Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
<strong>et</strong> les interrogations critiques portées de plus loin sur le déroulement du passé.<br />
Ecart entre les vertus de la commémoration <strong>et</strong> la rigueur de la méthode historique.<br />
Ecart entre une mémoire identité, ciment d’une solidarité <strong>et</strong> d’une fraternité<br />
d’essence supérieure <strong>et</strong> des mémoires durement autopsiées, décapées <strong>et</strong><br />
recoupées pour les besoins de la vérité ». Je pense que nous somme là au cœur<br />
du suj<strong>et</strong>. Il y a une mémoire, des mémoires qui s’entrechoquent sans qu’il y ait<br />
aucune leçon à donner. C<strong>et</strong>te séance de témoignages constitue un beau moment,<br />
courageux.<br />
Henri MARTIN<br />
Je n’ai souhaité accuser personne dans c<strong>et</strong>te salle. Ce que j’ai mis en accusation,<br />
c’est la déclaration de mon parti que je trouve extrêmement maladroite.<br />
Que, par ailleurs, des jeunes chercheurs, qui n’ont évidemment pas vécu c<strong>et</strong>te<br />
période, portent des appréciations dans leurs travaux parce qu’ils n’ont pas eu<br />
suffisamment de conversation avec des gens qui l’ont vécue, ne me choque pas<br />
du tout. Cela fait partie, disons, des hésitations dans le travail de recherche.<br />
Mon propos visait nommément, une ligne politique qui me paraît dangereuse<br />
pour l’unité du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>.<br />
Naftali SKROBEK<br />
Je suis devenu <strong>communiste</strong> comme d’autres deviennent catholiques. Né<br />
chez des <strong>communiste</strong>s, j’ai bu - comme on dit - le communisme avec mon p<strong>et</strong>it<br />
lait. Je voudrais redire que les actes des millions de <strong>communiste</strong>s ont été motivés<br />
par le proj<strong>et</strong> qu’ils portaient, profondément humain, de changer un univers<br />
fait d’injustices <strong>et</strong> de morts. Alors, il faut comprendre une réaction comme celle<br />
d’Henri Martin. Cela a été dur de prendre connaissance du rapport Khrouchtchev,<br />
dur de découvrir une certaine réalité. Mais je veux souligner qu’il revient<br />
aux historiens de rétablir la vérité. Et il faut veiller à ne pas tout justifier, parce<br />
que beaucoup de choses restent injustifiables. Henri Martin a d’ailleurs commencé<br />
son intervention en disant : « les crimes de Staline ne sont pas justifiables<br />
». Il a tout dit là. On peut discuter sur bien des points, mais il ne faudrait<br />
pas que la recherche prenne un caractère d’antagonisme. On est en train de rétablir<br />
l’histoire, chacun apporte son témoignage, sa vie.<br />
Jean-Paul SCOT<br />
L’historien n’a ni à édicter une vérité, ni à justifier ce qui s’est passé. Il<br />
peut tout au plus se perm<strong>et</strong>tre de chercher à comprendre ce qui s’est passé <strong>et</strong> à<br />
l’interpréter. Je suis navré d’avoir à rompre avec la sensibilité qui s’exprime<br />
dans c<strong>et</strong>te table ronde, mais moi, je cherche à comprendre par comparaison. Je<br />
poserai la question assez simplement. Pour comprendre le vote des pouvoirs<br />
spéciaux au gouvernement Guy Moll<strong>et</strong>, ne faut-il pas le comparer, par exemple,<br />
avec l’abstention exprimée par le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> au gouvernement Ramadier,<br />
en mars 1947, à propos de l’affaire d’Indochine ? On sait que Waldeck Roch<strong>et</strong>,