Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri
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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />
que à la remise d’aplomb de la section. Des rapports, des brouillons révèlent<br />
l’état de déliquescence dans laquelle elle se trouve 156 . <strong>Le</strong>s récriminations de<br />
Magnien sont de deux types : la section est débordée de travail <strong>et</strong> ne peut plus<br />
faire face aux nouvelles exigences de la politique internationale ; ses membres,<br />
lui surtout, ne sont pas respectés, <strong>et</strong> il convient de clarifier les tâches de chacun.<br />
La première série de remarques se comprend facilement. <strong>Le</strong> volume de la<br />
presse des partis frères a augmenté, il y a plus de traductions <strong>et</strong> de documentation<br />
à préparer. <strong>Le</strong> travail dit « de liaison », c’est-à-dire l’accueil en France de<br />
délégations étrangères ou les voyages de délégations <strong>français</strong>es, a progressé<br />
dans la même proportion. <strong>Le</strong> bull<strong>et</strong>in doit être plus fourni depuis la dissolution<br />
du Kominform, <strong>et</strong>c. Magnien chiffre à quatre au moins le besoin en collaborateurs<br />
nouveaux, des permanents qui ne travailleraient que pour la section, alors<br />
qu’ils ne sont que sept, dont Guyot <strong>et</strong> lui-même, <strong>et</strong> son adjoint, Jean Rollin, qui<br />
« rechigne sur tout » !<br />
Ses autres observations sont accablantes quant au peu de considération<br />
que le reste du parti accorde alors à la Polex, à son travail <strong>et</strong> à son personnel.<br />
Après avoir rappelé ce qui du temps de Thorez en avait motivé la création, il<br />
dénonce les dérives : les journaux du parti « ont toujours ignoré la Section,<br />
sinon tenté de la dénigrer » ; elle n’est tenue informée de rien, ni des échanges<br />
avec les partis frères, ni des discussions internes au parti ; le service de traduction,<br />
autonome de fait, ne se réfère pas au responsable. « A quoi servons-nous? »<br />
interroge-t-il. Et il répond : de « facteurs » pour les visas <strong>et</strong> les rendez-vous, <strong>et</strong><br />
encore « on les fait…courir comme des cyclistes » pour des modifications de<br />
dates ou des demandes trop tardives. Il s’insurge nommément contre Plissonnier,<br />
le secrétaire à l’organisation, accusé de le « considérer comme une simple<br />
marionn<strong>et</strong>te », alors que lui s’estime « égal, sinon supérieur, tant par les<br />
connaissances politiques que par le dévouement désintéressé » !<br />
Ses remarques sur Guyot sont plus nuancées. Il regr<strong>et</strong>te que lui aussi semble<br />
mis sur la touche, lors de la visite d’une délégation qui a été « convoquée<br />
dans le bureau du camarade Joannès, <strong>et</strong> pas à la Section avec le camarade Raymond<br />
Guyot ». Celui-ci n’est pas seul visé quand il rappelle qu’il réclame en<br />
vain depuis quatre ans que les fonctions de chacun soient précisées. Mais il note<br />
également dans la marge qu’une de ses l<strong>et</strong>tres de réclamation est restée sans<br />
réponse de « R.G. ». Enfin, en préconisant que le travail soit « collectif <strong>et</strong> centralisé<br />
», en dénonçant « un semblant de direction, en fait inexistante », il semble<br />
bien appeler Guyot à l’aider à reprendre les choses en main.<br />
Magnien semble être entendu, finalement ! A partir du milieu de l’année<br />
<strong>1956</strong>, Raymond Guyot s’installe progressivement dans ses prérogatives, <strong>et</strong> au<br />
début de l’année 1957, la section est réorganisée avec un personnel fonctionnel.<br />
D’avril à juill<strong>et</strong>, Guyot apparaît plus visiblement dans l’organe central du<br />
parti : quatre articles, une interview, une photo, pas très flatteuse il est vrai, au<br />
14 e congrès, où il semble apeuré sous le doigt accusateur de Souslov, chef de la<br />
156 Archives du PCF : fonds Marius Magnien, 273 J 3 pour tout ce qui suit.