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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

mais, quand même, réfléchissaient <strong>et</strong> constataient que quelque chose s’était<br />

passé qu’on n’avait pas vu.<br />

Jean CORDILLOT<br />

Effectivement, dans l’après-midi du 7 novembre, j’ai été abordé dans les<br />

couloirs de l’Assemblée par Raymond Guyot. Il semblait visiblement inqui<strong>et</strong> de<br />

ce que serait la réception à l’ambassade d’URSS à l’occasion de l’anniversaire<br />

de la Révolution d’octobre, <strong>et</strong> m’a demandé de l’y accompagner. Je dois dire<br />

que j’étais plus que réticent, non pas en raison des événements mais, beaucoup<br />

plus prosaïquement, parce que je n’étais vraiment pas dans une tenue indiquée,<br />

dans mon esprit tout au moins, pour aller à une telle réception. Raymond Guyot<br />

a vivement insisté <strong>et</strong> m’a même emmené dans sa voiture. J’ai donc assisté à la<br />

réception. Je dois dire que, ce soir là, il y avait très peu d’assistance à l’ambassade<br />

d’URSS. Plusieurs membres du bureau politique étaient présents ; lesquels<br />

? Je ne saurais le dire. L’atmosphère générale, autant que je m’en souvienne,<br />

était plutôt morose, mais l’approbation de l’intervention soviétique en<br />

Hongrie était évidente.<br />

Ce dont je me souviens mieux, c’est qu’en sortant de l’ambassade, le<br />

chauffeur de Guyot, qui avait écouté la radio, lui a dit : « Raymond, tu sais, ils<br />

ont mis le feu au Comité central ». Dans l’effervescence, nous sommes partis<br />

rejoindre la colonne qui marchait sur l’Humanité. Ensuite, nous nous sommes<br />

r<strong>et</strong>rouvés, je crois, au 120 rue Lafay<strong>et</strong>te. Marcel Servin, qui était sorti par les<br />

toits du siège du comité central est arrivé. C’est là qu’a pris naissance le tract<br />

qui a été publié le lendemain, qui comportait une formule suggérée par Raymond<br />

Guyot, dont je n’ai plus le souvenir exact, mais qui parlait de « sonner<br />

aux oreilles des fascistes ».<br />

Je veux souligner que c<strong>et</strong>te atmosphère de violence extrême ne régnait pas<br />

qu’à Paris, mais dans nos p<strong>et</strong>ites villes de province aussi. Ainsi, dans l’Yonne,<br />

le siège de la fédération était à mon domicile, qui était en plus la maison du<br />

député. Une manifestation est allée de l’hôtel de ville au monument aux morts.<br />

Mon domicile ne se situait pas du tout sur ce parcours, mais la manifestation a<br />

fait un croch<strong>et</strong> pour venir devant chez moi, où elle m’a copieusement hué. Elle<br />

était conduite par le maire RPF de Sens, l’archevêque <strong>et</strong> le secrétaire de la section<br />

socialiste. Je dois dire aussi, mais cela tient plutôt de l’anecdote, que nous<br />

nous étions un peu préparés à c<strong>et</strong>te éventualité <strong>et</strong> que si les manifestants avaient<br />

tenté de donner l’assaut, ils auraient été bien reçus.<br />

Hélène CUENAT<br />

Je reviens sur ce que vous avez dit tout à l’heure, Monsieur Cordillot, <strong>et</strong><br />

sur le p<strong>et</strong>it débat qui a suivi. Je ne suis pas d’accord avec l’appréciation que «si<br />

on n’avait pas voté, alors on nous aurait rendu responsables de la suite, c'està-dire<br />

de la guerre ». J’estime qu’on ne vote pas les pouvoirs spéciaux à qui que<br />

ce soit, sans avoir un programme, un proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> en disant comment on peut le réaliser.<br />

Et lorsqu’on est précisément sur le point d’avoir des élections importan-

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