03.07.2013 Views

Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

122<br />

LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

considérer que ses camarades ne le favorisaient pas en le poussant en avant dans<br />

ces circonstances critiques, ou que sa réputation de praticien de la langue de bois<br />

faisait alors bien l’affaire. En témoigne ce titre cruellement ironique d’un article<br />

à la Une de l’Humanité, par lequel Guyot salue « <strong>Le</strong> grand pays du socialisme<br />

<strong>et</strong> de la paix », l’URSS évidemment, le matin même de l’intervention du<br />

5 novembre à Budapest !<br />

Entre temps, Magnien, apparemment réconforté, reste la cheville ouvrière<br />

de la section de politique extérieure. Il en peaufine les proj<strong>et</strong>s de réorganisation<br />

<strong>et</strong> l’organigramme. <strong>Le</strong>s membres permanents passent de sept à dix, les tâches<br />

sont réparties, y compris la plus fastidieuse, celle de la lecture <strong>et</strong> du découpage<br />

de la presse internationale 167 . La section relancée monte en puissance. Guyot est<br />

désormais solidement installé à la tête d’une structure efficace, pour une dizaine<br />

d’années. Sa position ne se verra ébranlée qu’à l’arrivée d’un nouveau membre<br />

d’envergure, Jean Kanapa, <strong>et</strong> à la faveur de nouveaux bouleversements dans le<br />

monde <strong>communiste</strong>, en 1968.<br />

Deux interprétations sont envisageables en conclusion de ce « happy end»<br />

provisoire. Guyot, comme Magnien <strong>et</strong> la Polex, ont surmonté une crise sérieuse,<br />

à force de ténacité <strong>et</strong> de clairvoyance face à des événements contraignants ; c’est<br />

une des forces du parti que de savoir utiliser des hommes <strong>et</strong> des structures ad<br />

hoc dans de telles situations. Ou, éclairage moins flatteur : face aux difficultés,<br />

ces structures sont défaillantes, <strong>et</strong> le PCF fait monter au créneau des hommes<br />

quelque peu déconsidérés, dont le bilan, à moyen terme, s’avère discutable.<br />

En tout cas, c<strong>et</strong>te grave crise du <strong>Parti</strong> <strong>communiste</strong> <strong>français</strong> à la fin de l’année<br />

<strong>1956</strong> coïncide avec une forme d’apothéose pour Raymond Guyot : panache<br />

aux yeux des militants dans les combats de rue, forte présence dans les instances<br />

dirigeantes, <strong>et</strong> convergence de ses quatre attributions principales au parti : la<br />

jeunesse 168 , l’armée, Paris <strong>et</strong> la politique extérieure.<br />

Serge WOLIKOW<br />

La dernière intervention avant la discussion générale sera présentée par<br />

Tangui Perron, historien du cinéma, qui va nous présenter deux films très brefs.<br />

Tangui PERRON<br />

Nous allons d’abord voir intégralement un p<strong>et</strong>it film de six minutes, intitulé<br />

<strong>Le</strong> fascisme ne passera pas. Il s’agit d’un film collectif <strong>et</strong> anonyme, réalisé<br />

dans l’urgence en novembre <strong>1956</strong> <strong>et</strong> qui sort au début 1957. Il décrit l’attaque <strong>et</strong><br />

le saccage du siège du PCF, le 7 novembre <strong>1956</strong>, suite à l’intervention soviétique<br />

en Hongrie, ainsi que la réaction des militants. C’est un des derniers films<br />

167 Archives du PCF : fonds Marius Magnien, 273 J 3.<br />

168 Guyot préside aux congrès constitutifs de l’Union des jeunesses <strong>communiste</strong>s (UJC) en décembre<br />

<strong>1956</strong>.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!