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Peer Gynt - Odéon Théâtre de l'Europe

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EXTRAITS DE CONTES NORVÉGIENS (SUITE)<br />

> Les filles <strong>de</strong> pacage<br />

La scène se passe dans un chalet <strong>de</strong> pacage qu'une remplaçante <strong>de</strong> la vachère vient <strong>de</strong> quitter parce<br />

qu'elle y a vu un troll (Huldre-Ev., p. 168).<br />

On envoya la vraie vachère ; elle s'appelait Rônnaug la Tourbière ; et il y en avait une autre, qui s'appelait<br />

Kari la Folle. Elles disaient qu'elles n'avaient pas peur <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>s montagnes ; ils pouvaient venir,<br />

s'ils voulaient. A ce moment était venue aussi une vachère au chalet <strong>de</strong> Lom. Ces trois filles accoururent<br />

et firent paître les bêtes, et prirent leurs ébats sans mesure ; elles coururent sur toutes les hauteurs et<br />

se mirent à tuer les petits <strong>de</strong>s gelinottes, et lorsqu'elles arrivaient au fjeld <strong>de</strong> Val, elles criaient à Tron du<br />

fjeld, disant qu'il pouvait venir les trouver le samedi soir, et qu'il pourrait dormir dans leurs bras, et lorsqu'elles<br />

arrivaient à la vallée du Moulin, elles criaient à Tjôstul du Coteau, et lorsqu'elles arrivaient au<br />

ballon qui est près <strong>de</strong> Slethö et s'appelle Bourse à Feu, elles criaient à Kristoffer la Bourse et lui disaient<br />

la même chose. Lorsqu'elles avaient fini leur travail, le soir, elles allaient à la barrière et criaient : «Tron<br />

Valfjeld, Kristoffer Bourse à Feu, Tjöstul du Coteau, venez, nous allons nous coucher !» car ces filles ne<br />

croyaient pas ce que les gens disaient, qu'il existait <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>s montagnes, et que ces gaillards habitaient<br />

ces fjelds-là. Mais elles purent s'en apercevoir. Car un jeudi soir, tard en automne, si tard que tous<br />

les autres avaient quitté les chalets pour rentrer chez eux, les filles avaient achevé leur ouvrage et,<br />

assises autour <strong>de</strong> l'âtre, causaient ensemble, — <strong>de</strong> leurs amoureux, je suppose. Soudain la porte<br />

s'ouvre, et trois petits gars entrent. Ils ne dirent pas un mot, et les filles ne dirent rien non plus, mais<br />

elles les regardèrent bien, car les gars arpentèrent la pièce et s'assirent sur les bancs. Ils portaient<br />

d'amples vestes bleues et ils avaient <strong>de</strong>s yeux rouges et <strong>de</strong> longs nez. Au bout d'un moment ils sortirent,<br />

mais le soir suivant ils revinrent, et commencèrent à s'agiter davantage, et Rönnaug la Tourbière et la<br />

fille du chalet <strong>de</strong> Lom en furent effrayées ; elles priaient Dieu <strong>de</strong> les sauver, mais Kari la Folle n'avait pas<br />

encore peur. Le samedi soir ils vinrent encore, et se démenèrent tellement avec les filles que ce fut un<br />

beau vacarme, car c'étaient <strong>de</strong>s gars vigoureux, bien qu'ils fussent si petits. Mais alors arriva un chasseur<br />

qui s'appelait <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong>. Il tua le Coteau d'un coup <strong>de</strong> fusil et assomma Tron Valfjeld, mais Bourse<br />

à Feu se sauva par le tuyau <strong>de</strong> la cheminée.<br />

> Le renne <strong>de</strong> Gjendin<br />

Un <strong>de</strong>s premiers récits <strong>de</strong> Chasse au renne dans les Rondanes (Huldre-Ev., p. 195), où se trouve la<br />

légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong>, est le suivant, utilisé par Ibsen dans les premières pages <strong>de</strong> son poème :<br />

... Au renne il faut briser les jambes ou toucher le coeur, sans quoi il n'est pas abattu. Il y avait un chasseur<br />

dans les fjelds <strong>de</strong> l'ouest, qui s'appelait Gudbrand Glesne, et qui était marié avec la grand'mère du<br />

garçon que vous avez vu hier soir dans le chalet, et on dit qu'il était excellent chasseur. Un automne il<br />

eut prise avec un grand bouc (renne mâle). Il le tira, et ne put que tenir pour certain que l'animal était tué<br />

rai<strong>de</strong>, à voir comme il était tombé. Il alla donc, comme on le fait souvent, s'asseoir à califourchon sur le<br />

dos <strong>de</strong> la bête, et voulait prendre son couteau pour séparer le crâne <strong>de</strong> la vertèbre du cou, lorsque<br />

soudain le renne bondit, couche ses cornes en arrière et le tient serré entre elles, en sorte qu'il était<br />

assis comme dans un fauteuil, et les voilà partis. La balle avait seulement glissé sur le crâne du renne,<br />

qui s'était évanoui. Jamais homme n'a fait sans doute une course pareille à celle <strong>de</strong> Gudbrand. Il courait<br />

comme le vent à travers les pires névés et champs <strong>de</strong> pierres. Puis ce fut la crête <strong>de</strong> Gjendin, et alors il<br />

pria Notre-Seigneur, car il croyait bien qu'il ne verrait jamais plus le soleil ni la lune. Mais le renne finit<br />

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