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Peer Gynt - Odéon Théâtre de l'Europe

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PETIT GLOSSAIRE GYNTIEN (SUITE)<br />

comme "une voix dans l'obscurité" répond "moi-même". Et à la question "Tu es quoi ?", il répond "Le<br />

Grand Courbe". Suis le conseil "fais le tour, <strong>Peer</strong>, fais le détour" et un combat épuisant contre celui "pas<br />

mort, pas vivant. Visqueux. Brumeux…", un combat contre le sans forme, sur battement d'ailes <strong>de</strong><br />

grands oiseaux (peut-être <strong>de</strong> femmes trolls qui avaient la réputation <strong>de</strong> se métamorphoser ainsi…). "En<br />

avant, en arrière, c'est toujours aussi loin. Au <strong>de</strong>dans, au <strong>de</strong>hors, c'est toujours aussi court". Lorsqu'il<br />

s'effondre, Le Grand Courbe le laisse, ne l'emmène pas avec lui. Est-ce parce qu'il y a eu <strong>de</strong>s "sonneries<br />

<strong>de</strong> cloches et <strong>de</strong>s chants <strong>de</strong> psaumes dans le lointain" ou parce que Solveig et Helga le protégeaient <strong>de</strong><br />

leur présence.<br />

Il y a un très grand nombre d'interprétations <strong>de</strong> cette figure mythique. Certains ont vu dans cette "voix<br />

dans l'obscurité" une voix intérieure, la voix <strong>de</strong> <strong>Peer</strong>, d'autres (comme le Comte Prozor, premier traducteur)<br />

le symbole d'une hypocrisie ou d'une veulerie sociale qui inviterait à se dérober à ce qui est en face,<br />

à faire le tour et le détour, à être dans le compromis… une apologie <strong>de</strong> la lâcheté ? Ou littéralement le<br />

Courbe n'est-il que le Courbe, une figure qui serait là pour citer celle <strong>de</strong> la légen<strong>de</strong> initiale ? Résistant à<br />

toutes tentatives d'approche, cette scène considérée comme "centrale" reste très énigmatique.<br />

La profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la scène, relève François REGNAULT, est que ce monstre irrésistant et multiforme<br />

comme le moi est aussi tout ce qui n'est pas <strong>Peer</strong> : son non-moi. Et l'on en vient à l'hypothèse que le<br />

Courbe serait tous les Norvégiens sauf un seul, qui les combat, l'excepté, l'exilé. Jamais Ibsen n'aura<br />

été plus <strong>Peer</strong> que dans cette scène.<br />

Créatures surnaturelles<br />

Parmi les créatures et êtres surnaturels du folklore scandinave, citons le nokken (ou nixe) ou le draugen<br />

(le fantôme <strong>de</strong>s sagas islandaises). C'est à eux que Ase fait allusion dans la scène <strong>de</strong> l'acte II <strong>de</strong> <strong>Peer</strong><br />

<strong>Gynt</strong>, au cours <strong>de</strong> la pousuite qui suit l'enlèvement. Une spécialiste du folklore norvégien, Mme Birgit<br />

Hertzberg Johnsen, définit le Draugen comme un Spectre annonciateur <strong>de</strong> la mort qui passe pour le<br />

fantôme d'un noyé, ou la personnification <strong>de</strong> tous les disparus en mer. Elle précise que ce Draugen est<br />

décrit sous l'apparence d'un marin pêcheur décapité et <strong>de</strong> cuir vêtu. Il navigue sur une moitié d'esquif<br />

et se lamente chaque fois qu'une personne est sur le point <strong>de</strong> se noyer.<br />

Quant au nokken, habitant <strong>de</strong>s lacs et <strong>de</strong>s rivières, il est dangereux car il essaye <strong>de</strong> séduire les gens pour<br />

les attirer dans l'eau et, à l'instar <strong>de</strong> Draugen, il avertit lorsque quelqu'un est sur le point <strong>de</strong> se noyer. Il<br />

personnifie le danger et les désagréments que réserve l'eau. Le peintre Theodor Kittelsen , précise Mme<br />

Birgit Hertzberg Johnsen, a magistralement représenté l'être malfaisant qu'est l'ondin. Inspiré par<br />

plusieurs légen<strong>de</strong>s qui décrivent ses apparitions sous cette forme, il l'a peint notamment sous l'apparence<br />

d'un cheval blanc.<br />

Début prometteur<br />

…Mon nouveau travail est en pleine marche, et si rien ne vient à la traverse, il sera terminé au commencement<br />

<strong>de</strong> l'été. Ce sera un grand poème dramatique, dont le personnage principal est une <strong>de</strong>s figures<br />

du peuple norvégien à <strong>de</strong>mi légendaires et mythiques <strong>de</strong> l'époque mo<strong>de</strong>rne. Ce sera sans aucune<br />

ressemblance avec Brand, sans polémique directe, etc…- J'ai eu <strong>de</strong>puis longtemps ce sujet dans l'esprit<br />

; maintenant le plan est établi, mis par écrit, et le premier acte est commencé. Cela grandit à mesure<br />

que j'avance, et je suis sûr que vous en serez content. Je vous prie, d'ailleurs, <strong>de</strong> tenir ceci secret jusqu'à<br />

nouvel ordre (…).<br />

Lettre à Hegel (son éditeur), le 5 janvier 1867<br />

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