Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
considérer que ses camarades ne le favorisaient pas en le poussant en avant dans<br />
ces circonstances critiques, ou que sa réputation de praticien de la langue de bois<br />
faisait alors bien l’affaire. En témoigne ce titre cruellement ironique d’un article<br />
à la Une de l’Humanité, par lequel Guyot salue « <strong>Le</strong> grand pays du socialisme<br />
<strong>et</strong> de la paix », l’URSS évidemment, le matin même de l’intervention du<br />
5 novembre à Budapest !<br />
Entre temps, Magnien, apparemment réconforté, reste la cheville ouvrière<br />
de la section de politique extérieure. Il en peaufine les proj<strong>et</strong>s de réorganisation<br />
<strong>et</strong> l’organigramme. <strong>Le</strong>s membres permanents passent de sept à dix, les tâches<br />
sont réparties, y compris la plus fastidieuse, celle de la lecture <strong>et</strong> du découpage<br />
de la presse internationale 167 . La section relancée monte en puissance. Guyot est<br />
désormais solidement installé à la tête d’une structure efficace, pour une dizaine<br />
d’années. Sa position ne se verra ébranlée qu’à l’arrivée d’un nouveau membre<br />
d’envergure, Jean Kanapa, <strong>et</strong> à la faveur de nouveaux bouleversements dans le<br />
monde <strong>communiste</strong>, en 1968.<br />
Deux interprétations sont envisageables en conclusion de ce « happy end»<br />
provisoire. Guyot, comme Magnien <strong>et</strong> la Polex, ont surmonté une crise sérieuse,<br />
à force de ténacité <strong>et</strong> de clairvoyance face à des événements contraignants ; c’est<br />
une des forces du parti que de savoir utiliser des hommes <strong>et</strong> des structures ad<br />
hoc dans de telles situations. Ou, éclairage moins flatteur : face aux difficultés,<br />
ces structures sont défaillantes, <strong>et</strong> le PCF fait monter au créneau des hommes<br />
quelque peu déconsidérés, dont le bilan, à moyen terme, s’avère discutable.<br />
En tout cas, c<strong>et</strong>te grave crise du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> à la fin de l’année<br />
<strong>1956</strong> coïncide avec une forme d’apothéose pour Raymond Guyot : panache<br />
aux yeux des militants dans les combats de rue, forte présence dans les instances<br />
dirigeantes, <strong>et</strong> convergence de ses quatre attributions principales au parti : la<br />
jeunesse 168 , l’armée, Paris <strong>et</strong> la politique extérieure.<br />
Serge WOLIKOW<br />
La dernière intervention avant la discussion générale sera présentée par<br />
Tangui Perron, historien du cinéma, qui va nous présenter deux films très brefs.<br />
Tangui PERRON<br />
Nous allons d’abord voir intégralement un p<strong>et</strong>it film de six minutes, intitulé<br />
<strong>Le</strong> fascisme ne passera pas. Il s’agit d’un film collectif <strong>et</strong> anonyme, réalisé<br />
dans l’urgence en novembre <strong>1956</strong> <strong>et</strong> qui sort au début 1957. Il décrit l’attaque <strong>et</strong><br />
le saccage du siège du PCF, le 7 novembre <strong>1956</strong>, suite à l’intervention soviétique<br />
en Hongrie, ainsi que la réaction des militants. C’est un des derniers films<br />
167 Archives du PCF : fonds Marius Magnien, 273 J 3.<br />
168 Guyot préside aux congrès constitutifs de l’Union des jeunesses <strong>communiste</strong>s (UJC) en décembre<br />
<strong>1956</strong>.