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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />

dix signataires 224 , le 20 novembre <strong>1956</strong>, du texte-pétition pour le moins critique<br />

adressé au comité central : « <strong>Le</strong>s semaines qui viennent de s’écouler ont posé<br />

aux <strong>communiste</strong>s de brûlants problèmes de conscience que ni le comité central,<br />

ni l’Humanité, ne les ont aidés à résoudre. Une pauvr<strong>et</strong>é invraisemblable d’informations,<br />

un voile de silence, des ambiguïtés plus ou moins voulues […]. Ces<br />

atteintes à la probité révolutionnaire ont pris corps dès le XX e congrès, dès l’apparition<br />

sur la scène nationale <strong>et</strong> internationale du rapport Khrouchtchev. <strong>Le</strong>s<br />

interprétations données des événements de Pologne <strong>et</strong> de Hongrie ont enfin<br />

porté à son comble un désarroi dont les conséquences n’ont pas tardé à se faire<br />

sentir […]. Nous élevons la voix à notre tour pour demander la convocation<br />

d’un congrès extraordinaire dans les plus brefs délais … ».<br />

On imagine, même en l'absence de traces écrites <strong>et</strong> de témoignages explicites<br />

sur le suj<strong>et</strong>, les remous <strong>et</strong> le débat interne qu'ont pu susciter, au Secours<br />

populaire, non seulement les positions du PCF en <strong>1956</strong>, mais de surcroît l'attitude<br />

pour le moins critique de son président.<br />

1957 : le temps de la prudence <strong>et</strong> du recentrage fonctionnel<br />

1957 : le recentrage sur une rhétorique apolitique<br />

Inversement <strong>et</strong> comme en contre-coup, la prudence dans les actes <strong>et</strong> les<br />

positions domine en 1957. Il faut désormais, surtout ici, y voir la marque des<br />

conceptions propres de Julien Lauprêtre, progressivement convaincu, en application<br />

d'ailleurs des directives du PCF lui-même, qu'une organisation de masse<br />

ne doit pas prendre de positions politiques, mais agir sur son propre terrain sectoriel<br />

- soit, pour le Secours populaire, la solidarité. C<strong>et</strong>te conception se trouve<br />

sans nul doute raffermie par les événements de <strong>1956</strong> <strong>et</strong> les réactions contestées<br />

du PCF, qui entravent pour le moins l'ouverture annoncée des organisations de<br />

masse. <strong>Le</strong> Secours populaire s'en tient donc désormais à une rhétorique prudente,<br />

neutre <strong>et</strong> apolitique, qui perm<strong>et</strong> un strict recentrage sur la solidarité ; il<br />

s'agit désormais de ne plus prendre de position sur les causes des drames, mais<br />

de simplement agir sur leurs conséquences.<br />

Dans la campagne de soutien aux soldats réfractaires, qui se poursuit <strong>et</strong><br />

s'intensifie au fil de l'augmentation du nombre de soldats concernés (certains<br />

sont même fils de hauts responsables <strong>communiste</strong>s, ainsi Pierre Guyot, Léandre<br />

<strong>Le</strong>toquart ou Serge Magnien), la rhétorique s'en tient à l'argument apolitique du<br />

« drame de conscience » - hérité de Nuremberg <strong>et</strong> habilement écartelé entre le<br />

« drame », infra-politique, <strong>et</strong> la « conscience », supra-politique. Ainsi, « la<br />

guerre d’Algérie a posé chez de nombreux jeunes rappelés de véritables drames<br />

de conscience, beaucoup sont indignés de la guerre qu’on leur impose, le départ<br />

de certains crée des situations familiales parfois dramatiques » 225 . « <strong>Le</strong>s jeunes<br />

soldats qui sont en prison ont expliqué leur position. On peut l’approuver, mais<br />

on peut aussi, sans l’approuver, la comprendre ; on peut même la condamner<br />

ou la trouver inutile. Mais nous pensons que la prison ne résout pas leur drame<br />

224 Avec Georges Besson, Marcel Cornu, Dr Harel, Hélène Parmelin, Pablo Picasso, Edouard<br />

Pignon, Paul Tillard, Henri Wallon <strong>et</strong> René Zasso.<br />

225 La défense, octobre <strong>1956</strong>.<br />

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