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Le Parti communiste français et l'année 1956 - Fondation Gabriel Péri

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LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ET L’ANNÉE <strong>1956</strong><br />

tiné à faire travailler des gens a priori bien plus titrés que lui : des anciens,<br />

comme Florimond Bonte ou Joanny Berlioz, ou des étoiles montantes, Pierre<br />

Courtade, Maurice Kriegel-Valrimont, membres du comité central ou députés<br />

en vue. En comparaison, Magnien, ni parlementaire, ni hiérarque du parti, fait<br />

un peu pâle figure, <strong>et</strong> ne peut prétendre à une véritable autorité que sur les permanents<br />

de la section, c’est-à-dire le personnel technique.<br />

<strong>Le</strong> défaut de direction n’est pas imputable au seul Magnien. La section est<br />

placée sous la direction théorique d’un membre du bureau politique, le premier<br />

étant Maurice Thorez, qu’on n’imagine pas assister régulièrement aux réunions.<br />

En septembre 1947, confusion, trois personnalités se partagent c<strong>et</strong>te fonction :<br />

Thorez, Marcel Cachin <strong>et</strong> Florimond Bonte, chacun en plus d’autres attributions<br />

142 . On sait qu’ensuite le secrétaire général est défaillant d’octobre 1950 à<br />

avril 1953. C’est probablement pourquoi le bureau politique décide en janvier<br />

1953 de « réorganiser <strong>et</strong> faire fonctionner la Section de politique extérieure »<br />

sous la direction de François Billoux, alors numéro 3 du parti, déjà chargé, lui<br />

aussi, de plusieurs autres responsabilités. Magnien est alors relégué au 3 e rang<br />

avec le titre de secrétaire 143 . Pourtant, en juin 1954, c’est toujours lui qui se<br />

signale, les autres ne semblant guère s’impliquer. D’ailleurs, aucune mission<br />

d’importance n’est confiée à la Polex, qui se voit même r<strong>et</strong>irer les sociétés<br />

d’amitié, dont France-URSS, au profit de la section d’organisation, « sans préjuger<br />

des décisions ultérieures sur [son] fonctionnement » 144 !<br />

Direction erratique, manque d’implication ou d’autorité des personnes<br />

désignées, on peut aussi penser que les orientations de politique extérieure sont<br />

examinées en un autre lieu, à Bucarest, où siège le Bureau d’information, le<br />

Kominform. Ces différentes hypothèses sont d’ailleurs confirmées, nous le verrons,<br />

par Magnien lui-même.<br />

Dans ces conditions, la nomination de Guyot pourrait ne constituer qu’un<br />

aléa supplémentaire. Mais lui va laisser son empreinte sur la Polex, s’y consacrer<br />

pleinement, <strong>et</strong> en garder la direction jusqu’à son r<strong>et</strong>rait du bureau politique<br />

fin 1972, soit pendant 18 ans. On peut adhérer à l’appréciation de Catherine<br />

Destom, présentant Guyot comme « un haut dirigeant, dont les capacités de travail<br />

<strong>et</strong> les compétences sont à la mesure du caractère complexe de la situation<br />

internationale, liée à la mort de Staline <strong>et</strong> au cours nouveau de la politique extérieure<br />

de l’URSS 145 ». Evidemment, quelque chose a changé. <strong>Le</strong> grand bouleversement<br />

de <strong>1956</strong> n’est pas encore advenu, mais des signes avant-coureurs sont<br />

décelables : une déstalinisation rampante, le rapprochement en vue entre Soviétiques<br />

<strong>et</strong> Yougoslaves, la prolifération des gouvernements <strong>communiste</strong>s en<br />

Europe <strong>et</strong> en Asie, tout cela multiplie les embûches pour les <strong>communiste</strong>s <strong>français</strong>.<br />

S’y ajoutent des événements étrangers au monde <strong>communiste</strong>, mais dans<br />

142 Ibid. : BP, 18-9-1947.<br />

143 Ibid. : BP, 30-1-53 <strong>et</strong> secrétariat, 10-2-1953.<br />

144 Ibid., 30-6-1954.<br />

145 In Jacques Girault (direction), Des Communistes en France (années 1920 - années 1960), Publications<br />

de la Sorbonne, 2002, p. 70.

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