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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

tion qui suit ? <strong>Le</strong>s historiens ont beaucoup de débats entre eux à ce suj<strong>et</strong>, <strong>et</strong><br />

l’idée vient souvent qu’il ne faut pas proj<strong>et</strong>er sur ce qui s’est passé ce qu’on sait<br />

de ce qui vient après. Il est vrai que nous sommes en 2006 <strong>et</strong>, cela a été évoqué,<br />

nous savons ce qu’il est advenu du communisme <strong>français</strong> depuis <strong>1956</strong>. Nous<br />

connaissons également sa très grande faiblesse actuelle, on pourra en convenir<br />

sans déformer la réalité, au moins en termes relatifs par rapport à la situation<br />

antérieure. Deux points de vue historiographiques s’offrent alors à nous.<br />

Soit on se pose la question : « l’année <strong>1956</strong> marque-t-elle le début du<br />

déclin du PCF ? ». On peut certes objecter qu’en <strong>1956</strong>, le PCF n’est déjà plus à<br />

son niveau de la Libération. Cela n’obéirait peut-être pas à l’orthodoxie de la<br />

pensée <strong>communiste</strong> du rayonnement <strong>et</strong> de l’influence du communisme, mais cela<br />

fournit un indicateur qui fait sens, même si ce recul par rapport aux somm<strong>et</strong>s<br />

atteint à la Libération reste assez faible, on reste à 26%. Alors, doit-on situer le<br />

premier gros choc subi par le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> à l’été <strong>1956</strong>, puisque nous avons<br />

déjà évoqué la baisse de ses résultats dans quelques élections partielles ? Mais ce<br />

ne sont pas les seules. En 1957 <strong>et</strong> 1958 suivent également des élections partielles,<br />

qui ne sont pas très bonnes pour le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>. Puis le score national<br />

passe de 26 % à 19 %, c’est le premier grand choc. Après, il y aura des p<strong>et</strong>ites<br />

remontées, mais qui perm<strong>et</strong>tront jamais de r<strong>et</strong>rouver ce niveau d’audience. Plus<br />

tard, se produiront d’autres chocs, comme en 1981, <strong>et</strong> ainsi de suite…<br />

On constate qu’ainsi, du point de vue d’une histoire du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

- je ne parle pas d’une histoire de la France, d’une histoire de la société, d’une<br />

histoire générale, ni même d’une histoire du communisme - on peut utiliser la<br />

borne de <strong>1956</strong> pour fixer le début du déclin du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong>, en<br />

considérant qu’un somm<strong>et</strong> se situe quelque part entre 1934 <strong>et</strong> <strong>1956</strong>, avec des<br />

mouvements extrêmement brutaux compte tenu évidemment de la seconde<br />

guerre mondiale. On se place ainsi dans la perspective d’un temps long du<br />

déclin, qu’il reste à expliquer du point de vue de l’historiographie. Car c’est<br />

facile, pour un historien, de porter un regard sur cinquante ans d’histoire. De ce<br />

point de vue, en 2100 ou en 2200, un historien serait encore davantage fondé à<br />

conclure que, effectivement, <strong>1956</strong> marque le grand début du déclin du <strong>Parti</strong><br />

<strong>communiste</strong> <strong>français</strong>.<br />

Je viens d’évoquer une hypothèse de travail possible. Elle a du sens <strong>et</strong> n’est<br />

pas si absurde, mais présente le danger de conduire à scruter l’année <strong>1956</strong> pour<br />

établir en quoi elle recèle la cause du déclin. Ce processus de déclin du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />

pourrait ainsi tenir à un « r<strong>et</strong>ard » ou, puisque qu’on a déjà discuté de<br />

c<strong>et</strong>te notion de r<strong>et</strong>ard, on pourrait employer un autre terme, comme « erreur », par<br />

exemple, ainsi que cela a été fait pour qualifier le vote des pouvoirs spéciaux. Et<br />

on pourrait en énumérer bien d’autres. On poserait alors que ce « r<strong>et</strong>ard » ou ces<br />

« erreurs » déclencheraient un certain processus, car je rappelle ici que, pour l’historien,<br />

l’événement est à la fois déclencheur <strong>et</strong> révélateur. Ici, il déclencherait <strong>et</strong><br />

révèlerait chez le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>, confronté aux circonstances particulières de<br />

<strong>1956</strong> : la guerre d’Algérie, la révélation des crimes du stalinisme… une difficulté,<br />

une incapacité historique à surmonter ces circonstances nouvelles, très<br />

dures, qui rem<strong>et</strong>tent en cause certains aspects très profonds de son identité.

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