la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
la musicotherapie active avec une personne atteinte ... - Florie BERT
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
4.2. Retour sur mon travail et mon vécu<br />
Beaucoup de questions et de doutes se sont posés à moi durant toute <strong>la</strong> durée du stage,<br />
et encore bien après, tandis que j’écrivais mon mémoire, et il me semble important ici<br />
de faire part de ces réflexions.<br />
Ma re<strong>la</strong>tion <strong>avec</strong> ma patiente, tout d’abord, m’a souvent posé problème, surtout vers <strong>la</strong><br />
fin de mon stage. Comme je l’ai déjà mentionné, <strong>la</strong> communication verbale étant très<br />
altérée pour Mme C, j’ai toujours eu le problème de savoir si je devais prendre ses<br />
paroles au pied de <strong>la</strong> lettre, les juger comme complètement incohérentes ou tenter de<br />
trouver un juste milieu, tenter de les interpréter. Ce<strong>la</strong> m’a particulièrement génée dans<br />
les moments où elle refusait d’aller en séance, quand je ne savais pas si je devais<br />
prendre ce non pour argent comptant. Ce problème s’est également posé lorsque je me<br />
suis rendu compte que le verbal prenait de plus en plus de p<strong>la</strong>ce dans nos séances.<br />
Comment savoir si c’était <strong>une</strong> bonne chose ou si au contraire ce<strong>la</strong> enfermait encore<br />
davantage Mme C dans un système de communication qui l’angoissait et <strong>la</strong> limitait dans<br />
son besoin d’expression ?<br />
Ce constat que les dernières séances s’axaient davantage sur le verbal m’a également<br />
donné un autre sujet de réflexion que j’ai déjà quelque peu évoqué : n’étais-je pas en<br />
train de sortir du cadre de mes compétences et de mon travail de musicothérapeute en<br />
tentant de parler ainsi <strong>avec</strong> Mme C ? En effet, objectivement, rien ne justifiait<br />
réellement que nous arrivions à du dialogue de cette manière-là, notamment dans <strong>la</strong><br />
dixième séance où ça n’est pas <strong>la</strong> musique qui a entraîné <strong>la</strong> parole. En faisant un retour<br />
sur ce que j’ai vécu à ce moment-là, je crois que j’avais envie de dépasser mon rôle et<br />
de devenir plus proche de Mme C, j’avais envie de <strong>la</strong> comprendre davantage que ce<br />
qu’elle ne vou<strong>la</strong>it bien me donner par <strong>la</strong> musique qui me paraissait peut-être un peu trop<br />
frustrant.<br />
Néanmoins, <strong>la</strong> musicothérapie n’est-elle pas un moyen thérapeutique comme un autre<br />
pour amener le patient à dire ses souffrances ? Si <strong>la</strong> musique est un moyen privilégié<br />
<strong>avec</strong> des <strong>personne</strong>s démentes car celles-ci n’ont plus accès à <strong>la</strong> parole, l’émergence d’un<br />
dialogue verbal n’est-il pas au contraire un signe que <strong>la</strong> thérapie a été positive à tel point<br />
que <strong>la</strong> patiente a même réussi à parler ?<br />
Ces questions se sont beaucoup posées à moi et je ne suis pas parvenue à avoir un avis<br />
tranché sur le sujet. La communication verbale me paraissait dangereuse dans le sens où<br />
je ne vou<strong>la</strong>is pas avoir <strong>la</strong> tentation de penser que c’était un aboutissement et qu’elle était<br />
suffisante à Mme C pour s’exprimer, néanmoins, je l’ai aussi perçue comme un signe<br />
encourageant que les séances n’étaient pas inutiles.<br />
La position du thérapeute est ce qui m’a paru l’<strong>une</strong> des choses les plus difficiles au long<br />
de ce stage : on doit <strong>la</strong> conserver durant les séances, mais aussi en dehors des séances<br />
<strong>avec</strong> les patients quand tous les autres soignants les cajolent et les appellent par leur<br />
prénom, et également <strong>avec</strong> l’équipe soignante qui ne nous considère pas toujours<br />
comme un thérapeute à part entière.<br />
Ce<strong>la</strong> nous conduit au point suivant que je souhaitais évoquer : l’intégration au sein de<br />
l’institution et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>avec</strong> l’équipe soignante. Mon intégration au sein de<br />
l’établissement s’est très bien passée, en grande partie grâce à <strong>la</strong> psychologue qui m’a<br />
introduite auprès de toutes les <strong>personne</strong>s que je serais amenée à rencontrer par <strong>la</strong> suite et<br />
qui m’a <strong>la</strong>issé parler lors d’<strong>une</strong> réunion pour expliquer mon projet et mon travail.<br />
66