Par R.A. Boulay ©1990 - Sciences, Fictions, Histoires
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La destruction de « l’Ekur » ou la tour de fusée et l’édifice<br />
d’assemblage à Baalbeck<br />
La narration de "La Malédiction d’Agade" commence avec la montée au pouvoir de Sargon avec le<br />
support d’Ishtar, qui fit d’Agade sa ville tutélaire. Selon l’auteur, assisté d’Enlil, l’empire de Sargon<br />
prospéra jusqu’à l’accession de Naram-Sin à la royauté. Peu de temps après qu’il ait assumé le<br />
pouvoir, les dieux abandonnèrent la ville et, Ishtar enleva son parrainage, laissant la ville faible et<br />
appauvrie.<br />
En premier lieu, Naram-Sin accepta son destin avec humilité, mais après sept ans de ce<br />
comportement contrit, il consulta l’oracle de l’Ekur et fut apparemment refusé. Son humilité se<br />
transforma en défi et, mobilisant son armée, assaillit l’Ekur, profana ses lieux sacrés et dévasta les<br />
terres.<br />
Selon la légende, cela lui attira le courroux d’Enlil qui déclencha les tribus barbares des collines<br />
environnantes qui répandirent la dévastation partout dans les terres de la Mésopotamie.<br />
La clef pour comprendre cette histoire est l’identification de "l’Ekur" d’Enlil dont la profanation<br />
était sérieuse au point d’attirer le courroux des dieux qui avaient été convoqués en conseil. Selon les<br />
traductions et interprétations courantes, l’Ekur fut traditionnellement l’équivalent du temple d’Enlil<br />
sur le dessus de la ziggourat à Nippour, sa ville sacrée. Cependant, cette identification soulève<br />
plusieurs difficultés avec le texte, car la ville de Nippour n’est ni mentionnée ou même suggérée<br />
nulle part dans le texte.<br />
Le terme sumérien E-KUR est composé de la lettre ou du symbole E, signifiant "résidence ou<br />
maison" et KUR, le mot pour "montagne ou colline". Autre qu’être utilisé pour dénoter une<br />
formation géographique naturelle, ce terme est aussi appliqué à une montagne artificielle tel une<br />
ziggourat ou à tout grand édifice. Les gratte-ciel d’aujourd’hui correspondraient très bien à la<br />
description du terme Ekur.<br />
Il n’y a aucune indication dans le texte que l’Ekur dont on fait référence est celui de la ville de<br />
Nippour et on a supposé que ce fut le temple d’Enlil qui avait été profané. Le texte énonce<br />
clairement que l’Ekur était localisé dans une terre boisée de buis, de cyprès et de cèdres. Il n’y a pas<br />
de forêts dans la plaine alluviale mésopotamienne près de Nippour, bien que ce fait important soit<br />
passé inaperçu par les traducteurs et les commentateurs.<br />
Le texte cunéiforme énonce clairement dans certains passages que ce site était en dehors de la<br />
Mésopotamie et pointe plutôt à la Terre du Liban et la ville de Baalbek. Selon le texte, les actions de<br />
Naram-Sin furent les suivantes: "Il défia le mot d’Enlil, écrasa ceux qui s’étaient soumis à lui<br />
[Enlil], mobilisa ses troupes."<br />
Il est évident que Naram-Sin est complètement aliéné du panthéon sumérien, et en particulier de son<br />
chef Enlil qui avait donné sa bénédiction à Sargon pour la conquête d’Ebla et de Dilmun. Le poème<br />
décrit alors l’assaut de Naram-Sin sur l’Ekur d’Enlil: "Comme un bandit qui pille une ville, il éleva<br />
de grandes échelles contre la résidence, pour détruire l’Ekur comme un énorme bateau... contre la<br />
résidence qui n’était pas une montagne, où les cèdres furent abattus. Il forgea de grandes haches,<br />
aiguisa des haches de destruction à double-tranchants."<br />
Ces soi-disant grandes "haches de destruction" réfèrent sans doute à quelque sorte d’arme<br />
destructrice à grande échelle. La destruction de l’Ekur fut entière et les effets furent si répandus<br />
qu’ils affectèrent toutes les terres avoisinantes, même celle de la Mésopotamie. Les forêts de la<br />
Terre de l’Ekur furent complètement dévastées: "Naram-Sin lança dans le feu les cèdres, les cyprès,<br />
les zabalums et les buis. Ses gigunas, il pulvérisa."<br />
La destruction des terres fut complète, l’Ekur détruit et son contenu pillé et envoyé à Agade. La<br />
structure sur la plate-forme de pierres à Baalbek, la montagne artificielle ou l’édifice d’assemblage<br />
des fusées et la structure de lancement furent détruites. Ce fait est décrit plus loin dans le poème:<br />
"Les gens virent maintenant sa cella [pièce intérieure] intérieure de l’édifice, la résidence qui