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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> VÉCUE PAR DES MILITANTS COMMUNISTES<br />

Revenons à c<strong>et</strong>te époque. <strong>Le</strong>s <strong>communiste</strong>s <strong>français</strong> sont très inqui<strong>et</strong>s des<br />

informations que donne la grande presse sur le 20 e congrès du PCUS <strong>et</strong> attendent<br />

avec impatience le compte rendu qui a été annoncé à la salle Wagram. A<br />

un moment de son intervention, Jacques Duclos est amené à citer, comme il le<br />

fait d'habitude, Marx, Engels, Lénine <strong>et</strong>, entraîné par l'habitude, il cite avec le<br />

même élan Staline. Dans la salle, chacun de nous pense que si Jacques, qui a<br />

assisté au congrès du PCUS, associe le nom de Staline à Marx, Engels <strong>et</strong><br />

Lénine, c'est qu'il est toujours digne de l’être. C'est un immense soulagement<br />

pour tous ceux qui sont dans la salle, qui se lèvent <strong>et</strong> applaudissent longuement.<br />

Tous les membres du bureau de la Jeunesse <strong>communiste</strong> étaient assis au même<br />

rang. Je me rappelle que nous nous regardions en souriant, heureux, soulagés.<br />

Pour nous, les commentaires que nous avions lus constituent désormais un mensonge<br />

de plus <strong>et</strong> nous n'allons plus passer de temps à lire les mensonges des<br />

autres journaux. Nous avons très peu écouté le reste du discours, tant nous<br />

étions soulagés. Lorsqu'on nous accuse aujourd'hui d'avoir applaudi les crimes<br />

de Staline, c'est totalement déformer le sens de la réaction des militants <strong>communiste</strong>s<br />

<strong>et</strong> les injurier gravement.<br />

D'autant qu'à l'époque, une de nos tâches les plus urgentes était de mobiliser<br />

notre peuple pour arrêter la guerre d'Algérie qui faisait des victimes tous<br />

les jours. Bientôt, le gouvernement socialiste va rappeler 170 000 soldats dont<br />

des dizaines de milliers vont mourir en même temps que des centaines de milliers<br />

d'Algériens. Au suj<strong>et</strong> des pouvoirs spéciaux qu’on nous reproche d’avoir<br />

votés : si nous ne l'avions pas fait, nous aurions été accusés de ne pas avoir<br />

donné au gouvernement les moyens de faire la paix. Toutefois, ce vote aurait été<br />

plus compréhensible par les Algériens. Dans c<strong>et</strong>te période, notre préoccupation<br />

essentielle, à la JC, est d'organiser des manifestations contre c<strong>et</strong>te guerre. En<br />

1955, nous avons joué un rôle déterminant pour faire manifester 40 000 soldats<br />

sur les 60 000 rappelés. L'exemple de la caserne de Richepanse à Rouen, où les<br />

rappelés avaient tenu tête aux CRS pendant deux jours, en liaison avec 10 000<br />

manifestants amenés par le secrétaire fédéral du parti : Roland <strong>Le</strong>roy, en est un<br />

exemple parmi bien d'autres. C<strong>et</strong>te année, toujours, le <strong>communiste</strong> <strong>français</strong><br />

Alfred Gerson qui aidait les <strong>communiste</strong>s algériens à diffuser le matériel clandestin<br />

Soldat de France est torturé par les parachutistes ; leur général sable le<br />

champagne pour fêter c<strong>et</strong>te capture qu'il trouve importante.<br />

En <strong>1956</strong>, après le vote des pouvoirs spéciaux, soi-disant destinés à<br />

contraindre les colonialistes à la paix, nous ferons manifester 60 000 rappelés<br />

sans attendre que le gouvernement socialiste tienne ses promesses. Celui-ci réagit<br />

vivement <strong>et</strong> 240 <strong>communiste</strong>s qui ont organisé ou soutenu ces manifestations<br />

sont inculpés. J'en fais partie, mais je ne suis pas arrêté car la précédente campagne<br />

pour ma libération l’a fait réfléchir. Plusieurs emprisonnés le seront par<br />

contre pendant un an : Jacques Vigier, ancien maire de Saint-Pierre-des-Corps,<br />

décédé aujourd'hui, Maxime Bonn<strong>et</strong>, ancien lieutenant FTP, enseignant à Valençay,<br />

décédé aussi, l'instituteur Fanton dans la Creuse, la mère de Maurice Gastaud,<br />

qui habite dans le 20 e arrondissement de Paris <strong>et</strong> qui distribuait Soldat de<br />

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