Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />
Images <strong>et</strong> propagande <strong>communiste</strong>s autour de <strong>1956</strong> :<br />
les affiches illustrées du PCF<br />
Lucie Fougeron<br />
Que peuvent nous apprendre les affiches illustrées produites par le PCF en<br />
<strong>1956</strong> ? Que nous montrent-elles ? Quelle place prend c<strong>et</strong>te production dans<br />
l’étude du « PCF dans l’année <strong>1956</strong> », <strong>et</strong> plus particulièrement dans le cadre de<br />
c<strong>et</strong>te séance consacrée au diptyque « rupture ou continuité » ?<br />
Revenons tout d’abord au contexte, non pas tant du point de vue de l’histoire<br />
du PCF - cela a été largement exposé par ailleurs dans ces Journées - que<br />
de celui de la propagande <strong>communiste</strong> elle-même, pour y resituer l’année <strong>1956</strong>.<br />
Dans la production d’affiches <strong>communiste</strong>s, les années 1945-1960 sont la<br />
grande période de l’image graphique, dessinée ou peinte, comme vecteur privilégié<br />
du message politique. Par rapport à l’avant-guerre, l’image prend une<br />
place de plus en plus importante dans c<strong>et</strong>te propagande par l’affiche, son utilisation<br />
est systématisée. Dans le domaine de la communication de masse, populaire<br />
par excellence, l’affiche est alors un média majeur, en particulier l’affiche<br />
illustrée ; celle-ci attire l’œil du passant, moins enclin à lire de longs textes placardés<br />
sur les murs. Ces affiches illustrées sont placées sur le chemin de tous<br />
ceux qui fréquentent à un moment ou à un autre les rues des villes <strong>et</strong> des villages<br />
<strong>français</strong> : c<strong>et</strong>te forme de propagande dépasse largement le cercle - déjà<br />
vaste - des militants, des sympathisants <strong>et</strong> des électeurs du PCF. Au lendemain<br />
de la seconde guerre mondiale, le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> réactive sa propagande<br />
: affiches <strong>et</strong> tracts illustrés sont édités <strong>et</strong> diffusés en masse à un rythme<br />
soutenu, ils m<strong>et</strong>tent en image les mots d’ordre lancés par le parti <strong>et</strong> les diffusent<br />
dans tout le pays. La direction <strong>communiste</strong> y consacre des moyens considérables<br />
<strong>et</strong> dispose d’une armée de militants qui perm<strong>et</strong> une diffusion à la mesure<br />
de l’implantation d’un <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> devenu le « premier parti de France ».<br />
<strong>Le</strong>s affiches sont aussi un obj<strong>et</strong> militant particulièrement important à c<strong>et</strong>te époque.<br />
La production d’affiches ne cesse ensuite de se développer, en particulier<br />
les affiches illustrées par des peintres, dessinateurs, graphistes pour les grandes<br />
campagnes nationales, parallèlement aux placards-textes traditionnels.<br />
J’en viens maintenant plus précisément aux éléments graphiques qui composent<br />
ces affiches : ils font généralement appel aux archétypes des oppositions<br />
binaires entre valeurs positives <strong>et</strong> négatives, qui sont exacerbées par le pinceau<br />
ou le crayon d’affichistes souvent talentueux. Il est vrai que le PCF peut faire<br />
appel aux nombreux peintres, graphistes, dessinateurs qui l’ont rejoint, mais<br />
c’est encore une autre histoire.<br />
L’éventail traditionnel du vocabulaire symbolique de l’opposition Bien-<br />
Mal est mobilisé, dans toutes ses déclinaisons : ami-ennemi, oppressé-oppresseur,<br />
vérité-mensonge, <strong>et</strong>c. Sentiment de répulsion à l’égard des adversaires du<br />
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