Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
Danielle TARTAKOWSKY<br />
Avant de donner la parole à la salle, je souhaite réagir. L’intitulé de c<strong>et</strong>te<br />
séance était « l’année 56 vécue par des militants <strong>communiste</strong>s ». Je trouve éclairant,<br />
à l’écoute des quatre témoins, que <strong>1956</strong> - dont nous savons bien qu’elle est<br />
une année extrêmement polysémique - ne signifie pas la même chose pour les<br />
militants. Ils ne parlent pas du même lieu géographique, ils ne parlent pas des<br />
mêmes responsabilités, ils n’ont pas les mêmes priorités. Il me semble que cela<br />
constitue une leçon pour les politiques, mais également pour les historiens : un<br />
appel à ne pas céder à l’injonction commémorative qui nous dit ce qu’il faut<br />
commémorer <strong>et</strong>, nous disant ce qu’il faut commémorer, nous dit ce que nous<br />
devons entendre par <strong>1956</strong>. Ce qui me paraît intéressant pour l’historien - je<br />
tends ici une perche à destination des intervenants de tout à l’heure, puisque ce<br />
sont majoritairement des historiens - c’est de tenter de comprendre pourquoi,<br />
pour tel ou tel militant, tel ou tel groupe de militants, telle ou telle formation,<br />
c’est tel aspect de <strong>1956</strong> qui occupait nécessairement le devant de la scène, dans<br />
des articulations avec le reste qu’il faut ensuite déterminer.<br />
Un intervenant<br />
Je souhaiterais obtenir des informations plus précises au suj<strong>et</strong> du si<br />
controversé vote par les députés <strong>communiste</strong>s des pouvoirs spéciaux au gouvernement<br />
de Guy Moll<strong>et</strong>. Il me semble que l’on n’insiste pas assez sur le fait qu’il<br />
s’agissait d’un vote pour la pleine application du programme de Front républicain,<br />
lequel prévoyait noir sur blanc l’ouverture de négociations avec les représentants<br />
du peuple Algérien, du Front de libération nationale en l’occurrence. Il<br />
serait d’ailleurs intéressant de savoir s’il existe des archives de la SFIO relatives<br />
à ce point. Toujours est-il que la direction du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> était<br />
informée de l’existence de premiers contacts. Des négociations officieuses<br />
avaient eu lieu à Rome entre des représentants du Front de libération nationale<br />
<strong>et</strong> le secrétaire général-adjoint du <strong>Parti</strong> socialiste. Ces éléments peuvent expliquer<br />
le vote des pouvoirs spéciaux.<br />
Jean CORDILLOT<br />
Sur ce point précis, je n’ai pas de grande précision à apporter. Ce que je<br />
peux dire, c’est qu’effectivement, Guy Moll<strong>et</strong> affirmait demander les pleins<br />
pouvoirs pour faire la paix. Mais le comportement qui avait été le sien à Alger,<br />
le 6 avril, pouvait faire douter de la réalité de sa volonté d’user des pleins pouvoir<br />
notamment contre les ultras qui avaient acclamé Soustelle. <strong>Le</strong> fait qu’il ait<br />
très rapidement r<strong>et</strong>iré le général Catroux, d’abord nommé ministre résidant en<br />
Algérie, constituait un autre indice de la faiblesse de c<strong>et</strong>te volonté politique.<br />
Mais je suis bien d’accord avec ce que disait tout à l’heure Claude <strong>Le</strong>comte, si<br />
nous n’avions pas voté les pouvoirs spéciaux, on nous aurait effectivement<br />
accusés de n’avoir par donné au <strong>Parti</strong> socialiste <strong>et</strong> au gouvernement de Guy<br />
Moll<strong>et</strong> la possibilité de faire la paix en Algérie. Cela demeure un éternel débat.<br />
Je reste pourtant convaincu que ce vote n’a pas contribué à faire la clarté.