Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />
(mais dès 1957, les anciennes habitudes reviennent). Quelquefois même les<br />
membres reçoivent chez eux un véritable dossier, avec convocation, ordre du<br />
jour, documentation abondante <strong>et</strong> variée sur le suj<strong>et</strong> qui doit être abordé. La discussion<br />
qui suit l’exposé est donc plus riche, plus argumentée parce que plus<br />
réfléchie. Attention cependant : cela n’arrive pas brutalement après juill<strong>et</strong> <strong>1956</strong>,<br />
mais seulement après quelques années, <strong>et</strong> de manière progressive.<br />
- <strong>Le</strong> déroulement des réunions est strictement le même avant <strong>et</strong> après<br />
<strong>1956</strong>. Ce qui change quelque peu, ce sont les compétences du BP, qui s’étendent.<br />
Sur toute la période que nous avons étudiée, nous avons distingué trois<br />
grandes catégories : « politique » (situation intérieure, internationale, élections,<br />
<strong>et</strong>c.), « thématiques diverses » (femmes, jeunesse, mineurs, mouvement de la<br />
paix…) <strong>et</strong> « PCF <strong>et</strong> mouvement <strong>communiste</strong> international » (préparation des<br />
congrès, situation dans les fédérations…). C<strong>et</strong>te division peut paraître parfois<br />
arbitraire, mais elle nous a semblé la plus à même de résumer les suj<strong>et</strong>s des<br />
débats au BP. <strong>Le</strong>s chiffres obtenus sont les suivants :<br />
PERIODE POLITIQUE THEMATIQUES PCF ET MOUVEMENT<br />
DIVERSES COMMUNISTE<br />
INTERNATIONAL<br />
1947-1964 42,7 % 25,65 % 31,65 %<br />
1947-1955 49 % 27 % 24 %<br />
<strong>1956</strong>-1964 38 % 25 % 37 %<br />
Ces chiffres ne montrent pas une rupture, mais révèlent bien un changement.<br />
La variété des thèmes abordés est toujours la même, mais certains d’entre<br />
eux deviennent plus préoccupants que d’autres <strong>et</strong> surtout, viennent beaucoup<br />
plus qu’avant devant le BP. C’est flagrant en ce qui concerne les questions de<br />
personnes : alors que les nominations sont généralement débattues dans le cadre<br />
du secrétariat, elles s’invitent plusieurs fois à la fin des années cinquante <strong>et</strong> au<br />
début des années soixante devant le BP. C’est le cas par exemple le 4 mai 1961,<br />
où chacun des membres du BP donne son avis sur des noms à proposer ou non<br />
pour le futur comité central.<br />
De la même manière, si l’on examine les traces de discussion contradictoire,<br />
on ne note pas de réelles modifications : chacun s’exprime comme il le<br />
souhaite. Globalement c’est la r<strong>et</strong>enue qui l’emporte, mais quand la séance<br />
porte sur des questions cruciales, la discussion s’emballe facilement <strong>et</strong> certains<br />
n’hésitent pas à donner un avis tranché, voire violent. <strong>Le</strong> comportement des<br />
membres du bureau politique n’a pas réellement changé durant toutes ces<br />
années. Ils sont toujours très attachés au secrétaire général, ils lui font confiance<br />
<strong>et</strong> lui obéissent. Casanova <strong>et</strong> Servin, lorsqu’ils commencent à être presque systématiquement<br />
opposés à l’avis général, ne critiquent pas vraiment Thorez, ce<br />
n’est pas à lui qu’ils en veulent ; au contraire, ils voudraient l’amener à examiner<br />
les perspectives qu’ils proposent. C’est avec lui qu’ils veulent changer, <strong>et</strong><br />
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