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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />

des revendications adaptées (« Pour des allocations familiales en rapport avec<br />

le coût de la vie ») ; aux « vieux » (on demande l’augmentation des r<strong>et</strong>raites<br />

pour « les économiquement faibles »). La guerre d’Algérie apparaît dans le slogan<br />

récurrent dans les affiches de la campagne électorale de janvier <strong>1956</strong>, qui<br />

est logiquement « Pour la paix ! », <strong>et</strong> dans l’appel au r<strong>et</strong>our des soldats envoyés<br />

en Afrique du Nord.<br />

Autre événement qui marque l’année <strong>1956</strong>, la guerre d’Algérie, dont les<br />

premières occurrences dans les affiches du PCF apparaissent au début de l’année<br />

précédente : la propagande <strong>communiste</strong> dénonce alors la « politique de<br />

force <strong>et</strong> de répression » des capitalistes <strong>et</strong> des colonialistes contre les mouvements<br />

indépendantistes <strong>et</strong> contre les travailleurs <strong>français</strong> qu’ils exploitent (le<br />

parallèle est systématiquement fait, sur toute la période) <strong>et</strong> demande le r<strong>et</strong>our<br />

des soldats.<br />

Une affiche illustrée de <strong>1956</strong> est particulièrement représentative (voir<br />

ill. 6), car elle concentre la plupart des représentations graphiques associées à la<br />

guerre d’Algérie : les représentations de la guerre en général dans les affiches<br />

<strong>communiste</strong>s utilisent de manière quasi systématique l’archétype de la mère<br />

pleurant l’enfant mort - une Mater Dolorosa -, incarnée par deux figures féminines<br />

placées de part <strong>et</strong> d’autre de la Méditerranée, dans une scène composée de<br />

manière strictement symétrique. Ici, la scène algérienne est immédiatement<br />

identifiable par le langage graphique utilisé, qui fait appel aux représentations<br />

de l’Afrique du Nord chez les Français : l’habillement de la femme, les bâtiments<br />

typiques à l’arrière-plan, <strong>et</strong> les palmiers. A droite, la localisation métropolitaine<br />

est elle aussi aisément identifiable, également par les vêtements de la<br />

femme, <strong>et</strong> on r<strong>et</strong>rouve, exprimé simplement par la représentation d’une tombe<br />

militaire avec un casque posé sur la croix, la revendication du r<strong>et</strong>our des soldats<br />

<strong>et</strong> de l’arrêt des combats. Entre ces deux scènes symétriques, un personnage<br />

sombre qui occupe le centre de l’affiche - bien qu’il se trouve techniquement à<br />

l’arrière-plan - porte tous les attributs symboliques de ce que dénonce alors le<br />

<strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> : le monocle, marque de la bourgeoisie, ajouté à un nœud<br />

papillon que l’on devine, des sacs d’argent dans la main droite <strong>et</strong> une mitraill<strong>et</strong>te<br />

dans la main gauche - le Mal incarné, les puissances d’argent fauteuses de<br />

guerre, bref, les forces réactionnaires, le capitalisme <strong>et</strong> l’impérialisme. <strong>Le</strong> slogan<br />

inscrit au bas de l’affiche, « Négociation pour le cessez-le-feu <strong>et</strong> la paix en<br />

Algérie », se rattache à l’évolution de la position du PCF <strong>et</strong> circonstancie l’affiche.<br />

Mais le slogan inscrit dans la partie supérieure, « Contre la réaction colonialiste<br />

», semble à peine utile à côté de ce qui est représenté.<br />

Dans une autre affiche de <strong>1956</strong> (voir ill. 7), on r<strong>et</strong>rouve l’image féminine<br />

<strong>et</strong> maternelle incarnant la paix, avec une évocation supplémentaire : l’Algérie<br />

est représentée par une simple autochtone (à nouveau identifiable par ses vêtements<br />

<strong>et</strong> son type physique), la France par Marianne, dans une attitude corporelle<br />

figurant la protection de la France républicaine - que le PCF entend incarner<br />

- à l’égard de l’Algérie (une main de Marianne est posée de manière<br />

apaisante <strong>et</strong> protectrice sur l’épaule de l’Algérienne, la poignée de main évoque<br />

le type de relations politiques souhaité avec la population algérienne). C<strong>et</strong>te affi-<br />

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