Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PCF FACE À <strong>1956</strong> : RUPTURE OU CONTINUITÉ ?<br />
est, elle, particulièrement intéressante à plus d’un titre. Thorez ne parle pas du<br />
rapport secr<strong>et</strong> en tant que tel - il écrira le 14 juin <strong>1956</strong> « personne d’entre nous<br />
ne pensait que l’essentiel du congrès était le rapport secr<strong>et</strong> » 170 - mais il en tire<br />
des enseignements, des « leçons à tirer » pour le parti. Tout d’abord, il expose<br />
des véritables résolutions pour le parti, qu’il a prises seul <strong>et</strong> dans l’urgence, afin<br />
de ne pas s’exposer à des critiques aussi virulentes que celles qui ont été adressées<br />
à Staline. Très vite après le choc du rapport secr<strong>et</strong>, on passe donc à l’action<br />
concrète. Mais si les trois premiers points qu’il évoque :<br />
« 1 er . en finir absolument avec l’expression « le parti de Maurice Thorez » ;<br />
2 e . supprimer les célébrations tapageuses <strong>et</strong> trop fréquentes des anniversaires ;<br />
3 e . combattre l’excès des citations d’un grand dirigeant ; »<br />
sont bien connus <strong>et</strong> reviennent à c<strong>et</strong>te époque fréquemment dans les discours<br />
des dirigeants <strong>communiste</strong>s, la suite est différente. <strong>Le</strong> secrétaire général<br />
va plus loin <strong>et</strong> propose de véritables changements dans la direction du parti, qui<br />
touchent plus particulièrement le bureau politique <strong>et</strong> le secrétaire général luimême.<br />
Il est tout d’abord question de la direction collective, dans deux points :<br />
« 4 e . veiller davantage à la direction collective : préparer les séances du BP <strong>et</strong><br />
les assemblées du CC comme on a préparé le dernier congrès, avec des thèses<br />
<strong>et</strong> des proj<strong>et</strong>s rédigés à l’avance ; »<br />
C<strong>et</strong>te phrase laisse entendre que la préparation des réunions n’était le fait<br />
que d’une seule personne ou d’un tout p<strong>et</strong>it groupe. Effectivement, si les séances<br />
du BP sont la plupart du temps préparées à l’avance, elles le sont par le<br />
secrétariat qui en définit les ordres du jour <strong>et</strong> par Thorez <strong>et</strong> le rapporteur du jour,<br />
qui se sont rencontrés au préalable pour discuter du thème à aborder. <strong>Le</strong>s autres<br />
membres ne sont généralement pas mis à contribution avant la séance. Dans la<br />
suite de son intervention, Thorez développe ce thème de la direction collective :<br />
« 6 e . élargir les directions. En particulier, faire entrer les membres nouveaux,<br />
plus jeunes, les meilleurs des secrétaires fédéraux de province, dans l’effectif<br />
des suppléants du BP. Remanier le secrétariat de telle façon qu’il comprenne, à<br />
côté de quelques membres du BP, d’autres membres qui seront simplement<br />
membres du CC <strong>et</strong> n’assisteront pas aux séances du BP ; ainsi, le BP deviendra<br />
forcément le collectif dirigeant 171 . »<br />
Ce point-ci est beaucoup plus important <strong>et</strong> beaucoup plus nouveau. <strong>Le</strong><br />
thème du rajeunissement des directions revient fréquemment dans la bouche <strong>et</strong><br />
sous la plume de Thorez. Mais c’est surtout la répartition des fonctions entre le<br />
secrétariat <strong>et</strong> le BP qui apporte un élément nouveau au fonctionnement de la<br />
direction du PCF. Rappelons que le fonctionnement du BP du début <strong>1956</strong> se<br />
170 Archives Thorez, notes de bureau politique, 626 AP 13.<br />
171 Source : 626 AP 13.<br />
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