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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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L’ANNÉE <strong>1956</strong> ET SON CONTEXTE<br />

Ces silences, c<strong>et</strong> effacement, qui contrastent avec l’activité des années<br />

précédentes <strong>et</strong> suivantes, ne peuvent s’expliquer que par une volonté délibérée<br />

de mise à l’écart, aucun problème de santé n’étant par ailleurs signalé. La consigne<br />

ne peut venir de Thorez ou du groupe dirigeant <strong>français</strong>, si ce n’est à titre<br />

de conseil amical. Elle émane donc de l’autre centre de commandement,<br />

l’URSS. Outre son absence de la délégation au 20 e congrès, ainsi que de celle<br />

envoyée en juin à Moscou pour s’expliquer entre Soviétiques <strong>et</strong> Français, un<br />

autre indice est révélateur de c<strong>et</strong> ostracisme, quand on sait la manie protocolaire<br />

du monde <strong>communiste</strong> <strong>et</strong> soviétique : alors que Guyot ne manque jamais la<br />

réception à l’ambassade à Paris pour l’anniversaire de la Révolution, le<br />

7 novembre, il en est absent en 1954 <strong>et</strong> en 1955 152 .<br />

Alors où est le problème ? Une seule hypothèse : l’affaire London, qui<br />

rebondit à ce moment-là. Guyot y est mêlé à son corps défendant : Arthur London<br />

est son beau-frère ! Après avoir échappé à la peine de mort, il a attendu que<br />

sa famille puisse quitter la Tchécoslovaquie pour se rétracter de ses aveux en<br />

octobre 1954. En décembre, comme s’effondre l’essentiel de l’acte d’accusation,<br />

il demande la révision de son procès, puis attend encore plus d’un an avant<br />

d’être libéré, le 2 février <strong>1956</strong>. Aucune publicité n’est faite à c<strong>et</strong> heureux<br />

dénouement chez les <strong>communiste</strong>s. Mais Guyot, qui portait une réelle estime <strong>et</strong><br />

affection à London, a appuyé au mieux sa belle-sœur Lise en usant de son entregent<br />

auprès des dirigeants <strong>communiste</strong>s 153 . A-t-il alors suscité l’hostilité de responsables<br />

soviétiques ou tchécoslovaques ? C’est probable, même si ce point<br />

précis risque de toujours rester dans l’ombre.<br />

D’ailleurs, il se peut que ce soit Guyot lui-même qui marque le pas, sa<br />

confiance dans le système soviétique ébranlée par les révélations de son beaufrère.<br />

Des témoignages fiables <strong>et</strong> concordants confirment c<strong>et</strong>te crise de<br />

conscience, mais à des dates imprécises 154 . Il ne s’en ouvrait qu’avec beaucoup<br />

de réticence <strong>et</strong> de prudence, <strong>et</strong> jamais publiquement avant 1980 155 . En 1955-<br />

<strong>1956</strong>, on peut penser que ce qui affectait surtout Guyot, c’est que les travers du<br />

système soviétique soient aussi apparents, <strong>et</strong> que son propre beau-frère en ait été<br />

victime. Troublé ou affecté, il choisit cependant le silence, pour préserver le système,<br />

ne pas donner d’armes à l’ennemi, selon les arguments opposés à ceux qui<br />

se posaient des questions.<br />

Tandis que Guyot est ainsi plongé dans une semi-réserve, surtout au cours<br />

des derniers mois de 1955, la section de politique extérieure est en pleine déconfiture.<br />

Son responsable, Magnien, est parti pour un long périple de six mois en<br />

Chine <strong>communiste</strong>, dont il revient début février <strong>1956</strong>. A partir de l’été, il s’atta-<br />

152 Listes publiées dans l’Humanité chaque année.<br />

153 Témoignages de Lise London <strong>et</strong> de Fred Bicocchi, journaliste <strong>communiste</strong> à Prague en 1955.<br />

154 Témoignages de Lise London, Pierre Guyot (fils de Raymond Guyot), Pierre Juquin, Joë Nordmann.<br />

155 Entr<strong>et</strong>ien dans France nouvelle, 4 janvier 1980.<br />

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