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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />

En s’entourant de jeunes historiens <strong>et</strong> en imprimant une nouvelle ligne éditoriale<br />

à la revue de l’Institut Maurice Thorez, Jean Burles entend rompre avec<br />

« une conception étroitement utilitaire de l’histoire ». Seulement huit ans après<br />

la parution du manuel d’histoire en 1964, celui-ci fait donc l’obj<strong>et</strong> d’une critique<br />

explicite parmi les chercheurs réunis au sein du séminaire des historiens <strong>communiste</strong>s,<br />

profitant du climat d’ouverture qui se développe à partir de 1968. Ce séminaire<br />

aboutit à la publication en 1979 de l’ouvrage intitulé PCF. Etapes <strong>et</strong> problèmes<br />

1920-1972. Ce livre est d’emblée placé sous la bannière de la recherche<br />

scientifique ; les auteurs entendent le distinguer résolument du Manuel de 1964 :<br />

« Il n’y a pas là d’histoire globale, quelque chose qui se rapproche d’un manuel.<br />

Ce n’est d’ailleurs pas le fait du hasard : conserver la forme manuel serait maintenir<br />

d’une façon ou d’une autre une conception de l’histoire qui n’est plus de<br />

mise aujourd’hui. Ce serait maintenir peu ou prou le principe d’une histoire officielle,<br />

à l’encontre de ce que sont maintenant les besoins <strong>et</strong> la démarche du PCF<br />

<strong>et</strong> les méthodes de travail des historiens <strong>communiste</strong>s » 244 .<br />

Pour présenter plus en détail la raison d’être de c<strong>et</strong>te parution <strong>et</strong> les méthodes<br />

ayant présidé à sa constitution, les Cahiers d’Histoire de l’Institut Maurice<br />

Thorez publient en 1979 un dossier spécial intitulé « Etudier le PCF » 245 . Jean<br />

Burles introduit ce dossier en rappelant quels furent les liens entre « histoire <strong>et</strong><br />

politique dans le PCF», aboutissant à une conception de l’histoire réduite à «une<br />

sorte d’illustration de la politique » 246 . Loin de reproduire c<strong>et</strong>te logique, ces historiens<br />

refusent d’être les gardiens de l’héritage <strong>et</strong> justifient leur rôle de chercheur<br />

en assumant la posture de « l’historien trouble-mémoire » 247 . Ils insistent<br />

tous sur l’intérêt que peut représenter pour les <strong>communiste</strong>s la recherche scientifique,<br />

même si elle n’est pas dictée par les seules préoccupations politiques <strong>et</strong><br />

qu’elle peut heurter les témoins de c<strong>et</strong>te histoire, plus prompts à la justifier qu’à<br />

l’étudier objectivement.<br />

Danielle Tartakowsky souligne par exemple dans ce dossier la nécessaire<br />

autonomie du travail historique à l’égard de la politique, que ne reflète pas suffisamment<br />

à ses yeux l’étiqu<strong>et</strong>te d’« historiens <strong>communiste</strong>s ». Elle préfère se<br />

définir en tant qu’« historienne <strong>et</strong> <strong>communiste</strong> » : « Historiens <strong>communiste</strong>s<br />

244 PCF. Etapes <strong>et</strong> problèmes (1920-1972), op. cit., p. 10.<br />

245 « Etudier le PCF », Cahiers d’Histoire de l’IMT, n°29-30, 1979.<br />

246 Jean Burles, « Histoire <strong>et</strong> politique dans le PCF », Cahiers d’Histoire de l’IMT, op. cit., p. 14.<br />

247 « C’est bien en eff<strong>et</strong> quand il est confronté aux modes de fonctionnement de la mémoire des résistants<br />

que l’historien de la Résistance, solliciteur <strong>et</strong> sollicité, prend la mesure des poussées contradictoires<br />

qui s’exercent sur lui. (…) L’historien est <strong>et</strong> doit être un trouble-mémoire attentif à rappeler<br />

que des lignes de partage existent, que tous les écarts ne sont pas réductibles. Ecart entre la<br />

conviction de l’expérience vécue <strong>et</strong> les interrogations critiques portées de plus loin sur le déroulement<br />

du passé ; écart entre les vertus de la commémoration <strong>et</strong> la rigueur de la méthode historique<br />

; ( …) écart entre une mémoire-identité, ciment d’une solidarité <strong>et</strong> d’une ‘fraternité d’essence<br />

supérieure’ <strong>et</strong> des mémoires durement autopsiées, décapées <strong>et</strong> recoupées pour les besoins de la<br />

vérité ». Pierre Laborie, « Histoire <strong>et</strong> résistance : des historiens trouble-mémoire », dans le dossier<br />

« Ecrire l’histoire du temps présent », <strong>Le</strong>s cahiers de l’IHTP, CNRS, 1992, p. 140.<br />

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