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Peer Gynt - Odéon Théâtre de l'Europe

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PETIT GLOSSAIRE GYNTIEN (SUITE)<br />

french doctors, soucieux du sort et du statut <strong>de</strong> la Grèce, et prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> conseils d'administration en<br />

mal <strong>de</strong> jetons <strong>de</strong> présence…<br />

Fantaisie nationale ?<br />

Son intention première n'était pas, je crois, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> un drame philosophique. Ce qu'il comptait<br />

écrire, c'était une pièce populaire, une sorte <strong>de</strong> féerie-satire, teintée d'idéal, comme il sied à toute<br />

invention scandinave, fût-elle humoristique ou satirique (témoins les contes d'An<strong>de</strong>rsen). Au fond, son<br />

principal <strong>de</strong>ssein, en se mettant au travail, était <strong>de</strong> se délasser par quelque folie (pour me servir <strong>de</strong> sa<br />

propre expression) <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> tension que lui avait imposée Brand écrit l'année précé<strong>de</strong>nte. Il arriva<br />

cependant que le poète n'eut pas plutôt lâché la bri<strong>de</strong> à sa fantaisie que cette fantaisie elle-même le<br />

ramena aux sources naturelles <strong>de</strong> sa pensée. <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> <strong>de</strong>vint, comme ses autres drames, un miroir<br />

<strong>de</strong>s idées ibseniennes. Seulement , en les réflétant, il les illumina d'un rayon plus spécialement norvégien,<br />

si bien que <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> est, peut-être, la moins personnelle et la plus nationale <strong>de</strong>s œuvres d'Ibsen.<br />

Il s'y émancipe, en quelque sorte, <strong>de</strong> la tyrannie <strong>de</strong> son propre moi. Entrant en communion avec la<br />

masse, il cesse, pour un instant, d'être l'homme seul, qu'il re<strong>de</strong>viendra bientôt. Il va jusqu'à railler ce<br />

principe d'être soi-même qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> souvent tant <strong>de</strong> sacrifices et <strong>de</strong> souffrances à qui veut strictement<br />

s'y conformer.<br />

(Préface du Comte Prozor à sa traduction <strong>de</strong> <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong>)<br />

Folklore<br />

Il y a dans <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> une charge polémique féroce contre l'imagerie éculée du folklore, contre le côté<br />

étroit et satisfait <strong>de</strong> ceux qui n'aiment que ce qui a été fabriqué chez eux et pensé dans les limites assignées<br />

à la pensée (ainsi dans la scène <strong>de</strong> la Cour du roi <strong>de</strong>s Trolls qui a son siège dans la région montagneuse<br />

<strong>de</strong> Dovre, Dovre symbole <strong>de</strong> la Norvège auquel on accolait fréquemment, nous dit La Chesnais,<br />

les épithètes fier, fidèle, inébranlable). Et aussi contre ceux qui pensent recomposer une langue qui<br />

n'existe plus <strong>de</strong>puis quatre siècles, position que caricature le personnage <strong>de</strong> Huhu.<br />

En même temps, c'est la haine que l'on peut éprouver dans les histoires <strong>de</strong> famille, où l'on ne peut s'empêcher<br />

<strong>de</strong> ressentir, un peu malgré soi, <strong>de</strong> l'amour ou <strong>de</strong> la fascination pour ce qu'on prétend ou pense<br />

dénoncer. Ainsi dans la façon dont surgissent contes, mythes, chansons populaires (qu'Ibsen avait beaucoup<br />

étudiés) il y a autant <strong>de</strong> charge polémique que <strong>de</strong> force poétique, qui est là, présente, malgré tout…<br />

C'est cette ambigüité que nie la musique <strong>de</strong> Grieg qui magnifie <strong>de</strong> façon purement romantique cet<br />

univers et masque ce qu'il peut y avoir <strong>de</strong> paradoxe et d'humour…<br />

Fon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> boutons<br />

Un personnage tout ce qu'il y a <strong>de</strong> plus énigmatique. Il ne semble pas avoir <strong>de</strong> référence immédiate à<br />

<strong>de</strong>s mythologies ou contes nordiques. Cette figure fait référence à un souvenir d'enfance rapporté par la<br />

mère quand elle retrouve une vieille cuillère <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ur (avec ça, il jouait au fon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> boutons, il<br />

fondait, il moulait et mettait un poinçon, souvenir qui renvoie à la prodigalité du père). <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> le prend<br />

tout d'abord pour le Diable (et quand il rencontre le Diable, il le prend pour un prêtre…) Mais il est bien<br />

pire que le diable qui emmène chez lui les grands pêcheurs, les vrais… Lui se contente <strong>de</strong>s tiè<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

médiocres qui sont voués au néant, à la dissolution. Quel pire <strong>de</strong>stin ? Il livre à <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> un secret d'importance<br />

: Etre soi-même, c'est soi-même se tuer. Évi<strong>de</strong>mment, toutes les interprétations, suppositions<br />

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