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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />

soviétique, du vivant de Lénine <strong>et</strong> pendant les années qui ont immédiatement<br />

suivi sa mort, la science juridique soviétique, les règles de la législation <strong>et</strong> de<br />

la procédure, se développaient plus vite, conformément aux idées du marxismeléninisme,<br />

aux principes du droit socialiste prolétarien, exposés dans le programme<br />

de notre <strong>Parti</strong>. On ne saurait en dire autant de la période ultérieure, ce<br />

qui a suscité une inquiétude légitime au Comité Central du PCUS. Il a jugé<br />

nécessaire d’intervenir d’urgence pour redresser la situation, étant donné l’impératif<br />

de sanctionner dans toute sa plénitude, à travers tout le pays, la légalité<br />

socialiste, léniniste (...) ».<br />

Je n’ai pas trouvé de réaction publique particulière des juristes <strong>communiste</strong>s<br />

concernant les questions du respect de la légalité socialiste. Il leur suffit alors<br />

en tant que <strong>communiste</strong> de se contenter au même titre que les autres militants<br />

d’apprécier les critiques soviétiques. Elles perm<strong>et</strong>taient de rendre convergents<br />

l’éthique professionnelle des avocats <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> leur engagement solidaire<br />

pour un système qui était capable d’analyser ses défaillances <strong>et</strong> de revenir sur<br />

des décisions de justice. Cela leur suffisait <strong>et</strong> leur perm<strong>et</strong>tait de rester dans la<br />

ligne définie par la direction du PCF quant à l’analyse du rapport Khrouchtchev.<br />

Ce fut l’intervention en Hongrie qui obligea certains d’entre eux à s’en détacher.<br />

<strong>Le</strong>s réactions à l’intervention en Hongrie <strong>et</strong> au procès Nagy<br />

<strong>Le</strong> 13 novembre <strong>1956</strong>, <strong>Le</strong> Monde publiait des extraits d’une l<strong>et</strong>tre de<br />

Gérard Lyon-Caen à la direction du PCF. Il s’y solidarisait au lendemain de l’intervention<br />

en Hongrie avec la l<strong>et</strong>tre de Claude Roy, Roger Vailland, Jacques-<br />

Francis Rolland, Jean-Paul Sartre, <strong>et</strong> Simone de Beauvoir. Dans c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre, tout<br />

en se déclarant persuadé que « les éléments contre-révolutionnaires, fascistes<br />

même avaient pris le dessus », il affirmait qu’il fallait accepter que le peuple pût<br />

revenir en arrière. Il demandait aussi que l’expérience des démocraties populaires<br />

fît l’obj<strong>et</strong> d’un examen rigoureux. Pour lui, « le <strong>Parti</strong> porte la lourde responsabilité<br />

de n’avoir pas voulu voir les conséquences logiques inéluctables qui<br />

découlaient du 20 e congrès du PCUS ». L’Humanité publiait à la demande du<br />

secrétariat du PCF, le 15 novembre, un articul<strong>et</strong> dénonçant Gérard Lyon-Caen<br />

<strong>et</strong> son acte d’indiscipline alors même que le journal venait d’être l’obj<strong>et</strong> d’attaques<br />

de l’extrême droite 206 . <strong>Le</strong>s autres conséquences ne se firent pas attendre <strong>et</strong><br />

le comité central des 20 <strong>et</strong> 21 novembre décida, sur proposition de la commission<br />

centrale de contrôle politique, de l’exclure pour six mois 207 . Il ne fut jamais<br />

réintégré <strong>et</strong> poursuivit sa carrière de professeur de droit tout en conservant malgré<br />

tout de la sympathie pour le PCF. C<strong>et</strong>te unique prise de position publique a<br />

été rendue possible par les événements de l’année <strong>1956</strong>, mais prit sans doute<br />

racine dans le malaise de ce militant <strong>et</strong> dans son impossibilité à donner une<br />

cohérence complète à l’articulation entre son attachement à l’Etat de droit <strong>et</strong> son<br />

engagement <strong>communiste</strong>. Comme professeur de droit <strong>et</strong> non avocat, il était<br />

moins impliqué dans la logique de la pratique <strong>et</strong> du rythme militant. On peut<br />

206 Archives du PCF – Archives départementales de la Seine- Saint –Denis. PV des décisions du<br />

secrétariat du 14 novembre <strong>1956</strong>.<br />

207 <strong>Le</strong> Monde du 23 novembre <strong>1956</strong>.<br />

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