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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

La seule réflexion élaborée <strong>et</strong> nouvelle vînt d’un professeur de droit.<br />

Gérard Lyon- Caen, à la demande de la Ligue de l’enseignement, rédigea une<br />

brochure sur la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 205 . Il y<br />

tentait, en 1955, de concilier l’abstention des représentants des pays socialistes<br />

<strong>et</strong> la reconnaissance d’une efficacité universelle de la notion de droits de<br />

l’Homme pour la lutte au service des causes humaines. Il n’est pas étonnant que<br />

cela fût un professeur de droit qui en fut à l’origine. Moins marqué par les<br />

contingences pratiques, il ressentait le besoin plus fort de la théorie <strong>et</strong> de la<br />

conciliation encore à c<strong>et</strong>te date entre la vision dominante des <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong><br />

les affirmations des théories issues du droit naturel.<br />

<strong>Le</strong>s risques politiques d’une affirmation trop forte de l’autonomie du droit<br />

n’expliquent donc pas tout pour comprendre la pauvr<strong>et</strong>é des théories <strong>communiste</strong>s<br />

du droit. Paradoxalement, le seul fait que l’unique expression quelque peu<br />

hétérodoxe provînt d’un professeur de droit perm<strong>et</strong> de confirmer l’hypothèse<br />

que la prééminence de la pratique professionnelle sur les besoins de justifications<br />

théoriques suffisait aux juristes <strong>communiste</strong>s <strong>français</strong>. Ils se sont plus<br />

imposés par l’exercice de la profession : défense des militants dans les procès<br />

pénaux ou engagement pour une intensification de ce que l’on peut appeler le<br />

militantisme prud’homal.<br />

<strong>1956</strong> <strong>et</strong> ses suites<br />

<strong>Le</strong>s juristes <strong>communiste</strong>s ont donc conçu leur engagement militant<br />

comme un aboutissement <strong>et</strong> un moyen de l’engagement républicain ; par leur<br />

immersion dans le cadre d’institutions notamment pénales où le respect du droit<br />

est la règle, ils étaient les dépositaires d’une culture professionnelle <strong>et</strong> politique<br />

que l’on peut qualifier de républicaine voire de libérale. Militants <strong>communiste</strong>s,<br />

ils voyaient dans l’URSS <strong>et</strong> ses institutions l’aboutissement concr<strong>et</strong> <strong>et</strong> le dépassement<br />

- dépassement positif <strong>et</strong> non négation - de c<strong>et</strong> engagement. Mais militants<br />

disciplinés, ils n’osèrent jamais une critique théorique du système soviétique.<br />

<strong>Le</strong>s évolutions relatives antérieures à <strong>1956</strong> ne sont perceptibles que dans<br />

leur insistance à développer l’idée d’une autonomie du droit ou à accompagner<br />

les premières révélations de la période 1953-<strong>1956</strong>. La prééminence de la pratique<br />

leur permit de faire l’économie d’une réflexion d’ensemble qui aurait pu les<br />

conduire à la révision de ce qui avait fondé pour certains des décennies d’engagement.<br />

Il reste que ces évolutions timides n’en n’étaient pas moins réelles.<br />

L’absence de réaction publique des juristes <strong>communiste</strong>s au 20 e congrès<br />

<strong>Le</strong> 20 e congrès, avant d’être celui du rapport secr<strong>et</strong> ou du « rapport attribué<br />

au camarade Khrouchtchev», fut celui pour le suj<strong>et</strong> qui nous intéresse du<br />

rapport Mikoïan. On sait que ce dernier était alors un des dirigeants soviétiques<br />

les plus proches du premier secrétaire. En voici un passage essentiel qui ne pouvait<br />

qu’attirer l’attention des juristes <strong>français</strong> : « (...) Je voudrais parler aussi de<br />

nos « juristes ». Il faut constater que, dans la première période du pouvoir<br />

205 Lyon-Caen Gérard, La Déclaration des Droits de l’Homme, <strong>Le</strong>s cahiers laïques, cercle parisien<br />

de la Ligue <strong>français</strong>e de l’enseignement, septembre-octobre 1955, 28 p.

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