Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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L’ANNÉE <strong>1956</strong> VÉCUE PAR DES MILITANTS COMMUNISTES<br />
s'enfonçait chaque jour davantage dans l'intensification de la guerre. <strong>Le</strong> 2 juill<strong>et</strong>,<br />
Alban Liechti écrivait au président de la République pour lui annoncer son<br />
refus de combattre le peuple algérien. Après de vives discussions, nous lui<br />
apportions notre soutien <strong>et</strong> avions des discussions avec les conscrits pour leur<br />
demander de suivre c<strong>et</strong> exemple. <strong>Le</strong> 19 novembre <strong>1956</strong>, Alban était condamné<br />
à deux ans de prison par un tribunal militaire pour « refus d'obéissance ». Tout<br />
au long de c<strong>et</strong>te année, nous avons rencontré chaque jeune membre de l'Union<br />
de la jeunesse républicaine de France avant son incorporation, nous l'avons<br />
appelé à se conduire à l'armée en jeune travailleur, à refuser les ordres injustes,<br />
nous lui avons fait connaître Soldat de France, journal clandestin destiné aux<br />
soldats, en lui demandant de le distribuer <strong>et</strong> de nous écrire pour alimenter sa<br />
rubrique du « coin du soldat ». C’est grâce à ce système que nous fournissions<br />
également des informations à l’Humanité <strong>et</strong> à l'Avant-garde.<br />
Dans la même période, il nous fallait lutter contre les tentatives de réarmement<br />
de l'Allemagne de l'Ouest, la nomination du général Speidel au commandement<br />
des troupes de l'OTAN, qui m<strong>et</strong>tait de jeunes Français sous les<br />
ordres de l'ancien chef d'Etat-major de la Wehrmacht lors des combats pour la<br />
libération de la France. Là aussi, le refus d'un certain nombre de jeunes de partir<br />
à l'armée sous les ordres de ce général a nécessité de mener le combat pour<br />
leur libération.<br />
Un autre suj<strong>et</strong> nous préoccupait, d'organisation c<strong>et</strong>te fois, avec la préparation<br />
du congrès du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> qui devait se tenir au Havre <strong>et</strong> se prononcer<br />
pour la renaissance de la Jeunesse <strong>communiste</strong> dans la perspective d'un<br />
congrès constitutif à la fin de <strong>l'année</strong>. Il nous semblait que le moment était propice<br />
à nous affirmer résolument <strong>communiste</strong>s tant les événements en France <strong>et</strong><br />
dans le monde montraient la justesse de nos analyses : succès de l'appel de<br />
Stockholm, victoire du socialisme en Chine, développement des mouvements<br />
de libération des peuples, lutte sociale dans des pays comme le nôtre. <strong>Le</strong> rapport<br />
Khrouchtchev, que j'ai lu comme chacun dans <strong>Le</strong> Monde, m’a paru outrancier,<br />
empreint d'un règlement de comptes au sein de la direction du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />
de l’URSS. Je me souviens d'avoir été sceptique sur l'affirmation de<br />
Khrouchtchev déclarant que Staline dirigeait la guerre sur une mappemonde<br />
d'écolier - passage d'une exagération à une autre ! - <strong>et</strong> j'ai fait partie de ceux qui<br />
assistèrent au compte rendu du 20 e congrès du PCUS, salle Wagram, je crois, où<br />
Jacques Duclos fit applaudir le nom de Staline comme dirigeant de la guerre<br />
contre le nazisme.<br />
<strong>Le</strong>s événements de Hongrie sont survenus quand nous étions en pleine<br />
bataille, toujours contre la guerre d'Algérie <strong>et</strong> contre l'expédition militaire<br />
franco-britannique sur le canal de Suez nationalisé par Nasser. On voulait nous<br />
entraîner dans une nouvelle guerre, une opération de reconquête colonialiste. La<br />
propagande délirante de la presse, de la radio, de la télévision naissante, nous a<br />
renforcés dans l'idée qu'il s'agissait en Hongrie d'une opération téléguidée de<br />
Washington contre le socialisme. Idée renforcée par le fait que la Hongrie avait<br />
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