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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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M me Marie-George BUFFET<br />

Secrétaire nationale du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong><br />

Mesdames, Messieurs,<br />

Chers amis,<br />

Chers camarades,<br />

ALLOCUTIONS D’OUVERTURE<br />

Je voulais d’abord vous remercier de l’organisation de ce colloque, ici,<br />

aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis, où les archives de notre<br />

parti sont aujourd’hui déposées.<br />

Je souhaiterais commencer mon intervention sur « le PCF <strong>et</strong> l’année<br />

<strong>1956</strong> » en reprenant certains des propos qu’Aimé Césaire, alors député de Martinique,<br />

écrivit à Maurice Thorez pour lui expliquer les raisons de sa démission<br />

du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> : « Il est très vrai de dire qu’au lendemain du rapport<br />

Khrouchtchev, nous avons tressailli d’espérance. On attendait du <strong>Parti</strong><br />

<strong>communiste</strong> <strong>français</strong> une autocritique probe ; une désolidarisation d’avec le<br />

crime qui le disculpât ; pas un reniement mais un nouveau <strong>et</strong> solennel départ ;<br />

quelque chose comme le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> fondé une nouvelle fois... Au lieu<br />

qu’au Havre, nous n’avons vu qu’entêtement dans l’erreur ; persévérance dans<br />

le mensonge ; absurde prétention de ne s’être jamais trompé ; bref, chez des<br />

pontifes plus que jamais pontifiant, une incapacité sénile à se dépendre de soimême<br />

pour se hausser au niveau de l’événement <strong>et</strong> toutes les ruses puériles d’un<br />

orgueil sacerdotal aux abois ». Derrière ces mots, extrêmement durs, c’est évidemment<br />

toute la désillusion <strong>et</strong> la rage d’un homme <strong>communiste</strong>, qui assiste,<br />

impuissant, à la dérive de l’organisation pour laquelle il n’avait jusqu’alors<br />

cessé de se battre.<br />

Car que d’occasions manquées en c<strong>et</strong>te année <strong>1956</strong> ! Bien sûr, il y a c<strong>et</strong>te<br />

assurance en la force jamais démentie du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong>. Car c<strong>et</strong>te année<br />

commence bien pour le PCF. <strong>Le</strong> 2 janvier, il recueille près de 26 % aux élections<br />

législatives. 150 députés <strong>communiste</strong>s sont élus. Sa position institutionnelle<br />

<strong>et</strong> donc aussi ses choix stratégiques en sont d’apparence clairement<br />

confortés. Fort de ce soutien populaire, face à la droite, notre parti appelle à la<br />

constitution d’un nouveau Front populaire <strong>et</strong> soutient, pour la première fois<br />

depuis des années, un gouvernement, celui de Guy Moll<strong>et</strong>. <strong>Le</strong> PCF commence<br />

à sortir, p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, de l’isolement politique qui était le sien depuis 1947. Mais<br />

sous c<strong>et</strong>te apparence de force, malgré l’aura considérable acquise pendant l’Occupation<br />

<strong>et</strong> par tout ce qu’il a construit à la Libération, le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> est<br />

déjà, en c<strong>et</strong>te année <strong>1956</strong>, fragilisé par dix années de guerre froide. Dix années<br />

où, assiégés par l’offensive d’une droite particulièrement revancharde contre<br />

tous les acquis de la Libération, les <strong>communiste</strong>s se sont aussi fermés aux évolutions<br />

de la société.<br />

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