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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

termes, « de ne pas faire les cons ». Ebranlé par l'argument du Front populaire<br />

(<strong>et</strong> le souvenir de mon paysan de Sergines sur ce point a compté) mais pas<br />

convaincu, j'ai voté la confiance à Guy Moll<strong>et</strong> essentiellement par discipline.<br />

Une discipline que seul eut le courage de rompre clairement, en votant contre,<br />

Robert Ballanger.<br />

Ce vote, nous l'avions assorti de réserves, d'une affirmation de la nécessité<br />

d'engager des discussions avec ceux contre qui on se battait pour aboutir<br />

rapidement à un cessez-le-feu <strong>et</strong> à l'arrêt de la répression <strong>et</strong>, surtout, d'un appel<br />

à développer les actions communes contre la guerre. Pour ma part - <strong>et</strong> nous<br />

étions tous je crois dans c<strong>et</strong> état d'esprit - je ne considérais pas ce dernier point<br />

comme une clause de style.<br />

La suite devait malheureusement confirmer mes inquiétudes <strong>et</strong> mes pressentiments.<br />

Non seulement Guy Moll<strong>et</strong> ne fit pas la paix mais il aggrava la<br />

guerre <strong>et</strong> ce fut bientôt l'envoi du contingent en Algérie, d'abord sous la forme<br />

des rappels. Pour ce qui nous concerne, nous nous sommes employés très activement<br />

à faire monter <strong>et</strong> s'exprimer l'opinion à la guerre, je puis en témoigner.<br />

Ainsi, à Sens nous avons préparé en l'espace d'une journée, dès que nous fut<br />

connue la nouvelle d'un départ de rappelés, une manifestation qui eut lieu le soir<br />

du 28 mai. Après avoir défilé en ville, plusieurs centaines de personnes - 400 à<br />

500 au moins - bloquèrent la gare pendant près de deux heures, empêchant<br />

effectivement l'embarquement de plusieurs jeunes soldats. Tout en nous réjouissant<br />

de la réussite de c<strong>et</strong>te manifestation, force nous était de constater que les<br />

camarades socialistes <strong>et</strong> les électeurs influencés par le <strong>Parti</strong> socialiste n'y avaient<br />

pas ou peu participé. D'ailleurs dans l'Yonne républicaine du 29 avril, un communiqué<br />

signé du secrétaire de la section SFIO indiquait que la section socialiste<br />

« saisie par la section du PC d'une proposition en vue de former un comité<br />

de paix en Algérie par la négociation, fait unanimement confiance à Guy Moll<strong>et</strong><br />

dans la poursuite de son œuvre de pacification en Algérie <strong>et</strong> souhaite que<br />

tous les groupes politiques qui ont voté les pouvoirs spéciaux, continuent de lui<br />

apporter leur soutien sans réserves ». Et dans l'Yonne républicaine du 4 mai,<br />

Jacques Pi<strong>et</strong>te, député socialiste de l'Yonne, motivait de la façon suivante son<br />

refus de recevoir une délégation de <strong>communiste</strong>s sénonais qui avaient demandé<br />

à le rencontrer : « Depuis quelques jours, les responsables locaux <strong>et</strong> départementaux<br />

du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> s'efforcent de créer dans le pays un climat d'hostilité<br />

à la politique algérienne du gouvernement Guy Moll<strong>et</strong> ». Ces prises de<br />

position n'étaient visiblement pas sans eff<strong>et</strong>. Nos appels à l'union, nos efforts<br />

sincères ne rencontraient pas beaucoup d'écho <strong>et</strong> la perspective du nouveau<br />

Front populaire s'évanouissait. J'ajouterai que la presse locale minimisa l'ampleur<br />

<strong>et</strong> la portée de c<strong>et</strong>te manifestation ; plus généralement, à part l’Humanité,<br />

la presse fit peu écho à celles qui se déroulèrent dans nombre de départements.<br />

<strong>Le</strong> 2 juin, Guy Moll<strong>et</strong> posa à nouveau la question de confiance sur l'ensemble<br />

de sa politique. <strong>Le</strong> groupe <strong>communiste</strong> ne la vota pas. Waldeck Roch<strong>et</strong> expliqua<br />

que nous condamnions la politique algérienne mais que nous donnions une<br />

appréciation positive sur les efforts en faveur de la détente internationale <strong>et</strong> sur

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