Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
tonomie politique car créées sur la base de leurs spécificités professionnelles.<br />
L’organisation en cellules les inscrivait plus fortement dans le mode de fonctionnement<br />
vertical du PCF. Mais quel type de cellule ? Cellule de quartier où<br />
ils auraient côtoyé des militants d’autres origines sociales, cellule des Palais de<br />
Justice mais là encore mêlés à d’autres professions ? <strong>Le</strong>s débats sur ces dernières<br />
questions furent permanents mais il semble que l’on se dirigeât de fait vers<br />
des cellules d’avocats <strong>communiste</strong>s dont au moins trois au Palais de Justice de<br />
Paris. Mais ce choix de la cellule ne put empêcher la résurgence d’organisations<br />
plus horizontale : conférence nationale des juristes <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> surtout<br />
ouverte à des non <strong>communiste</strong>s : branche <strong>français</strong>e de l’Association internationale<br />
des juristes démocrates (AIJD), organisation autour de revues comme la<br />
Revue progressiste de droit <strong>français</strong> 198 , commission juridique du Secours populaire,<br />
rédaction de Droit ouvrier. L’investissement dans des structures plus larges<br />
n’est pas à analyser simplement comme un moyen de noyautage <strong>et</strong> d’extension<br />
de l’influence <strong>communiste</strong> mais le signe d’une revendication au moins<br />
implicite d’autonomie politique sur une base professionnelle - revendication<br />
que confirment les débats sur la question des cellules. C<strong>et</strong>te question était d’autant<br />
plus sensible que le droit comme domaine d’intervention <strong>et</strong> de militantisme<br />
posait directement la question de l’autonomie des institutions <strong>et</strong> donc du champ<br />
politique par rapport à la base économique.<br />
Une théorie <strong>communiste</strong> du droit relativement pauvre mais en évolution<br />
L’infrastructure détermine la superstructure<br />
Dans les rangs <strong>communiste</strong>s, les théories du droit avant <strong>1956</strong> étaient relativement<br />
limitées. <strong>Le</strong>s textes de référence canoniques étaient La l<strong>et</strong>tre de Lénine<br />
sur la défense 199 , les diverses éditions de La défense accuse 200 de Marcel Willard<br />
<strong>et</strong> Droit <strong>et</strong> justice en URSS 201 de Jean Fonteyne le plus <strong>français</strong> des avocats <strong>communiste</strong>s<br />
belges. La conception <strong>communiste</strong> du droit pouvait alors se résumer à<br />
l’adage marxiste selon lequel les superstructures sont déterminées par les infrastructures.<br />
Une citation seulement tirée de Jean Fonteyne : « (...) <strong>Le</strong> socialisme<br />
scientifique définit le droit comme un système de normes établies par l’Etat dans<br />
le but de protéger le régime social en tant qu’expression active de la volonté de<br />
la classe dominante, consacrant <strong>et</strong> perpétuant ses intérêts économiques <strong>et</strong> politiques.<br />
<strong>Le</strong>s intérêts de la production propres à l’époque du développement de la<br />
société de classe détermine le contenu de c<strong>et</strong>te volonté, devenue loi (...) » 202 .<br />
198 Sur c<strong>et</strong>te dernière voir OLSZAK Norbert, L’histoire du droit dans la Revue progressiste de droit<br />
<strong>français</strong> de Gérard Lyon-Caen (1952 – <strong>1956</strong>) in Histoire de l’histoire du droit (Actes des Journées<br />
internationales de la Société d’histoire du droit – Toulouse 1er-3 juin 2005), Toulouse, Presses<br />
de l’université des sciences sociales, 2006, pp. 431 – 437.<br />
199 LÉNINE, <strong>Le</strong>ttre à E.D. Stassova <strong>et</strong> aux camarades emprisonnés de Moscou, le 19 janvier 1905,<br />
Œuvres, tome 8, Éditions Sociales, Paris, Éditions du progrès, Moscou, 1964, pp. 59-63 ; publié<br />
pour la première fois en 1924 dans la revue Prol<strong>et</strong>skaïa Revolutsia, n° 7 (30).<br />
200 WILLARD Marcel, La défense accuse, Paris : Éditions sociales internationales, 1938, 344 p.<br />
rééditions en 1951 <strong>et</strong> 1955.<br />
201 FONTEYNE Jean, Droit <strong>et</strong> Justice en URSS, publié en 1943 sous le titre L’Epargne de la femme<br />
mariée par le conseiller Y. rééd. Éditions sociales, 1946, 103 p.<br />
202 FONTEYNE Jean, Droit <strong>et</strong> Justice en URSS, op. cité ; réed. de 1946, p. 42.