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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

La seconde génération est celle des avocats qui ont rejoint le PCF dans les<br />

années 1930, à l’occasion du Front populaire, pour lutter contre le fascisme. C<strong>et</strong><br />

engagement représentait alors pour ces avocats, souvent d’origine étrangère<br />

<strong>et</strong>/ou de confession juive, une manière de poursuivre leur intégration au sein de<br />

la République <strong>français</strong>e quand celle-ci peinait à les accepter ou tendait à les<br />

exclure. <strong>Le</strong>s avocats furent ainsi parmi les premières victimes des restrictions<br />

xénophobes puisque la loi du 19 juill<strong>et</strong> 1934 étendit aux professions juridiques<br />

la caractéristique des emplois du secteur public interdisant aux naturalisés<br />

depuis moins de dix ans d’y accéder. Dans c<strong>et</strong>te génération, peuvent être regroupés<br />

des avocats comme Joë Nordmann, Pierre Kaldor, Charles <strong>Le</strong>derman…<br />

Lors de la seconde guerre mondiale, ils poursuivirent <strong>et</strong> intensifièrent leur<br />

engagement, d’abord en défendant les députés <strong>communiste</strong>s poursuivis, puis les<br />

militants <strong>communiste</strong>s arrêtés. Trois d’entre eux - Pitard, Rolnikas <strong>et</strong> Hajje - y<br />

perdirent la vie. <strong>Le</strong>s avocats <strong>communiste</strong>s furent d’autant plus à l’aise que<br />

l’orientation du PCF se situât dans le cadre de l’union nationale contre l’occupant.<br />

On connaît le rôle joué par Nordmann pour constituer le Front national des<br />

juristes, de Vienney dans le sud pour le Comité national des juristes puis ensemble<br />

au Comité national judiciaire ou bien encore celui de Marcel Willard dans<br />

l’élaboration d’une doctrine légaliste <strong>et</strong> républicaine de l’épuration quand il fut<br />

secrétaire général du ministère de la Justice à la Libération.<br />

Ces avocats à la notoriété extraordinaire parmi les <strong>communiste</strong>s <strong>et</strong> chez<br />

leurs confrères furent rejoints par une troisième génération, soit dès l’époque de<br />

la Résistance, soit immédiatement après la Libération - par exemple Léo Matarasso,<br />

Roland Weyl, Michel Bruguier. <strong>Le</strong>ur engagement a été d’autant plus<br />

confirmé que, comme tant d’autres, ils ont été fascinés par le rôle joué par le<br />

PCF <strong>et</strong> l’URSS pendant la guerre, voyant dans le modèle soviétique l’explication<br />

de la victoire contre le nazisme - je pense par exemple à Pierre Braun. C<strong>et</strong>te<br />

génération qui grandit pour beaucoup à l’ombre de ses aînés au sein des cabin<strong>et</strong>s<br />

prit son envol <strong>et</strong> son autonomie professionnelle <strong>et</strong> politique à l’occasion des<br />

luttes contre la colonisation. Ces trois générations d’avocats ont vu dans le communisme<br />

<strong>et</strong> leur engagement dans le camp de la classe ouvrière une manière de<br />

poursuivre leur engagement socialiste, antifasciste, républicain.<br />

<strong>Le</strong>s avocats ne furent pas les seuls juristes, il faut aussi ajouter bien qu’en<br />

nombre très faible les professeurs de droit tel Gérard Lyon-Caen <strong>et</strong> ceux des<br />

militants qui se sont spécialisés dans le domaine du droit social comme Francis<br />

Saramito. Ils côtoyaient alors des militants syndicalistes qui avaient acquis une<br />

compétence de juristes dans le cadre de leur militantisme par exemple en devenant<br />

conseiller prud’homal <strong>et</strong> spécialiste de droit social comme Henri Forest. Il<br />

reste, <strong>et</strong> c’est là une originalité du mouvement <strong>communiste</strong> <strong>et</strong> de la CGT, que la<br />

méfiance des militants révolutionnaires à l’égard du droit a obligé dès les années<br />

1920 les directions a déléguer le discours sur le droit <strong>et</strong> sa pratique à des professionnels<br />

<strong>et</strong> en particulier aux avocats. C’est très clair quand on observe la composition<br />

des rédactions de la revue Droit ouvrier de la CGTU puis de la CGT

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