

suis pas un spécialiste de <strong>1956</strong>, mais plutôt du premier vingtième siècle.<br />

Je ferai une deuxième remarque pour rester dans ces questions de temporalité.<br />

On a évoqué, mais sans peut-être le mesurer suffisamment, que l’idée<br />

d’un cycle 1936-<strong>1956</strong> n’est pas absurde, bien qu’elle ne fonctionne pas entièrement,<br />

ne serait-ce que par la proximité. Car, finalement, on perd un peu de vue<br />

que nous sommes en 2006 <strong>et</strong> que <strong>1956</strong>, ça fait déjà cinquante ans, c’est loin. Si<br />

je remonte de dix ans… Dix ans avant 2006, ça fait 1996-1995, soit la première<br />

élection de Jacques Chirac comme président de la République ; c’est tout près,<br />

on est dedans quasiment. De la même façon, dix ans avant <strong>1956</strong>, c’est 1945,<br />

c’est la fin de la seconde guerre mondiale ; on est tout près de la seconde guerre<br />

mondiale. Mais <strong>1956</strong> est très loin de nous. Bien sûr, à l’échelle d’un historien<br />

universel, sur vingt ou trente siècles, tout est proche. Mais à l’échelle de l’historiographie<br />

du vingtième siècle, <strong>1956</strong> est très loin de nous <strong>et</strong> très près de 1945.<br />

Il y a beaucoup de chance que l’on sente encore la seconde guerre mondiale.<br />

Elle est là, <strong>et</strong> même probablement plus encore que les interventions des témoins<br />

à ces Journées d’étude nous l’ont laissé entrevoir. Fatalement, le temps a passé,<br />

donc les témoins que nous avons sont les jeunes de l’époque : les jeunes<br />

conscrits, les jeunes <strong>communiste</strong>s, les jeunes députés, <strong>et</strong>c. Certains ont vécu la<br />

fin de la seconde guerre mondiale, ont eu juste le temps d’être peut-être résistants.<br />

Mais les témoins de <strong>1956</strong> qu’il serait intéressant d’entendre, ce sont les<br />

gens qui avaient vécu à fond la seconde guerre mondiale. Car ceux qui sont présent<br />

aujourd’hui appartiennent à la génération de témoins qui arrivaient en<br />

<strong>1956</strong>, qui ont entendus les anciens parler, qui ont été au contact de l’héroïsme<br />

de ces anciens devant eux. Et ceux qui venaient de faire la seconde guerre mon-<br />

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