la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT

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03.07.2013 Views

J’ai donc été particulièrement bien acceptée par les équipes soignantes. Je me suis néanmoins retrouvée confrontée à certaines difficultés que je vais exposer ici. La première a été de parvenir à faire comprendre aux soignants que la musicothérapie était bel et bien une thérapie et non de l’animation. J’ai expliqué les choses à plusieurs reprises mais, la musique étant souvent associée aux loisirs, il est très difficile de faire accepter cette notion. Le second problème que j’ai rencontré découlait directement de celui-ci : il n’était pas rare que les aides soignantes n’accordent aucune importance au cadre que je tentais de mettre en place pour mes patients. J’ai plusieurs fois dû répondre à des phrases comme : « Vous prenez le premier patient qui est prêt, peu importe de l’heure et de l’ordre. » ou encore « Vous n’avez qu’à faire la séance en chambre ou dans le salon. » La position du stagiaire est particulièrement délicate car il est considéré, à juste titre, comme en formation et donc comme ne possédant pas toutes les connaissances lui permettant de savoir comment il doit agir au sein de la maison de retraite. Il faut savoir s’affirmer sans donner l’impression de prendre les gens de haut et cela conduit parfois à des situations peu évidentes à gérer. Cela nous conduit au dernier point que je souhaitais évoquer concernant l’intégration à l’équipe soignante : la difficulté de dire non. Particulièrement dans les premières semaines de stage où l’on ne connaît pas très bien les équipes et où les équipes ne nous connaissent pas et appréhendent encore mal notre rôle, il est très difficile de refuser sans se mettre dans une situation compliquée lorsqu’on nous demande de faire certaines choses. Ainsi, on m’a par exemple demandé de faire l’une de mes séances de musicothérapie avec l’un de mes patients dans le salon de l’un des cantous pour que les autres puissent en profiter. On m’a également demandé de faire un groupe d’animation musicale avec les résidents de l’un des cantous dont certains suivaient des séances de musicothérapie avec moi par ailleurs. J’ai bien dû refuser ces deux demandes qui toutes deux allaient à l’encontre de mon travail de musicothérapeute, mais le refus est souvent difficile à admettre pour les autres soignants et l’image que l’on s’imagine que les autres vont avoir de nous, celle de quelqu’un d’égoïste qui veut garder son travail pour lui, rend la tâche encore plus difficile. Je me suis souvent demandée jusqu’à quel point je devais me plier aux demandes et jusqu’à quel point je pouvais refuser ce qui me paraissait comme excessif. 67

CONCLUSION A l’issue de ces six mois de stage et particulièrement de la prise en soin de Mme C, je me trouve enrichie d’une expérience fort intéressante pour mon futur métier de musicothérapeute. Même si, contrairement à une idée parfois répandue dans le grand public, la musique ne peut pas soigner certaines maladies à l’heure actuelle incurables comme la maladie d’Alzheimer, elle est un médiateur formidable pour entrer en relation avec des personnes démentes. Les séances avec Mme C ont peu à peu amené ma patiente à développer sa créativité et à y prendre plaisir, mais aussi à communiquer réellement, à exprimer des choses qu’elle ressentait au plus profond d’elle, d’abord musicalement, puis peu à peu avec la parole, alors qu’elle était considérée comme incapable de prononcer quoi que ce soit qui ait du sens. Si la maladie d’Alzheimer continue inexorablement son œuvre destructrice et éloigne de plus en plus Mme C du monde, la musicothérapie aura pu au moins lui donner un espace d’expression, de détente et de plaisir indispensable pour pouvoir surmonter psychologiquement cette maladie et envisager un peu plus sereinement l’avenir. Dans un pays où la population vieillit de plus en plus, la musicothérapie paraît donc un excellent moyen, moins coûteux à la société que nombre d’autres soins, pour accompagner les personnes âgées vers leur fin de vie. Cela permet en particulier à celles qui affrontent la démence de se sentir encore écoutées, capable d’inventivité et de créativité et donc, considérées non comme un fardeau inutile à la société mais comme des personnes à part entière, avec leur dignité et leur droit de vivre. 68

J’ai donc été particulièrement bien acceptée par les équipes soignantes. Je me suis<br />

néanmoins retrouvée confrontée à certaines difficultés que je vais exposer ici.<br />

La première a été de parvenir à faire comprendre aux soignants que <strong>la</strong> musicothérapie<br />

était bel et bien <strong>une</strong> thérapie et non de l’animation. J’ai expliqué les choses à plusieurs<br />

reprises mais, <strong>la</strong> musique étant souvent associée aux loisirs, il est très difficile de faire<br />

accepter cette notion.<br />

Le second problème que j’ai rencontré décou<strong>la</strong>it directement de celui-ci : il n’était pas<br />

rare que les aides soignantes n’accordent auc<strong>une</strong> importance au cadre que je tentais de<br />

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« Vous prenez le premier patient qui est prêt, peu importe de l’heure et de l’ordre. » ou<br />

encore « Vous n’avez qu’à faire <strong>la</strong> séance en chambre ou dans le salon. » La position du<br />

stagiaire est particulièrement délicate car il est considéré, à juste titre, comme en<br />

formation et donc comme ne possédant pas toutes les connaissances lui permettant de<br />

savoir comment il doit agir au sein de <strong>la</strong> maison de retraite. Il faut savoir s’affirmer sans<br />

donner l’impression de prendre les gens de haut et ce<strong>la</strong> conduit parfois à des situations<br />

peu évidentes à gérer.<br />

Ce<strong>la</strong> nous conduit au dernier point que je souhaitais évoquer concernant l’intégration à<br />

l’équipe soignante : <strong>la</strong> difficulté de dire non. Particulièrement dans les premières<br />

semaines de stage où l’on ne connaît pas très bien les équipes et où les équipes ne nous<br />

connaissent pas et appréhendent encore mal notre rôle, il est très difficile de refuser sans<br />

se mettre dans <strong>une</strong> situation compliquée lorsqu’on nous demande de faire certaines<br />

choses. Ainsi, on m’a par exemple demandé de faire l’<strong>une</strong> de mes séances de<br />

musicothérapie <strong>avec</strong> l’un de mes patients dans le salon de l’un des cantous pour que les<br />

autres puissent en profiter. On m’a également demandé de faire un groupe d’animation<br />

musicale <strong>avec</strong> les résidents de l’un des cantous dont certains suivaient des séances de<br />

musicothérapie <strong>avec</strong> moi par ailleurs. J’ai bien dû refuser ces deux demandes qui toutes<br />

deux al<strong>la</strong>ient à l’encontre de mon travail de musicothérapeute, mais le refus est souvent<br />

difficile à admettre pour les autres soignants et l’image que l’on s’imagine que les<br />

autres vont avoir de nous, celle de quelqu’un d’égoïste qui veut garder son travail pour<br />

lui, rend <strong>la</strong> tâche encore plus difficile. Je me suis souvent demandée jusqu’à quel point<br />

je devais me plier aux demandes et jusqu’à quel point je pouvais refuser ce qui me<br />

paraissait comme excessif.<br />

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