Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
ensemble <strong>et</strong> avec courage a engagé sans tarder, dans des conditions très difficiles,<br />
au Parlement, dans les différentes assemblées élues mais surtout sur le terrain<br />
une lutte résolue contre la guerre <strong>et</strong> ses divers aspects, une lutte reconnue,<br />
d’une certaine façon, par la répression que nous avons subie - des saisies de<br />
l’Humanité aux poursuites contre les militants - une lutte sans répit dont nous<br />
avons le droit d'être fiers.<br />
Danielle TARTAKOWSKY<br />
Je donne à présent la parole à Claude <strong>Le</strong>comte, qui était responsable des<br />
Jeunesses <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> qui nous parle des activités militantes particulièrement<br />
exposées de c<strong>et</strong>te organisation contre la guerre d’Algérie.<br />
Claude LECOMTE<br />
C'est un exercice difficile de replonger dans des souvenirs de cinquante<br />
ans en tentant de r<strong>et</strong>rouver ses réactions d'alors sans tenir compte de ce que l'on<br />
a appris depuis. Pour moi, <strong>l'année</strong> <strong>1956</strong> commence bien plus tôt, avec la dissolution<br />
de l'Assemblée par Edgar Faure. Depuis deux ans, nous luttions pour la<br />
fin de la guerre en Algérie avec le souci de convaincre qu'il s'agissait bien d'une<br />
guerre <strong>et</strong> non d'une simple opération de police, comme le prétendait en 1954 le<br />
ministre de l'Intérieur François Mitterrand. Avec l'obstacle toujours présent de<br />
c<strong>et</strong>te affirmation qu'il s'agissait de trois départements <strong>français</strong> comme on nous<br />
l'avait enseigné à l'école depuis des décennies. C'est tellement vrai que, contrairement<br />
à ce qu’on entend parfois, ce ne sont pas les pouvoirs spéciaux qui ont<br />
envoyé le contingent en Algérie. Il y était déjà car on allait en garnison à Alger,<br />
à Beaune ou à Constantine comme on serait allé en garnison dans n'importe<br />
quelle ville de France. J'ai donc participé pleinement à la campagne électorale.<br />
J'y ai entendu les promesses de paix des représentants du Front républicain,<br />
c<strong>et</strong>te coalition un peu hétéroclite de Guy Moll<strong>et</strong> à Chaban-Delmas. Et je me suis<br />
réjoui de la victoire de ceux qui se réclamaient de la gauche <strong>et</strong> s'affirmaient partisans<br />
de la paix le 2 janvier <strong>1956</strong>.<br />
<strong>Le</strong> gouvernement formé, assuré du soutien <strong>communiste</strong>, ainsi que Jean<br />
Cordillot vient de le confirmer, vint la première désillusion avec la capitulation<br />
de Guy Moll<strong>et</strong> sous les tomates des ultras d'Algérie, le 6 février. J'ai approuvé<br />
le vote des pouvoirs spéciaux en mars <strong>1956</strong>, pensant qu'ils pouvaient être utiles<br />
pour maîtriser les partisans de la guerre <strong>et</strong> ouvrir des négociations avec les combattants<br />
algériens, négociations qui eurent effectivement un commencement<br />
avec la mission de Pierre Commin à Rome. J'étais persuadé, <strong>et</strong> je le demeure en<br />
partie, qu'une opposition de notre part à ces pouvoirs spéciaux aurait été considérée<br />
comme une entrave aux efforts du gouvernement Guy Moll<strong>et</strong> de recherche<br />
d'une solution pacifique à c<strong>et</strong>te guerre.<br />
<strong>Le</strong> reste de <strong>l'année</strong> a été consacré à c<strong>et</strong>te lutte pour la négociation, car nous<br />
nous étions rendus compte que, loin de rechercher la paix, le gouvernement