Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
la Fédération nationale des déportés <strong>et</strong> internés résistants <strong>et</strong> patriotes (FNDIRP).<br />
C<strong>et</strong>te dernière est traversée par une tension très forte lors des événements de<br />
Hongrie. Cela a de tels eff<strong>et</strong>s sur sa direction que celle-ci envoie une délégation<br />
composée de deux personnes ayant des points de vue différents sur les événements.<br />
C<strong>et</strong>te délégation se rend en Hongrie puis procède à une restitution de<br />
ce qu’elle a vu en fonction des deux points de vue. <strong>Le</strong> journal de l’association<br />
en rend compte en disant explicitement : « nous ne conclurons pas officiellement<br />
afin de refléter c<strong>et</strong>te divergence ». Il est intéressant de voir jusqu’à quel<br />
point la direction de la FNDIRP - qui est quand même liée au <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong><br />
- prend ses distances avec une prise de position monolithique pour maîtriser<br />
sa situation interne. C’est le maximum qu’ils puissent faire, mais ils le<br />
font.<br />
Marc GIOVANINETTI<br />
J’en viens maintenant à Raymond Guyot. Bien sûr, le nom de Guyot<br />
est associé à la Tchécoslovaquie <strong>et</strong> à l’affaire London. Première remarque,<br />
c<strong>et</strong>te affaire ne devient vraiment une affaire importante qu’à partir de 1968,<br />
avec la publication du livre de London, la sortie du film de Costa-Gavras <strong>et</strong>,<br />
quelques années plus tard, le débat télévisé de l’émission <strong>Le</strong>s dossiers de<br />
l’écran. Jusqu’en <strong>1956</strong> <strong>et</strong> à la libération de London, cela reste une affaire<br />
interne aux dirigeants <strong>communiste</strong>s. Au contraire d’ailleurs de la réhabilitation<br />
de Rajk, en Hongrie, qui a été publiquement annoncée en <strong>1956</strong>. Slansky<br />
<strong>et</strong> les condamnés de Prague, eux, n’ont pas été réhabilités à c<strong>et</strong>te date, mais<br />
bien plus tard. London est arrêté en 1951. On sent effectivement Guyot en<br />
difficulté à ce moment. On doit lui dire : « attends, on ne sait pas trop ce qui<br />
va se passer pour toi ». Il n’apparaît plus trop jusqu’en 1952. Il prononce<br />
alors un discours à la Chambre dans lequel il cite une déclaration de Lise London<br />
prenant ses distances d’avec son mari. Pour autant, très vite <strong>et</strong> comme<br />
Lise London, il est convaincu de l’innocence de son beau-frère. Et je crois<br />
effectivement qu’en 1955, sa préoccupation essentielle allait non pas à la<br />
politique extérieure, mais aux efforts pour que son beau-frère soit sauvé <strong>et</strong><br />
sorte des geôles de Prague.<br />
Monsieur Liechti a évoqué l’insoumission. Il a rappelé que le PCF n’en<br />
a pas parlé avant la fin de l’année <strong>1956</strong> <strong>et</strong> encore, du bout des lèvres. Elle n’a<br />
pas donné lieu à une grande campagne. L’affaire qui connaît un grand r<strong>et</strong>entissement<br />
à l’époque, c’est celle de l’aspirant Maillot qui avait « trahi » <strong>et</strong> était<br />
passé au maquis. Jeann<strong>et</strong>te Vermeersch avait tâché de démontrer à l’Assemblée<br />
que, justement, il n’était pas <strong>français</strong> puisqu’il appartenait à c<strong>et</strong>te nation algérienne<br />
en formation <strong>et</strong>, donc, qu’il n’avait pas trahi. C<strong>et</strong>te affaire avait soulevé<br />
un véritable tollé de la part de la droite <strong>et</strong> même du PS contre les <strong>communiste</strong>s.<br />
Pierre Guyot, lui, a été concerné en 1958. Et c’est à partir de c<strong>et</strong>te date là que<br />
le <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> a eu à déterminer ce qu’il préconisait pour les jeunes <strong>communiste</strong>s<br />
qui étaient appelés : leur conseiller de suivre l’exemple d’Alban<br />
Liechti <strong>et</strong> refuser de porter les armes contre les maquisards algériens, ou leur<br />
demander de partir en essayant de mener le mieux qu’ils peuvent une propagande<br />
anti-intervention au sein des forces armées… Cela relevait presque de la déci-