Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />
Boussinot est accueilli par Albin-Michel en 1958 après quatre ans de silence.<br />
Parfois, il n’y pas de délai d’attente. Pierre Courtade passe directement des EFR<br />
à Julliard en juill<strong>et</strong> <strong>1956</strong>, même s’il fait figurer dans son contrat avec son nouvel<br />
éditeur une clause qui donne la priorité aux EFR 192 . Idem pour André Kedros<br />
qui édite désormais chez Albin-Michel <strong>et</strong> Julliard. La plupart de ces romanciers<br />
« professionnels » qui manquent à l’appel en <strong>1956</strong> sont donc partis pour d’autres<br />
éditeurs, <strong>et</strong> pas n’importe lesquels : se distinguent en particulier Gallimard<br />
(12), Julliard (10), <strong>et</strong> Seghers (8). <strong>Le</strong> lieu de destination éditoriale de ces<br />
auteurs, qui n’ont pas encore rompu les amarres avec le PCF, n’est pas anodin.<br />
Une minorité va vers d’autres catalogues plus ou moins militants (Seghers,<br />
Minuit, Rivière <strong>et</strong> plus tard Maspero, fondé en 1959). La majorité choisit au<br />
contraire des éditeurs généralistes, plus neutres <strong>et</strong> surtout plus à mêmes de<br />
répondre à leur attente première de romanciers, être reconnus comme tels <strong>et</strong> être<br />
lus en tant que tels 193 .<br />
Bien que le nombre d’auteurs qui disparaissent du catalogue est minoritaire,<br />
leur part est cependant conséquente. Surtout, il semble concerner les<br />
auteurs « professionnels », universitaires ou romanciers, ceux que le parti a utilisé<br />
un temps, pour les besoins de la guerre froide, <strong>et</strong> qu’il pourrait m<strong>et</strong>tre en<br />
avant sur la scène intellectuelle ou éditoriale, en devanture des librairies, sitôt la<br />
situation de crise disparue…<br />
Ainsi l’année <strong>1956</strong> ne fait que confirmer le malaise qui frappe les maisons<br />
d’édition du PCF. C<strong>et</strong>te année ne constitue donc pas une rupture à proprement<br />
parler. C<strong>et</strong>te époque a constitué une occasion pour tous les responsables éditoriaux<br />
de sortir d’une organisation du travail militant marquée par la guerre<br />
froide. Si d’aucuns refusent de rem<strong>et</strong>tre en cause la mission éducatrice de ces<br />
maisons d’édition, tous veulent faire œuvre d’éditeurs, <strong>et</strong> d’éditeurs reconnus de<br />
surcroît, sur le plan littéraire <strong>et</strong> scientifique. <strong>Le</strong> sort différent des maisons d’éditions<br />
montre que la situation des intellectuels <strong>communiste</strong>s n’est pas la même.<br />
Bien que toujours en position subalterne par rapport au pouvoir politique, au<br />
prisme de l’histoire de ces entreprises, les titres universitaires perm<strong>et</strong>tent aux<br />
uns (les Editions sociales) de sortir par le haut de la crise du milieu des années<br />
cinquante, alors que d’autres choisissent de partir des éditions (EFR), avant de<br />
partir du PCF.<br />
192 Contrat d’édition Pierre Courtade – Editions Julliard, 10 juill<strong>et</strong> <strong>1956</strong>, fonds Pierre Courtade,<br />
IMEC.<br />
193 Voir à ce suj<strong>et</strong> le témoignage d’André Stil qui porte sur les années 1960 : Une vie à écrire. Entr<strong>et</strong>iens<br />
avec Jean-Claude <strong>Le</strong>brun. Grass<strong>et</strong>, 1993, p. 220.<br />
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